Médecin québécois, Serge Marquis est un des experts mondiaux de la gestion du stress et de la prévention des risques psycho-sociaux. Nous l’avons rencontré à l’occasion de son intervention à la Fabrique du Changement à Toulouse. Il y a exposé tous les bienfaits de la gratitude lorsqu’elle est utilisée au quotidien dans sa vie professionnelle et personnelle.

Quels sont les impacts de la reconnaissance sur le bien-être au travail ?
Ils sont immenses. La reconnaissance joue sur l’estime de soi, sur l’identité, sur la confirmation de son existence, sur l’engagement, le sentiment d’appartenance à l’entreprise et à son organisation. Les personnes ont besoin de savoir que leur travail est beau, que le temps passé et donné à l’entreprise est utile. Si j’exprime à quelqu’un l’utilité que je vois dans son travail, il sort du piège de la routine, de l’usure et de l’habitude. Il comprend qu’il contribue à bien plus grand que lui. La reconnaissance donne un sens à son travail et plus généralement à la vie.

Pourquoi est-elle si peu développée dans les entreprises ?
Certains ont peur d’être reconnaissants, ils se demandent de quoi ils vont avoir l’air.  D’autres croient que la reconnaissance est seulement réservée aux enfants, que les adultes n’en ont pas besoin. D’autres la minimisent : « oh, ce n’est rien, je fais juste mon travail ». S’ils ne sont pas capables de l’accueillir, comment sont-ils capables de la donner ? Les managers ont parfois l’impression que s’ils se montrent reconnaissants envers leurs collaborateurs, ils vont perdre leur pouvoir, leur autorité, leur stature. Ce sont des croyances, des pièges et des peurs dont il faut pouvoir sortir. Ca s’apprend…

Comment peut-on être acteur de cette reconnaissance lorsqu’on est chef d’entreprise ?
Très simplement, en employant des mots et des expressions comme « bonjour », « merci pour le travail que tu fais », « voici en quoi ton travail contribue au fonctionnement de l’entreprise », etc. Il peut aussi par exemple confier davantage de responsabilités à des collaborateurs, et leur témoigner ainsi qu’il prend en compte leur intelligence, leur expérience et leur talent. Et pourquoi ne pas instaurer une journée dans l’année où l’on reconnait les employés à travers des gestes concrets ou bien créer des espaces où l’on va permettre aux potentiels de s’exprimer, aux compétences de se développer…

Et lorsqu’on est salarié.e ?
Entre collègues, la reconnaissance porte davantage sur la beauté du travail effectué. Aucun patron ne peut rivaliser avec cette gratitude entre pairs. En effet, il n’y a pas mieux placer que quelqu’un qui fait le même travail que vous pour savoir tout ce que cela requiert de créativité, d’efforts et d’intelligence, et donc pour le féliciter dans ce sens.

Mais un salarié peut aussi exprimer sa reconnaissance à son manager : « Merci pour la décision que vous avez prise parce que maintenant on sait où l’on va ». Cela ne se fait pratiquement jamais car nous sommes dans la croyance que la reconnaissance doit venir du haut vers le bas. Elle peut aussi venir de la base vers le sommet. Ce n’est pas parce qu’on a un statut de manager que l’on a perdu complètement le besoin d’être reconnu. Nous sommes tous des êtres humains.

Vous évoquez surtout l’importance de la reconnaissance informelle. Quid de la reconnaissance salariale ?
Il a été démontré que le climat social est plus apaisé dans les entreprises qui pratiquent la reconnaissance informelle. Lorsqu’elle est absente, les employés sont plus revendicatifs : ils cherchent à compenser, par une demande d’augmentation salariale, un investissement personnel qui n’est pas reconnu. Mais attention, à ne pas utiliser la reconnaissance comme un outil de manipulation. Il s’agit de la pratiquer avec authenticité et au quotidien.

Après son best seller “On est foutu, on pense trop !”, Serge Marquis vient de sortir son nouveau livre “Le jour où je me suis aimé pour de vrai » (Ed. de La Martinière).

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Crédit photo : Unsplash.

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