Réunir un groupe de collaborateurs pour plancher sur un projet, recueillir leur avis et miser sur l’émulation pour avancer, tel est, en résumé, le principe de l’intelligence collective. Cette dernière connaît un réel succès depuis quelques temps. Reste que les dirigeants qui y ont recours doivent savoir la déployer correctement : retrouvez les conseils de Chloé Grabli, auteure de L’Intelligence collective – au service de la transformation des entreprises (Vuibert).

Quelle est votre définition de l’intelligence collective ?

Chloé Grabli : L’intelligence collective, c’est la capacité à révéler la diversité et la subjectivité de chacun sur un sujet complexe. Car chacun détient un morceau de réponse. L’idée étant ensuite de réunir les points de vue pour s’approcher le plus possible de la solution. Cela signifie qu’il faut commencer par parler avec intention, c’est-à-dire que chacun donnera sa réponse et non pas la bonne réponse. Il s’agit aussi d’apprendre à écouter l’autre pour se laisser transformer par sa pensée. Cela permet d’acquérir une certaine flexibilité dans ce que l’on pense.

Quand solliciter l’intelligence collective ?

Elle est la réponse à « qu’est-ce que je fais quand je ne sais pas ? ». C’est pour cela, je pense, qu’il y a un engouement actuel autour de l’intelligence collective : les leaders sont face à des situations qui sont nouvelles, inédites. Il y a des besoins de transformation qui émergent : ce qui était avant n’existera plus. Pour autant, comment y parvenir ? La meilleure façon de s’en sortir, c’est de demander.

En revanche, l’intelligence collective n’est pas là pour « faire plaisir ». Certains leaders estiment qu’ils pourront l’utiliser juste pour embarquer leurs collaborateurs, alors qu’il s’agit d’un collectif de travail en réponse à une problématique précise.

En quoi permet-elle aussi de répondre aux besoins d’individualité ?

L’intelligence collective permet à la fois de réunir un groupe de personnes (celles qui ont un avis sur tel sujet) et de valoriser leur expertise. Autrement dit, c’est le ‘je’ au service du ‘nous’. L’engouement autour de l’intelligence collective naît aussi de cette articulation entre le ‘je’ et le ‘nous’, qui est très recherchée ces dernières années.

De plus, l’intelligence collective aide à faire en sorte que le projet de l’entreprise soit aussi le projet de chacun : cela crée de l’engagement, de l’envie, de la mise en mouvement.

Concrètement, comment mettre en place l’intelligence collective ?

Il existe différentes méthodologies. L’un de leurs points communs ? Assurer un temps de parole équitablement partagé. Il ne faut pas qu’une personne accapare tout l’échange. Aussi, le processus d’intelligence collective commence par sélectionner les bons profils. Il s’agit de créer des conversations avec des groupes de taille raisonnable (de six personnes environ). Au début, chacun disposera d’un temps de réflexion individuelle, pour mettre ses idées en ordre. Puis les participants s’exprimeront un à un, sachant que plusieurs tours seront prévus. Ainsi, il est possible de tirer des fils et de faire évoluer son point de vue de départ. Souvent, au bout de plusieurs tours de parole, il y a convergence des avis.

Que faire, ensuite, de ces retours recueillis ?

Cela réfère à l’architecture même de la préparation en amont. Le leader doit être très clair sur ce qu’il faut demander à qui et sur comment il souhaite l’utiliser. Cela peut donc prendre la forme d’une consultation : je demande un avis et je prendrai la décision, en fonction de vos retours.

Avec l’intelligence collective, les collaborateurs se sentent exister au sens existentiel même : leur avis compte. Leurs compétences, leur expertise, leur esprit et leur talent sont reconnus.

Comment nourrir l’intelligence collective ?

Pour la développer et la stimuler, je pense qu’il faut un leader qui ait confiance en lui pour pouvoir avoir confiance aux autres. Il doit avoir compris que le but dans la vie, ce n’est pas que lui soit bon, mais que le projet avance. On passe de l’égo-système à l’éco-système.

Sans oublier la notion de plaisir : il faut de la vitalité, de l’entrain pour se dire que l’on travaille sur un projet à la fois important et génial. C’est aussi ça qui permet, dans les sujets de transformation, d’oser faire différemment. Il faut également faire attention à proposer aux collaborateurs des projets qui ne soient ni dans l’ennui ni dans la trop grande complexité. Au leader de bien doser sa demande. Et de rappeler ce que signifie vivre une aventure collective. Créer son avenir commun, ça embarque !

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Diplômée en lettres modernes, Céline Tridon a suivi une formation en journalisme à l’IPJ. Elle y a confirmé son envie de travailler pour la presse écrite et web, souhait exaucé à travers la collaboration avec différents supports sur les thématiques « entreprise », « monde du travail », « management » et « RSE ». En 2023, elle reprend la rédaction en chef de My Happy Job.

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