Pour accompagner ses salariées touchées par l’endométriose, GE Heath Care s’est rapproché de la Fondation pour la recherche sur l’endométriose. Ensemble, ils déploient le programme EndoPro afin de sensibiliser les salariés et mettre en place une série d’actions qui améliorent la qualité de vie au travail des femmes concernées.

L’endométriose toucherait au moins une femme sur dix, soit plus de 2,5 millions de femmes en France. Toutes sont en âge de faire des études ou de travailler. Alors que l’endométriose a été déclarée grande cause nationale en France en janvier 2022 par Emmanuel Macron, la présidente de la Fondation pour la recherche sur l’endométriose Valérie Desplanches en appelait aux entreprises à agir pour leurs salariées en janvier 2023.

Dans une tribune au Monde, elle enjoignait alors les entreprises « privées et publiques, petites ou grandes, à initier un cadre de travail serein et égalitaire pour tou.te.s en prenant en compte les spécificités de la santé des femmes. »

Selon la fondation, l’endométriose et l’errance de diagnostic qui accompagne souvent les malades engendrent « une vie professionnelle fortement perturbée du fait de l’inadaptation des conditions de travail ». Ainsi, 25 % des femmes touchées seraient contraintes de revoir leurs ambitions à la baisse voire de quitter leur poste et leur métier pour des cadres professionnels en apparence plus souples mais souvent plus précaires, selon une étude du Centre d’emploi de l’emploi et du travail (CNAM-CEET). « Il y a vrai tabou autour de cette maladie, mais nous nous sommes dit que parmi nos salariées, nous avions forcément des femmes atteintes, statistiquement, même si elles n’en parlaient ni à la médecine du travail ni aux équipes RH », commence Tharanie Philip, la responsable RH en France de GE Health Care (2 800 collaborateurs en France). Elle s’est rapprochée de la Fondation pour la recherche sur l’endométriose afin de développer le programme EndoPro (lire ci-dessous) et améliorer la qualité de vie au travail de ses salariées touchées. « Cela nous semblait nécessaire, notamment dans le cadre de notre programme RSE et car nous sommes acteur de l’industrie des technologies de santé en France. Nous développons entre autres du matériel médical de dépistage de l’endométriose. Cette maladie devient un sujet sociétal, et nous concerne tous et toutes. »

L’enjeu est aussi d’attirer des femmes, dans cette industrie encore très masculine, en leur proposant des conditions de travail qui permettent à toutes de travailler. Un enjeu de santé, de prévention, d’attraction et de fidélisation.

Un “parcours Endométriose”

Dans le cadre du programme EndoPro, une enquête est menée. Ses résultats sont conformes aux statistiques nationales : 13 % des salariées de GE Health Care se déclarent atteintes d’endométriose. 9 % des salariés se déclarent aussi aussi « aidants », c’est-à-dire conjoint ou père d’une femme ayant développé la pathologie.

Suite à cette enquête, un groupe de travail est constitué : le réseau des femmes de l’entreprise mène quinze entretiens qualitatifs avec des femmes volontaires qui ont répondu au questionnaire, de manière confidentielle. « La volonté était de réfléchir avec elle à des solutions pratico-pratiques qui puissent les aider dans leur vie avec la pathologie », explique Caroline Nouveau, la responsable de la communication de l’entreprise, partie prenante du programme également. Parmi ces solutions, elle va par exemple créer un « parcours Endométriose », soit un nouveau support de communication qui regroupe les solutions déjà existantes dans l’entreprise qui peuvent être utiles aux femmes malades. « Nous avons déjà une mutuelle, une assistante sociale, une médecine du travail, du sport, le CSE… qui peuvent prendre en charge des choses qui améliorent la vie de ces femmes. Par exemple des séances chez l’ostéopathe. Ces solutions ne sont pas spécifiques à l’endométriose, mais peuvent être actionnées, à condition d’y penser et de savoir qu’elles existent. D’où l’idée de les regrouper dans un même document », expose Tharanie Philip qui espère aussi que cette libération de la parole puisse permettre à certaines femmes d’oser consulter pour poser un diagnostic sur leurs maux.

La sensibilisation de tous

D’autres actions plus spécifiques sont aussi en cours de réflexion. « Pendant les entretiens, certaines femmes ont évoqué le besoin d’une salle de pause plus adaptée à leurs besoins, avec un endroit pour s’allonger, pour prendre une douche, et avec des bouillottes, cite en exemple la responsable RH. Nous sommes en cours de réflexion pour imaginer une salle, qui puisse aussi correspondre aux besoins des femmes qui allaitent, par exemple. Nous ne voulons pas aller trop vite mais procéder par étapes en associant les femmes et les aidants, aux actions mises en place ». Et Caroline Nouveau de compléter : « Ce sera en mode test and learn : si ce que nous mettons en place s’avère utile cela pourra être déployé sur différents sites. »

L’entreprise réfléchit aussi, en parallèle, avec les experts de la Fondation pour la recherche sur l’endométriose, à créer une « formation ou un parcours de sensibilisation » sur la maladie, à destination des managers. « L’accompagnement des femmes malades ou des aidants ne passe pas forcément pas les équipes RH, mais surtout par les managers, au quotidien, comme ils le font déjà pour d’autres pathologies », note Tharanie Philip. Ils devraient donc être sensibilisés prochainement à la pathologie, à ses conséquences, et aux aménagements envisageables. « Nous devons renégocier notre accord télétravail cette année, peut-être allons-nous réfléchir à une flexibilité particulière au niveau des horaires ou des jours pour les femmes atteintes d’endométriose », envisage la responsable RH.

Des pistes qui peuvent inspirer d’autres entreprises, pour que l’endométriose sorte du tabou et devienne une grande cause nationale aussi en entreprise.

Zoom sur…

Le programme Endo-Pro, pour des entreprises « endo-friendly »

Sur le modèle du Club Entreprise “Cancer et emploi”, la Fondation pour la recherche sur l’endométriose incite les entreprises à devenir “endo-friendly”.
Créé en mars 2021 par l’association ENDOmind, la Fondation pour la recherche sur l’endométriose, sous l’égide de la Fondation pour la recherche médicale est la première fondation de recherche exclusivement dédiée à l’endométriose, maladie pourtant découverte il y a 160 ans !
Pour la Fondation, des solutions existent. « A condition d’inciter les entreprises à ouvrir le dialogue », lance-t-elle en mars 2022, alors que la première stratégie nationale de lutte contre l’endométriose a été lancée par le Président de la République française le 11 janvier 2022.
La Fondation propose aux entreprises de les accompagner pour mettre en place le programme EndoPro, en commençant par réaliser une étude professionnelle et indépendante auprès de tous les salariés pour définir un plan d’actions d’amélioration du bien-être et des conditions de travail de tous. Avec trois objectifs :

  • améliorer le bien-être des collaborateurs en osant en parler (sensibilisation),
  • connaître les faits et l’impact de l’endométriose au travail dans leur organisation (enquête)
  • mobiliser les collaborateurs et managers pour améliorer les conditions de travail (plan d’actions).

« Toutes ces évolutions pourraient être la base d’un nouveau deal entre les salariées et leur entreprise. Prendre en compte la maladie dans l’entreprise et agir pour la rendre plus supportable apporterait ou renforcerait une culture managériale ouverte et bienveillante qui bénéficierait à tous les salarié(e)s souffrant de maladies chroniques ou de handicaps. Or cette culture est celle que les jeunes générations attendent d’un employeur aujourd’hui », encourage la Fondation pour la recherche sur l’endométriose par la voix de sa présidente Valérie Desplanches.

GE Health Care est, depuis 2022, la première entreprise a rejoindre le mouvement et à réfléchir à la mise en place d’action en interne. En février 2024, la société Nuxe, dont 80 % des salariés sont des femmes, a aussi rejoint le programme EndoPro.

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Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

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