Les syndicats font parler d’eux au moment de la rentrée sociale ou lors de manifestations pour le droit des travailleurs. Ils sont pourtant présents au quotidien, dans la vie des entreprises. Leurs membres, militants ou simples encartés, retirent-ils de la motivation grâce à cet engagement ? Le syndicalisme serait-il un argument en faveur du bien-être au travail ?

Un homme averti en vaut deux, dit l’adage. Un salarié syndiqué, mieux informé que la plupart de ses collègues sur ses droits au travail, se sentirait-il donc plus à sa place dans l’entreprise ? Pour Roxane, le rapprochement n’est pas si tiré par les cheveux. La militante CGT a pris sa carte pour avoir « aide et informations ». « Je suis membre du CSE (comité social et économique, ndlr) et le fait d’avoir adhéré au syndicat me permet de mieux connaître les droits pour aider davantage mes collègues », rapporte cette technicienne hygiène et sécurité. Elle intervient auprès d’entreprises qui, dit-elle, sont « plus intéressées par l’argent que par le bien-être des salariés. » Alors, « il est important de se battre pour ses droits », croit-elle. Pour Roxane, il est « valorisant de savoir qu’elle agit pour les autres. »

Un engagement valorisant

Jean-François Cave, project manager dans une usine qui fabrique de la fibre de verre de renforcement, dans la région d’Avignon et délégué syndical CFE-CGC, utilise lui aussi ce terme : « valorisant ». « Personnellement, c’est valorisant de savoir que les collaborateurs nous accordent leur confiance », soutient-il. L’engagement était pour lui évident alors que son père était « un des membres fondateurs de la CFDT » et que le syndicalisme « se passe bien dans son usine ». C’est-à-dire dans des « relations constructives et sans conflit. »

Des relations privilégiées

Il raconte le « côté agréable » d’être délégué syndical sur les sujets comme l’égalité femmes-hommes, pour lesquels les délégués syndicaux « peuvent soumettre des propositions intéressantes à la direction pour amener des éléments de bien-être au travail qui profitent à tous ». Il cite l’exemple d’un projet de crèche d’entreprise actuellement à l’étude sur la zone industrielle où il travaille. Etre syndiqué permet aussi de construire des relations privilégiées, aussi bien avec les salariés qu’avec la direction avec laquelle il peut avoir des discussions directes, sans filtre, lors des CSE. « C’est extrêmement positif », apprécie Jean-François Cave, même s’il reconnaît qu’il y a aussi des « moments plus compliqués ».

Salarié protégé

« Quand on n’arrive pas à faire aboutir une négociation, ça peut partir en grèves, qui peuvent être elles-mêmes sources de tensions entre salariés », cite-il. Dans ces moments-là, certains confondent le représentant syndical et la personne. On ramène alors des tensions à la maison… », regrette-il. Autre difficulté : quand un collègue demande à être accompagné à un entretien préalable à licenciement… « En tant que représentant, j’ai la chance d’être salarié protégé, c’est un argument positif en faveur du syndicalisme en France, et dans mon usine le droit syndical est respecté. Le fait d’être syndiqué offre une protection et une liberté de parole, c’est positif », juge le project manager.

Une grande famille

« Entrer dans un syndicat, ça libère d’un poids », vante carrément Maxime Legrand. Secrétaire national de la CFE-CGC, il raconte son parcours de militant : « J’ai pris ma carte suite à un changement managérial : mon nouveau N+2 cochait alors ‘toutes les cases du mauvais manager’». Maxime Legrand pense à démissionner, « mais choisit de se battre, de défendre ses collègues. » Il a toujours eu « ça dans l’âme » dit-il, lui, l’ancien délégué de classe.

« J’ai rencontré à ce moment-là une personne très positive, de la CFE-CGC, et j’ai choisi d’être dans ‘la lutte’. Le fait d’être dans le syndicat apporte un bagage technique : cela apaise les souffrances puisque l’on sait à qui parler et que l’on rencontre des experts du droits. Cela permet de savoir jusqu’où aller et de connaître également les limites de la hiérarchie », ajoute-t-il. Il s’élève peu à peu dans la hiérarchie, tant de sa banque que de son syndicat, jusqu’à devenir directeur d’une agence bancaire d’une part, et responsable européen de la confédération des cadres d’autre part.

Un atout pour l’évolution professionnelle

« Etre syndiqué permet de bien connaître son entreprise, d’avoir beaucoup d’informations, donc cela aide clairement dans l’évolution professionnelle », défend celui qui accompagne certains de ses collègues à préparer leurs entretiens RH et qui est devenu syndicaliste à temps plein depuis 2011. « Je sais pourquoi je me lève le matin. Au début, le syndicalisme me permettait de connaître mes droits et de défendre mes collègues contre l’injustice. Aujourd’hui, c’est vraiment ce qui donne du sens à mon travail. Cela m’a même apporté des opportunités professionnelles inimaginables il y a dix ans », partage-t-il, encourageant les salariés à prendre leur carte.

« A l’heure où l’on souffre d’isolement en télétravail, puisque les webex (réunions en visioconférence, ndlr) ne remplacent pas les relations humaines, entrer dans un syndicat permet d’entrer dans une nouvelle famille, de se sentir écouté, encourage-t-il. Le syndicat procure un bien fou ! Et… à moins que vous ayez un juriste dans la famille, je pense que la meilleure façon se connaître ses droits, est de se syndiquer ! »

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Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

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