En matières de compétences, les soft skills prennent le pas sur les hard skills. Et elles pourraient bien être elles-mêmes challengées par les mad skills. Ces dernières désignent les expériences de vie : les recruteurs y sont de plus en plus attentifs. Explications dans cette tribune de Céline Precis, directrice exécutive de CentraleSupélec Exed.

Depuis une vingtaine d’années et avec la crise du Covid qui a fait évoluer notre rapport au travail, les recruteurs comme les entreprises se sont aperçus que certaines compétences non mesurables et transverses à l’instar de l’autonomie, l’adaptabilité, l’empathie ou l’écoute active étaient indispensables. Ce sont ce qu’on appelle plus communément les soft skills ou compétences douces.

Désignant plus largement « des attributs personnels qui permettent à quelqu’un d’interagir efficacement et harmonieusement avec d’autres personnes »(1), elles sont très recherchées pour créer des managers au leadership positif et répondre aux défis de demain. On pourrait alors légitimement se demander si elles ne sont pas désormais plus importantes que les hard skills (ou compétences purement techniques et académiques).

Des compétences reconnues dans un monde laissant de plus en plus place à l’IA

Les soft skills trouvent leur source dans les principes éducatifs qui nous sont inculqués ou que l’on développe à partir de ses expériences. Jusque-là, rien d’inédit. Ce qui est nouveau en revanche, c’est que les recruteurs et les entreprises s’en emparent et les considèrent tout autant, si ce n’est plus, que les hard skills. En effet, les soft skills facilitent notamment le travail en équipe, la gestion du conflit et la prise de parole en public. Elles peuvent être façonnées selon les missions à mener à l’aide de formations spécifiques (favoriser par exemple la gestion du temps et la coordination dans le management de projet) et sont non périssables, à l’inverse des hard skills qui peuvent rapidement être obsolètes.

Par ailleurs, les soft skills sont tout aussi importantes pour l’individu que pour l’entreprise, ce qui leur confère plusieurs avantages : pour l’un, une meilleure employabilité et la capacité à se renouveler; pour l’autre, la garantie de pouvoir s’adapter aux changements, de cheminer vers la performance d’équipe, devenue un facteur majeur de réussite, et d’avoir des collaborateurs acteurs de leur job – c’est à dire capables d’avoir une pensée critique et innovante à l’égard de leur activité. De tels individus sont en outre excellents pour la notoriété d’une organisation. Enfin, et surtout, avec une IA toujours plus présente annonçant la disparition de 75 % des métiers d’aujourd’hui d’ici 20 à 30 ans, les soft skills paraissent tout simplement essentielles pour répondre au besoin d’évoluer.

Dans les prolongement des soft skills : les mad skills

Les employés qui vont développer leurs ressources propres telles que leur créativité, leur qualité relationnelle ou leur flexibilité au gré de leur parcours de vie (activités extraprofessionnelles, entrepreneuriat…) sont dotés d’un avantage certain pour faire face à des situations communes comme exceptionnelles. Ainsi, nous voyons depuis peu en France une nouvelle tendance de recrutement apparaître dans le prolongement des soft skills : les mad skills.

Littéralement compétences folles, les mad skills désignent plus spécifiquement des expériences de vie (échecs, réussites, accidents de vie, rebonds professionnels), une expérience d’entrepreneur, des engagements associatifs, de volontariat. Des loisirs, passions, voyages, sports pratiqués… à ne pas confondre avec un hobby. Autrement dit, les entreprises qui visent avant tout leur pérennité vont capitaliser sur les profils singuliers pour faire de leurs talents des leviers managériaux ou techniques en correspondance avec le poste visé. À titre d’exemple, une appétence pour les technologies traduit un goût pour l’innovation et la capacité à rechercher des solutions; le bénévolat, l’empathie et l’altruisme utile par exemple au chef de projet; la pratique d’un sport ou d’un art révèle la détermination et la patience particulièrement appréciés en cas de crise. À compétence égale, une entreprise choisira donc toujours la personne qui apportera ce supplément d’âme qui fera la différence, dans une optique de performance et d’intelligence collective.

Les soft skills ne sont pas une nouvelle lubie des recruteurs. Le monde académique, les entreprises, les organismes de formation avancent à présent dans le même sens car les organisations veulent des salariés toujours plus formés et plus adaptables, capables de traverser les transformations. De fait, on ne candidate plus comme avant – sur le CV, il n’est plus question de mentionner des centres d’intérêt pour faire du remplissage mais bien de valoriser ses qualités en fonction du poste visé -, et une chance est offerte à des profils qui n’auraient pas attiré naguère l’attention.

(1) Source : Dictionnaire d’Oxford

Céline Précis, diplômée en marketing et stratégie d’entreprise en 2003, travaille durant 7 ans en relations publiques dans une maison d’édition américaine. Elle rejoint CentraleSupelec fin 2011, se consacrant aux programmes mastère spécialisé. En 2019, elle gravit les échelons pour devenir directrice de la business unit des mastères spécialisés. En 2020, elle atteint le poste de directrice executive de Centralesupelec exed, illustrant son engagement envers l’excellence académique et la gestion stratégique.

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