Jacques Marceau est le fondateur de l’agence spécialisée en relations publiques Aromates. « Autodidacte », comme il aime à se définir, il est aussi membre de la fondation Concorde et ambassadeur de la fondation des Apprentis d’Auteuil. Il rédige régulièrement des tribunes notamment sur le monde du travail. Il raconte comment le sens du travail a changé pour lui au fil des années. Voici son témoignage, nouvel épisode de notre série d’articles sur le sens au travail.

« Dans les années 80, au moment où j’ai commencé ma carrière, la question du sens au travail se posait moins qu’aujourd’hui. L’objectif était de gagner de l’argent et de jouir d’un confort prestigieux. Pourtant, quand on n’a pas de cap, tous les vents sont contraires, comme disait Sénèque. Des années ont passé et je crois qu’il faut questionner la direction. Le sens permet de savoir où l’on va, c’est la boussole de la vie. Aujourd’hui, la direction est plus associée à la diminution de l’empreinte carbone, à sauver la planète. J’ai cru à une époque que tout le monde allait chercher un sens au travail. Je modèrerais mon propos. En réalité, le sens dépend de qui parle, à quel endroit : en zone rurale, l’objectif reste pour beaucoup d’avoir une voiture, de payer sa maison et que l’usine du coin ne ferme pas. Le travail reste associé à répondre aux nécessités de la vie. Pour les catégories urbaines flattées par la vie, il y a la place pour les préoccupations RSE, de sens au travail ou de l’utilité du travail.

Personnellement, j’ai eu besoin de me réaliser à travers un statut social, mais mon chemin de vie et mon évolution professionnelle ont fait que j’ai choisi de conserver un cabinet de seulement huit personnes. Nous travaillons sur des sujets qui pour nous ont du sens, qui veulent dire quelque chose ou ont de l’utilité, ou dont les valeurs nous parlent. Dans notre approche entrepreneuriale, nous avons l’objectif de servir notre pays, et le bien commun ou ce que l’on considère tel.

J’ai 65 ans, je pourrai m’arrêter de travailler mais je me sens utile au travail.

Etre en cohérence avec ses choix

Le sentiment d’utilité est crucial, et je crois qu’il y a pour cela des métiers privilégiés : quand vous êtes auxiliaire de vie et que vous aidez une dame à s’habiller et à se sentir bien, le sentiment d’utilité est intrinsèque. A l’inverse, quand l’on est derrière son ordinateur, de nombreux métiers sont propices à la perte de sens.

Ma vie professionnelle a été extrêmement rugueuse et je ferai certaines choses différemment aujourd’hui, mais c’est ainsi que l’on apprend. Je me suis aperçu que l’épicentre de la vie n’est pas le statut social, mais d’être en cohérence avec mes choix, mes objectifs et mes aspirations. Ils ont évolué au fil de ma maturité et des cailloux sur le chemin. Mais ce qui est important est d’être encore en correspondance avec ça, sachant que les aspirations dépendent aussi de nos besoins.

Le travail permet également d’être intégré à une organisation civilisationnelle. Saint Augustin dirait que le ciment de la société est d’avoir besoin les uns des autres. Le travail a un objectif de cohésion sociale. Il fait partie de ma vie, sans frontière entre vie privée et vie professionnelle : je co-dirige le cabinet avec mon épouse, mes clients sont mes amis… Je ne compte pas mes heures et travaille pendant mes vacances. Mais c’est un choix, mon luxe !

Je ne fais pas de tableau Excel toute la journée, n’ai pas de patron qui me harcèle ni de postures qui font mal au dos.

Quand on parle de sens au travail, il faut prendre garde à qui parle, et dans quel lieu, je suis très conscient de ça. »

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A lire aussi :
– Sens au travail #5 “Je me sens à ma place et utile”
– Sens au travail #4 “Je prends soin des personnes dans leur intégralité”

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Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

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