Derrière le théâtre d’improvisation et son aspect ludique, se révèlent des axes de progression précieux, tant pour le collectif que pour les individus. Ces moments permettent en effet de stimuler les compétences de chacun. Explications avec Louis-René Lemaire, fondateur de La Bonne Pause.

Comment présenter le théâtre d’improvisation ?

Louis-René Lemaire : L’improvisation, c’est un outil qui permet d’expérimenter, de révéler, de prendre conscience, de se challenger, d’observer les différences de comportements et de réaction chez les autres… En somme, cette prise de recul permet de relativiser face à des difficultés que nous pouvons parfois ressentir. Nous pouvons alors nous rendre compte que nous ne sommes pas seuls (à réagir de telle manière face à telle situation) ou nous pouvons, au contraire, prendre conscience de l’atypisme de certaines de nos réactions. Et cela est normal ! Nous sommes humains, tous différents : un tel exercice permet donc de dédramatiser.

Sans oublier l’importance des debriefings ! Pourquoi certaines mises en situation fonctionnent ? Et d’autres pas ? Pour quel participant était-ce facile ? Ou difficile ? Pourquoi ? C’est cette alternance entre temps d’activité et debrief qui fait que le théâtre d’improvisation a un apport. Il y a d’abord le debrief individuel, où chaque participant s’exprime sur comment il a vécu le jeu. Puis celui du collectif : ceux qui regardent, qu’est-ce qu’ils ont vu ? Et c’est là très précieux car on n’est jamais le meilleur observateur de soi-même et de la situation. Nous avons souvent un regard incomplet et pessimiste sur nos réussites et nos tentatives. Le feedback de ceux qui observent est lui généralement beaucoup plus positif… Entre l’autocritique et les feedbacks d’encouragement, il faut alors dégager un juste milieu, un axe de progression à suivre : je serai plus clair, j’attends le bon moment pour poser ma question, je garde le silence, je regarde les yeux, etc. L’objectif étant de mettre chacun en situation de réussite.

Qu’apportera l’improvisation dans le rapport avec les autres ?

Attention, il n’est pas question d’improviser au travail ! Mais cet exercice permet d’agir sur les compétences comportementales. Par exemple, il favorisera un travail autour de la notion d’écoute. Le théâtre d’improvisation, c’est la science de la collaboration par excellence, c’est créer quelque chose que nous ne connaissons pas, avec des gens que nous ne connaissons pas, avec un rôle que nous ne connaissons pas. Nous ne pouvons pas nous reposer sur des acquis, des processus ou des règles : nous marchons sur de l’eau et il faut stabiliser tout cela, avancer doucement et petit à petit, pour déterminer qui nous sommes, où nous allons, tout en acceptant le lot d’inconnues. C’est accepter tout ce qu’il se passe pour le mettre à profit de l’histoire. Et de là, découle la métaphore avec le monde de l’entreprise : nous pouvons avoir la croyance que tout est stable, que nous pouvons nous reposer sur des processus, des ordres, des hiérarchies, mais la réalité est différente ! Tout n’est pas si simple ni automatique. Ce que nous connaissons doit régulièrement être challengé. Ainsi, le théâtre d’improvisation peut aider les collaborateurs à s’entrainer à gérer ces imprévus.

Cela permet-il aussi de fournir des zones d’expérimentation ?

En entreprise, nous ne pouvons vraiment expérimenter, ni prendre des risques, ni nous tester sur une posture ou un changement d’attitude. C’est parfois très difficile de sortir d’un rôle. Généralement, nous ne pouvons pas le faire au travail car nous n’avons le droit à l’erreur : soit parce que nous nous l’interdisons, soit parce qu’elle est mal vue. C’est gênant d’expérimenter : d’autant plus quand nous sommes déjà dans une situation tendue. Nous n’avons alors pas envie de prendre un risque, d’amplifier la difficulté. Le théâtre d’improvisation permet cette expérimentation : nous avons le droit de nous tromper dans un univers qui n’est pas la réalité de ce que nous vivons. Par le plaisir de sortir du quotidien et d’utiliser l’absurde (qui aide à lâcher prise), nous pouvons savoir si nous sommes plutôt capables d’écoute, d’assertivité, de réaction ou de créativité. En un mot, chacun peut « se découvrir ».

Pour ne rater aucune actualité en matière de qualité de vie au travail, inscrivez-vous à la newsletter de My Happy Job, parcourez nos hors-séries thématiques  et découvrez notre annuaire du bien-être au travail.

A lire aussi :
– Du théâtre pour détecter les risques psychosociaux
– 10 jeux à tester pour booster votre QVT

Article précédent“Dans une relation, avoir de la pagaille est sain”
Article suivantSens au travail #6 “Le sens au travail dépend des aspirations et des besoins”
Diplômée en lettres modernes, Céline Tridon a suivi une formation en journalisme à l’IPJ. Elle y a confirmé son envie de travailler pour la presse écrite et web, souhait exaucé à travers la collaboration avec différents supports sur les thématiques « entreprise », « monde du travail », « management » et « RSE ». En 2023, elle reprend la rédaction en chef de My Happy Job.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici