« Ben alors, t’as posé ton aprem ? » Phrase cliché qui ne fait plus rire personne, mais malheureusement encore trop entendue dans bon nombre d’entreprises entre 16h et 19h. Cette pique symbolise un phénomène bien répandu en France, le présentéisme. Pour ce quatrième “Happy Team“, Noémie Martin Pascal, co-fondatrice de la start-up Bloomr, vous donne des pistes à suivre individuellement et collectivement pour en sortir.

Le saviez-vous ? Le présentéisme peut prendre plusieurs visages :

–          Le présentéisme stratégique : rester au travail de façon excessive (heures supplémentaires, travail de chez soi, le soir, le weekend, en vacances…) par principe, par conformisme, pour se faire bien voir ou tout du moins éviter de passer pour un tire-au-flanc ou par surengagement.

–          Le surprésentéisme : continuer à se rendre au travail alors qu’on est malade. 23% des salariés n’ont pas pris l’arrêt de travail qui leur était prescrit en 2018 (étude Malakoff Médéric).

–          Présentéisme contemplatif : être là mais improductif et inefficace. Déconcentré, désengagé, on fait acte de présence mais sans travailler vraiment.

On pourrait croire que le présentéisme est une aubaine pour les entreprises qui profitent ainsi de collaborateurs plus impliqués, mais non, au contraire. Présentéisme rime généralement avec baisse de la productivité, de l’efficacité, de la motivation et répercussion sur l’état de santé. Selon le  cabinet Midori Consulting, le “taux de présentéisme” s’élèverait à 1,4 à 2 fois le taux d’absentéisme soit un chiffre entre 6,4 % à 9,2 % en France en 2013, pour un coût annuel entre 13,7 et 24,9 milliards d’euros.

Si les causes du présentéisme sont multiples (conscience professionnelle, réputation, peurs diverses ou encore passion pour son travail…), bien souvent  il s’agit d’un effet collectif, d’une question de culture d’entreprise.

D’ailleurs, dans beaucoup de pays, cette pratique est vue d’un mauvais œil et à raison : venir au bureau malade nuit à la qualité du travail effectué sans parler du risque de contaminer ses collègues, et être obligé de faire des journées de 10h est le signe soit qu’on a plus de travail qu’on ne peut en abattre et donc qu’il y a un problème dans l’organisation, soit qu’on manque d’efficacité. Pas franchement reluisant dans tous les cas.

Bref, pour poser des bases plus saines et en finir avec cette habitude délétère pour l’équilibre de chacun et le bien-être au travail, il y a un effort collectif et à toutes les échelles à faire.

PAR LES ORGANISATIONS

–          Instaurer une culture fondée sur la confiance, l’autonomie et la flexibilité plutôt que sur la compétition et le contrôle, où la qualité du travail et l’engagement n’est pas mesurée à l’aune du temps passé à son bureau mais des efforts fournis et de l’atteinte des objectifs.

–          Mettre en place de bonnes pratiques pour protéger l’équilibre vie pro / vie perso :

o   Télétravail

o   Souplesse dans les horaires, en imposant éventuellement un temps de présence commune dans l’entreprise entre par exemple 10h et 15h.

o   Droit à la déconnexion : pas d’envoi de mail en soirée ni le weekend

o   Pas de réunion après 16h

–          Éventuellement, organiser des groupes de réflexion pour définir les meilleures pratiques possibles en fonction du secteur d’activité et des métiers.

PAR LES MANAGERS

–          Si un manager détecte un présentéisme contemplatif chez un collaborateur, chercher à en comprendre la cause : stress, ennui, perte de sens, sentiment d’incompétence, inadéquation avec le poste / les tâches, problème personnel…

–          Encourager un collaborateur à s’arrêter lorsque son état physique ou mental le nécessite et le rassurer quant aux conséquences sur son poste, la charge de ses collègues, sa réputation…

–          S’assurer que les charges de travail sont adaptées, que chacun a les compétences nécessaires pour faire son travail correctement.

–          Eviter d’évaluer la qualité du travail à l’aune des heures de travail, mais se concentrer sur les efforts et les résultats.

–          Ne pas encourager ou saluer les comportements présentéistes, ne pas valoriser la culture du « bosseur ».

–          Se montrer exemplaire en évitant soi-même l’envoi de mails après une certaine heure, une présence excessive au bureau, l’organisation de réunion en fin de journée, etc.

–          Faire preuve de courage managérial et prendre l’initiative de mettre en oeuvre des bonnes pratiques dans son équipe lorsqu’aucune politique n’est instaurée à l’échelle de l’organisation.

PAR CHAQUE COLLABORATEUR

–          S’abstenir de toute remarque désobligeante concernant les horaires de ses collègues.

–          Oser aller à contre-courant dans les entreprises où le présentéisme stratégique est de mise.

–          Accepter que lorsqu’on est malade, il vaut mieux (pour soi comme pour tout le monde) prendre le temps de récupérer et respecter les arrêts préconisés.

–          Eviter l’envoi de mail le soir et le weekend, l’organisation de réunion tôt le matin ou en fin de journée.

–          Prendre les choses en main lorsqu’on sent qu’on se désengage, en discuter avec son manager.

Les solutions sont bien entendu à adapter en fonction du type de présentéisme qui pose le plus problème.

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Noëmie Martin-Pascual est la co-fondatrice de BloomR, un dispositif RH en ligne qui donne aux collaborateurs les cartes pour prendre en main leur développement et leur épanouissement professionnels.

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