Conférencier et consultant, Gaël Chatelain vient de publier “Mon boss est nul, mais je le soigne ! Comment transformer le pire des patrons en manager bienveillant” (1). Un livre drôle et accessible qui fourmille d’infos utiles, d’exemples concrets et de conseils pratiques. Interview.

Vous avez forcément déjà rencontré Bob au cours de votre carrière. Bob est manager et très fier de l’être. En réunion, il coupe la parole à tout le monde, il hurle sur ses collaborateurs à la moindre occasion, il n’hésite pas à pointer du doigt son équipe en cas d’échec (mais s’attribue tout le mérite en cas de succès !), il est avare en compliments… En fait, c’est le symbole de tout ce qu’il ne faut pas faire en termes de management. Un cas désespéré ? On vous l’accorde, Bob part de loin, mais tout n’est pas perdu pour autant. C’est en tout cas le parti pris de Gaël Chatelain dans son livre Mon boss est nul, mais je le soigne ! Comment transformer le pire des patrons en manager bienveillant (1). Le fil rouge de ce petit manuel au ton décalé ? Faire progresser Bob, et surtout montrer qu’il vaut mieux agir plutôt que subir.  Voilà pourquoi ce livre s’adresse autant aux managers qu’aux managés.

Le management bienveillant, c’est quoi ?
Gaël Chatelain. C’est le moyen de vivre au quotidien de façon zen et détendue au bureau. Cela passe par l’empathie, l’écoute, le droit à l’échec, ou encore la confiance. Ce n’est pas une affaire de morale, agir ainsi pour le bien-être au travail est simplement fondamental, et même urgent quand on sait que près de 3 millions de salariés en France sont au bord du burn out. Or, je suis convaincu que, en fonction du type de manager, c’est ce dernier qui crée un terrain favorable ou non au burn out de ses collaborateurs.

Quelles sont, selon vous, les clés du management bienveillant ?
GC. La première chose est de garder en tête, qu’à de rares exceptions près, on ne sauve pas des vies au travail ! Cela permet de prendre de la distance par rapport à ce que l’on fait au quotidien. Il n’y a rien de dramatique, donc on relativise. Ensuite, il est essentiel d’être bienveillant avec soi. Et ce dès le réveil, avant même de passer la porte du bureau. Le premier chapitre de mon livre s’appelle ainsi “A te lever tu apprendras” : “snoozer”, c’est-à-dire traîner au lit en programment plusieurs alarmes à quelques minutes d’intervalle, n’a rien d’anodin. C’est source de stress et ce n’est pas du tout reposant. Pourquoi vous imposer cela pour démarrer la journée ?

En quoi les nouvelles générations obligent-elles les entreprises, et donc les managers, à changer ?
GC.
Les jeunes nés à la fin des années 80 et dans les années 90 ne veulent pas subir ce que leurs parents ont subi pendant leur vie professionnelle. En l’espace d’une génération, la société est passée d’une valorisation à l’extrême de la réussite par l’argent à la prise de conscience que les promesses d’un avenir radieux fait aux générations précédentes ne sont plus d’actualités. Ils sont à la fois plus détachés – ils ont remis le travail à sa juste place – mais sont aussi plus exigeants, y compris envers leurs managers. Si l’entreprise veut les convaincre, elle doit changer, et cela passera nécessairement par une révolution du management. La crainte de la crise ne suffit plus à attirer et fidéliser les collaborateurs ! Les résultats de l’enquête réalisée par The Boson Project et BNP Paribas montrent, par exemple, qu’ils jaugent un bon patron d’abord à sa capacité à faire confiance à l’équipe et à son écoute.

Votre ouvrage est étayé de bonnes pratiques mises en place par certaines entreprises. Laquelle vous inspire le plus ?
GC. Celle prise par Daimler pour inciter les salariés à – vraiment – déconnecter pendant leurs vacances. Habituellement, le message d’absence dit quelque chose du genre : “Bonjour, Je suis en congé de telle date à telle date avec un accès limité à mes mails”. Résultat, le salarié regarde quand même ses mails pendant ses vacances, et se retrouve avec 800 mails à son retour ! Ce n’est pas très efficace. Chez Daimler, le message d’absence dit désormais : “Bonjour, Nous venons d’effacer votre mail. S’il s’agit d’une urgence, vous pouvez envoyer un mail à untel. Sinon, merci de renvoyer votre mail après telle date.” Résultat, le salarié déconnecte vraiment, sans culpabiliser !

Un petit exercice pour finir, enfin une question : et vous, depuis quand n’avez pas déconnecté de votre travail pendant une journée entière ?

Mon boss est nul mais je le soigne Gael Chatelain

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Crédit photo : Fotolia

(1) Marabout. m

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Diplômée de Sciences-Po Paris, Fabienne Broucaret a fondé My Happy Job en 2016. Elle en a été la rédactrice en chef jusque fin 2022. Conférencière et journaliste, elle a écrit "Mon Cahier Happy at Work" (Solar) et "Télétravail" (Vuibert). Elle a aussi co-écrit “2h chrono pour déconnecter (et se retrouver)” avec Virginie Boutin (Dunod). Passionnée par les questions de mixité, elle est enfin l’auteure des livres "Le sport, dernier bastion du sexisme ?" et "A vos baskets toutes ! Tour de France du sport au féminin" (Michalon).

11 Commentaires

  1. […] « Le Mensonge dans lequel nous vivons », une puissante vidéo qui fait actuellement le tour du monde ! Et on comprend pourquoi… L'aventure quotidienne des signes. Chat des villes et chats des champs france 5. Management bienveillant : « L’être humain est la seule chose importante dans l’entreprise »…. […]

  2. […] L’institut Gallup souligne que 70% de la variation de l’engagement s’explique par les managers et 50% des salariés ont quitté leur travail à un moment donné de leur carrière pour se libérer de leur manager. Plus précisément, la reconnaissance managériale est une attente forte des salariés : selon une étude publiée par Harvard Business Review, 3 salariés sur 4 estiment que leur avis n’est pas assez pris en compte et que cela impacte leur performance. Gaël Chatelain ajoute que la confiance est centrale pour les nouvelles générations : “les résultats de l’enquête réalisée par The Boson Project et BNP Paribas montrent que celles-ci jaugent un bon patron d’abord à sa capacité à faire confiance à l’équipe et à son écoute” (Interview pour My Happy Job). […]

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