On l’a tous remarqué, depuis le début du reconfinement, côté moral et énergie, ce n’est pas facile tous les jours ! Le 4ème « Baromètre de la santé psychologique des salariés Français en période de crise » réalisé par OpinionWay pour le cabinet Empreinte Humaine confirme ces impressions. Détresse psychologique, arrêts de travail à cause du stress ou de l’anxiété, burn-out, épuisement émotionnel… Le panorama est pour le moins inquiétant.

49%. C’est le pourcentage de salariés actuellement en détresse psychologique en France, c’est-à-dire avec des symptômes de dépression et d’épuisement. Un chiffre en augmentation de 7% par rapport à mai dernier. Parmi eux, 35% sont en état d’épuisement émotionnel sévère et environ 1 000 000 en burn-out sévère (soit 5%). Un salarié sur quatre déclare avoir déjà pris un arrêt de travail à cause du stress ou de l’anxiété. « Ces résultats sont extrêmement préoccupants et montrent l’urgence d’agir, déclarent Christophe Nguyen, psychologue du travail et président d’Empreinte Humaine, et Jean-Pierre Brun, co-fondateur d’Empreinte Humaine et expert conseil. Après 9 mois de crise, l’ensemble du monde du travail est épuisé qu’il s’agisse des salariés ou des managers. » Ces derniers sont 58% à être en détresse psychologique (+10), dont 25% de détresse élevée (+4) et  72% (+6) pour les managers de managers. A noter également que les managers sont 2 fois plus en burn-out sévère que les non-managers.  

Des salariés en quête de soutiens

Si 36% des salariés ont peur de ne pas pouvoir faire face psychologiquement à cette crise, ils estiment être soutenus en premier lieu par leur collègue à 83% (+4), leur N+1 à 77% (-5), leur direction à 70% (+5), devant la DRH à 67% (+11) et la médecine du travail à 58% (+14). Pourtant, seulement 32% des salariés perçoivent leur direction d’entreprise comme engagée sur le sujet de la santé psychologique au travail, soit -13 points par rapport à mai 2020.  

Les actions des entreprises doivent être renforcées en matière de sécurité psychologique  :

  • 35% pensent que la santé psychologique des salariés est aussi importante que la productivité dans leur entreprise (-2) 
  • 42% indiquent que dans leur entreprise, la prévention du stress implique tous les niveaux hiérarchiques de l’organisation (-1) 
  • 32% estiment qu’il y a un bon niveau de communication/information en ce qui concerne les enjeux liés à leur santé psychologique (-7) 

« Les entreprises, le management et les salariés doivent savoir ce qu’est un climat de sécurité psychologique si on veut minimiser les effets de cette crise sanitaire sur la santé mentale des salariés et leurs dirigeants, insiste déplore Christophe Nguyen. Des efforts doivent être faits, la sécurité psychologique est indispensable pour la santé des salariés, ce n’est pas un luxe. Elle s’appuie sur des valeurs d’entreprise et des actions claires au premier desquelles l’engagement des comités de direction des entreprises, dont on constate malheureusement une grande baisse par rapport à nos derniers baromètres. Les pouvoirs publics commencent à parler du sujet de la santé mentale, c’est une bonne chose, il faut maintenant aider les entreprises à investir sur le sujet. »  

Le rapport au (télé)travail change

Autres chiffres préoccupants : 42% des salariés indiquent que leur travail leur plait moins qu’avant, 35% considèrent que la crise leur a fait comprendre que ce qu’ils faisaient n’avait pas de sens et 36% ont perdu de la fierté à travailler pour leur entreprise / organisation. Enfin 49% restent dans leur entreprise faute de trouver mieux, ce taux s’élève à 60% chez les salariés en 100% télétravail.  

Si 70% des télétravailleurs se sentent plus efficaces qu’en présentiel, il est néanmoins incontestable que plus le télétravail est important plus la détresse psychologique des salariés augmente : 58% des salariés en 100% télétravail sont en détresse psychologique contre 53% des salariés en situation hybride (mêlant distanciel et présentiel) et (53%) des salariés en présentiel total (47%). De plus, 41% des télétravailleurs se sentent isolés à cause du télétravail et 55% pensent qu’il nuit au sentiment collectif des équipes. En ce qui concerne la déconnexion, 1 télétravailleur sur 2 peine à oublier le travail après la journée et à trouver du répit. Le travail à distance est aussi sources de nouvelles incivilités. Sept salariés sur dix constatent que, pendant les réunions à distance, plusieurs personnes n’écoutent pas ou font autre chose. 

Depuis le début de cette crise, le télétravail est un défi pout les managers. Pour 70% d’entre eux, le management en télétravail est plus difficile qu’en présentiel. Un télétravailleur sur deux estime que le management ne se préoccupe que du résultat avec la sensation de devenir des « machines à produire », qu’ils doivent davantage prouver leur efficacité qu’en présentiel, et font plus de reporting. 47% sentent que leur présence et connexion aux bons horaires sont contrôlées par les outils numériques. Or, tous ces sujets sont facteurs de risque pour la santé psychologique. En fin de compte, 77% pensent que le style de management de leur entreprise doit changer pour s’adapter au télétravail.  

De nouvelles aspirations

A la faveur de cette crise, les salariés formulent clairement des attentes vis-à-vis de leur entreprise en matière de qualité de vie au travail :   

  • 74% pensent que leur entreprise doit être encore plus attentive à son rôle en matière écologique et social  
  • 59% sont plus exigeants envers leur employeur pour prendre en compte le bien-être de ses salariés 
  • 52% savent mieux ce qu’ils attendent de leur entreprise en matière de bien-être psychologique 
  • 52% ont besoin que leur entreprise les aide à mieux appréhender psychologiquement leur travail   

« De nouvelles attentes se créent envers l’entreprise, analyse Christophe Nguyen. La crise est un révélateur de nouveaux risques psychosociaux et attentes en matière de bien-être au travail, voire même du travail en lui-même. »

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Diplômée de Sciences-Po Paris, Fabienne Broucaret a fondé My Happy Job en 2016. Elle en a été la rédactrice en chef jusque fin 2022. Conférencière et journaliste, elle a écrit "Mon Cahier Happy at Work" (Solar) et "Télétravail" (Vuibert). Elle a aussi co-écrit “2h chrono pour déconnecter (et se retrouver)” avec Virginie Boutin (Dunod). Passionnée par les questions de mixité, elle est enfin l’auteure des livres "Le sport, dernier bastion du sexisme ?" et "A vos baskets toutes ! Tour de France du sport au féminin" (Michalon).

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