Le télétravail, le travail hybride, les changements d’organisation post-Covid et autres confinements ont rendu encore plus indispensable le travail des équipes IT, en interne ou en externe. Les questions liées à la cybersécurité renforcent encore leur rôle. Ces travailleurs, souvent à part, sont désormais mieux identifiés, et gagnent une place stratégique.

Elles ont l’habitude d’agir dans l’ombre, mais depuis la crise, les équipes IT sont bien dans la lumière. Lors de l’annonce du premier confinement en mars 2020, elles ont dû, les premières, être réactives pour permettre à l’ensemble des collaborateurs des entreprises qui en avaient la possibilité de travailler depuis chez eux, à distance mais avec du matériel, des connexions et des réseaux bien installés et sécurisés.

Des équipes IT sur le devant de la scène

Désormais, la situation ne redeviendra pas « comme avant », et le travail en mode hybride est une nouvelle norme, qui nécessite une organisation où les services informatiques et numériques restent au centre. Jean-Marc Benito, informaticien et directeur de l’école d’informatique du groupe IGS, l’IPI, constate clairement « un changement de place ». « En réponse à la pandémie, un tiers des entreprises ont numérisé leur approvisionnement. Les applis numériques, chatbots et l’IA ont explosé, l’automatisation également », rappelle-t-il. Avec une conséquence : « pour tous les acteurs de l’informatique, cela relance une dynamique ».

Les informaticiens doivent répondre à de nouveaux enjeux, et ceux que l’on surnomme parfois les « geeks » – pas toujours positivement – gagnent en visibilité. Avec le sentiment d’une utilité indispensable au bien-être au travail. « L’informatique est devenu le nerf de la guerre et ceux qui l’opèrent sont devenus des héros », schématise Philippe Dewost, auteur du livre De mémoire vive – Une histoire de l’aventure numérique (Editions Première Partie). Pour le nouveau directeur de l’école d’ingénieurs spécialisés en informatique Epita, « ces personnes qui étaient jusque-là un peu dans la soute » en sont clairement sorties. « Il n’existe plus aucune activité humaine qui n’ait besoin d’informatique », résume-t-il.

Un rôle stratégique dans les entreprises

Les salariés des équipes IT accèdent donc une nouvelle place, beaucoup plus stratégique. Le directeur des Systèmes d’Information de Hays, ​​​​​Steve Weston, basé à Londres, a publié une note sur le sujet. « Les équipes IT du monde entier continuent de faire face aux conséquences de la pandémie. La cybersécurité reste une priorité absolue, car le taux de cyberattaques continue d’augmenter, selon les statistiques d’Interpol. » Alors que les visios s’enchaînent à longueur de journée, « les équipes informatiques mettent en place une série d’outils de communication. Le but : permettre aux collaborateurs d’utiliser la meilleure plateforme possible en fonction de leurs besoins », félicite-il, et ce afin de réduire la fatigue liée au travail collaboratif virtuel. Une action qui les mettra largement en valeur aux yeux de leurs collègues des autres services. Et les classe dans les métiers essentiels post-pandémie.

Il va même plus loin : « pour survivre sur le long terme face à la crise, les équipes IT, y compris celles qui travaillent directement avec les DSI, continueront à jouer un rôle de plus en plus important pour relever les défis auxquels leurs organisations sont confrontées. Ce phénomène aura un impact significatif sur les DSI. Les experts ont longtemps prédit que le rôle de Directeur des Systèmes d’Information allait évoluer vers celui de Directeur de l’influence, en ce qui concerne la définition des valeurs culturelles et d’entreprise qui, pendant si longtemps, ont été l’apanage du PDG  », prédit-il. Pour Philipe Dewost, les DSI « endossent désormais le rôle de Chief technical officer (CTO) », avec un rôle stratégique certain.

De nouvelles exigences de la part des candidats

L’employabilité des ces profils est donc assurée. Une bonne nouvelle pour ces candidats alors que l’APEC observait déjà une hausse de la demande de cadres numériques de 14% entre 2014 et 2019. Jean-Marc Benito confirme que ses étudiants sont très demandés… et que certains affichent même des prétentions salariales qu’il n’aurait jamais imaginées par le passé. « Avec le télétravail, on se retrouve en Occitanie avec des entreprises qui subissent la concurrence parisienne, qui embauchent en full remote, mais avec les salaires de la capitale », note-il. Un gage, là encore, de qualité de vie pour ces profils, même si le directeur de l’IPI craint « une bulle ». « Les entreprises sont en train de rattraper un retard, mais après ? », interroge-t-il.

Ces deux dernières années la demande était supérieur à 60 000 postes par an en particulier pour des profils d’ingénierie software (cybersécurité, architecture informatique, infrastructures, intelligence artificielle, data, systèmes embarqués, multimédia et traitement d’image…). « Les entreprises qui ne proposent pas 2 à 3 jours de télétravail ne sont clairement plus attractives. On a même du mal à faire revenir nos étudiants pour des semaines entières en présentiel », hallucine Jean-Marc Benito. « Tous ces avantages nouveaux répondent au besoin exponentiel d’informatique », analyse-t-il.

Des métiers exerçables dans tous les secteurs d’activités

Une chance pour les salariés du domaine alors que tous les secteurs et toutes les entreprises ont besoin d’eux : ils peuvent faire rimer compétences, métiers, et vocation. « Vous pouvez allez exercer dans un domaine qui réponde à vos passions », confirme  Philippe Dewost. « Si vous êtes fan de cuisine, les métiers de la bouche ou de l’alimentation ont besoin de compétences numériques, pareil pour les énergies renouvelables. Quand on voit l’exemple concret de l’agrivoltaisme (panneaux solaires pilotés par IA, installés sur des culture, ndlr)… Les compétences et la passion peuvent être liées », se réjouit-il, ravi de la possibilité de sens au travail offerte à ses étudiants.

Aujourd’hui les ingénieurs informatiques et autres développeurs peuvent choisir sujet, type d’entreprise, champ d’application… et salaire ! Un luxe, qui change des années passées à l’ombre !

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Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

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