Couteau-suisse, touche-à-tout, profil atypique, slasheur… Comment s’épanouir au travail quand on est multipotentiel ? Comment faire de cette singularité une force ?

Frédérique Genicot est coach d’entrepreneurs multipotentiels. Economiste de formation, ex-cadre dirigeante, elle est l’auteure de “Adieu salariat, bonjour la liberté !” (Eyrolles) et de “Multipotentiels” (Dunod). Elle a aussi lancé le podcast “Le sirop” qui extrait des livres business les idées les plus originales et les plus concrètes.

Qu’est-ce qu’une personne multipotentielle ?

Frédérique Genicot. On dit souvent que c’est une personne qui ne rentre pas dans une case ! Mais je préfère aborder le sujet de manière plus positive. C’est un individu ayant de multiples intérêts et activités, qu’il pratique soit en parallèle, comme les slasheurs, soit les uns après les autres, comme un salarié qui a exercé différents métiers dans sa vie. Emilie Wapnick distingue quatre profils : le métier ombrelle/parapluie (un job avec de multiples facettes), le slasheur qui exerce différentes activités simultanément, le modèle Einstein (un métier alimentaire et des passions en dehors), le phénix (le champion de la reconversion).

Ce n’est donc pas forcément une personne HPI (Haut Potentiel Intellectuel) ?

F.G. Non, pas forcément en effet. Certains multipotentiels sont aussi HPI, mais pas tous. Etre HPI signifie avoir un QI supérieur à 130. C’est une forme d’intelligence, mais on sait aujourd’hui qu’il en existe d’autres : l’intelligence émotionnelle, créative… Elles sont simplement moins mesurables.

Comment savoir si l’on est multipotentiel ?

F.G. Il y a plusieurs signes : si vous êtes très curieux, que vous aimez la nouveauté, que vous ennuyez vite au travail, si vous adorez apprendre sans cesse, si vous avez une forte capacité à tisser des liens entre différents sujets et entre les gens… Les multipotentiels sont enthousiastes, ils ont toujours envie de s’engager dans de nouveaux projets, le job de leur rêve, c’est celui de demain !

Cela demande de s’assumer…

F.G. Oui, il faut faire fi du regard des autres, des remarques de son entourage (“Tu n’es pas stable, tu changes toujours de poste !”), de son éducation… Prendre sa place de multipotentiel, c’est réussir à identifier ce que l’aime faire et ce que l’on sait bien faire, c’est aussi réfléchir à la notion de réussite. Qu’est-ce que cela veut dire pour vous ? Quels sont vos besoins et vos envies ? Echanger avec d’autres personnes multipotentielles peut vraiment vous aider à mieux vivre cette singularité.

Peut-on s’épanouir au travail quand on est multipotentiel et salarié ?

F.G. C’est possible, mais cela demande de travailler dans un environnement propice et stimulant, un secteur en croissance par exemple, avec un bouillonnement d’idées, de projets, des nouveautés et de l’innovation… La relation avec le manager va également être déterminante : il doit vous laisser suffisamment d’autonomie.

Beaucoup de personnes multipotentielles sont à leur compte, est-ce la solution idéale ?

F.G. Cela peut l’être si vous adoptez la bonne posture et savez vous présenter sans vous éparpiller et perdre vos interlocuteurs. La clé ? Trouver un fil rouge, des ponts entre vos différentes activités. Cela vous rendra unique et fera la différence.

A quels risques les multipotentiels doivent-ils faire attention ?

F.G. Au risque de surmenage et de surinvestissement ! Ils doivent apprendre à gérer leur énergie pour pouvoir être à fond sur différents projets en même temps, pour s’adapter en permanence, avoir suffisamment de force pour se reconvertir plusieurs fois… Cela demande de savoir débrancher, d’enlever les doigts de la prise de temps en temps ! Le sommeil est essentiel, tout comme la pratique d’activités physiques comme la marche. A chacun de trouver ses rituels et ses routines. Ce cadre demande de la discipline mais sera bénéfique pour éviter le burn-out. Attention aussi à la solitude, rapprochez-vous de personnes multipotentielles pour échanger : à quand la création d’un réseau dédié ?!

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Diplômée de Sciences-Po Paris, Fabienne Broucaret a fondé My Happy Job en 2016. Elle en a été la rédactrice en chef jusque fin 2022. Conférencière et journaliste, elle a écrit "Mon Cahier Happy at Work" (Solar) et "Télétravail" (Vuibert). Elle a aussi co-écrit “2h chrono pour déconnecter (et se retrouver)” avec Virginie Boutin (Dunod). Passionnée par les questions de mixité, elle est enfin l’auteure des livres "Le sport, dernier bastion du sexisme ?" et "A vos baskets toutes ! Tour de France du sport au féminin" (Michalon).

4 Commentaires

  1. Bonjour à tous et toutes.
    Un grand merci pour cet article. Multipotencielle passera mieux que polyvalente qui parait ringard et péjoratif, limite bouche trou lorsque j’utilise ce terme en entretiens d’embauche.
    J’ai eut le plaisir d’assister à une de vos conférences en entreprise. Dommage d’être la seule à croire en son bienfait et la possiblité d’appliquer vos recettes.

  2. Sympa cet article 🙂
    L’un des problèmes du multi-potentiel, c’est que quand il cherche du travail, il n’y a aucun intitulé qui fonctionne ! Comme on est multi-casquette, la recherche est un vrai parcours du combattant…
    Une idée pour optimiser ces recherches ?

    • “À trop embrasser mal étreint”.
      Le terme “multipotentiels” positive une catégorie de personnes qui souhaitent faire beaucoup de choses dans différents domaines.
      De nature curieuse, elles sont “touche à tout”.
      C’est à mon sens un terme très subjectif car il n’indique en rien le niveau de maîtrise des différents potentiels.
      En réalité on ne peut pas être bon partout même si l’idée est séduisante.
      Le terme multipotentiels peut aussi être synonyme de “dispersé”, “instable” ou “en incapacité de choisir”.
      Je pense qu’il vaut mieux se positionner sur une compétence dominante et soulignée des compétences secondaires quand elles apportent de la complémentarité à cette compétence dominante.
      Mais surtout choisir un domaine de prédilection.

  3. Merci…ce post est une révélation…je viens enfin de comprendre mon “problème” au travail…il ne me reste plus qu’à l’assumer comme vous dites et tenter que mes supérieurs comprennent ma façon de fonctionner…je ne suis pleinement heureuse dans aucune mission ni projet car j’en découvre toujours un plus intrigant, intéressant, motivant,…où je n’ai de plus aucun mal à m’adapter et me plais au début à tenter de surmonter le nouveau challenge…mais je finis par toujours chercher à rompre les barrières et à vouloir aller au delà des limites qui me sont imposées, ce qui dérange et est souvent interprété comme une menace, un manque d’adaptation, un esprit rebel…ce qui me fatigue et finit par me démotiver…

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