Tu as bien dormi ?” Le sommeil, c’est bien plus important qu’une simple question à la machine à café ! Pour Nicolas Goarant, ancien assistant parlementaire et “sleep activist”, les entreprises devraient veiller à la qualité du sommeil de leur collaborateurs, comme elles veillent à leur qualité de vie au travail. Les salles de sieste seraient plus utiles que des cours de yoga … et que la machine à café, ennemie d’un bon sommeil !?

C’est un sujet dont nous parlons tous et qui n’a pourtant pas de traitement politique !” Pour Nicolas Goarant, ancien assistant parlementaire, le sommeil est le grand absent des politiques publiques. “En travaillant au Parlement, j’ai réalisé que nous traitions, en journée et parfois tard dans la nuit de sujets sérieux, de finances, de gros dossiers, mais qu’à la machine à café, la question qui revenait le plus était : ‘tu as bien dormi’ ?” Il décide alors de se pencher sur le sujet, jusqu’à écrire un livre, Le sommeil malmené – Comment retrouver le goût de la nuit (Édition de l’Aube, 2020). Pour ce fils de pneumologue, l’un des premiers à s’intéresser à l’apnée du sommeil, le sommeil est une question publique. “C’est à dire qu’il devrait être préservé, précise-t-il. Ce n’est pas du temps perdu.”

Un intérêt pour la société

C’est une question de bien-être, mais aussi de performance et de concentration qui devrait intéresser les entreprises, et un moyen de diminuer les risques d’accidents dans bien des secteurs. “Préserver le sommeil n’est pas un sujet personnel, mais une question de société“, défend Nicolas Goarant. Une société où les somnifères sont consommés par une large frange de la population (en 2015, au moins 46 millions de boîtes de somnifères ont été vendues en France, rapporte l’auteur), où l’addiction aux écrans fait des ravages et où le stress lié au travail empêche de dormir nombre de travailleurs…

Contrairement à ce que l’on croit, on peut agir. Si on considère qu’il s’agit d’un phénomène de société, comme on sait qu’il faut manger 5 fruits et légumes par jour ou que les antibiotiques, c’est pas automatique’, les pouvoirs publiques pourraient clamer des formules sur les 8 heures de sommeil nécessaires“, défend-il, lui-même très attaché à ses nuits de sommeil.

Et l’entreprise dans tout ça ? “En entreprise il y a deux choses : le temps de travail, et l’avant, ou après. Sur le temps de travail, se pose la question de la sieste au travail, qui reste stigmatisée car beaucoup de gens considèrent qu’il s’agit de temps perdu. Mais il y a une machine à café dans toutes les entreprises pour sociabiliser, il y a des baby-foot pour se détendre, pourquoi n’y aurait-il pas des salles de sieste, alors que le cerveau a besoin d’être reposé pour être performant ?!“, propose-t-il.

Interroger les salariés

D’autre part, sur le temps en dehors de l’entreprise, Nicolas Goarant interroge les rythmes de travail, rappelant que l’augmentation du temps de transport nuit au sommeil : “Pourquoi doit-on arriver à 9h au travail ? Et pourquoi le nettoyage des locaux a lieu la nuit, exigeant de ces personnes des rythmes qui vont à l’encontre d’un bon sommeil ?” Autant de questions qui devraient être réfléchies et débattues.

La question du repos pourrait être posée aux salariés dans les questionnaires de santé au travail ou de qualité de vie au travail“, suggère-t-il. Alors que la qualité de vie est de plus en plus au cœur de préoccupations, et que la crise sanitaire a bouleversé les organisations du travail, l’époque semble propice. “On négocie les salaires, les temps de travail, les congés, l’égalité professionnelle… Pourquoi pas le sommeil ?“, insiste-il.

Le “sleep activist” regrette que le sommeil soit “considéré comme le dernier bunker de la vie personnelle“, alors même qu’il est également vecteur d’inégalités de genres. “Les femmes enceintes ou les jeunes parents (et les jeunes mamans encore plus) ont des nuits souvent hachées, et une moins bonne qualité de sommeil : cela peut être un sujet à mettre sur la table des entreprises, encourage-t-il. Il faudrait négocier le repos comme le salaire.” On dit d’accord à une augmentation conjointe !

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Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

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