Soft skills, pleine conscience, transversalité… De nouvelles thématiques apparaissent, depuis quelques années, dans les cursus de formation des managers en devenir. Pour plus d’humain dans les relations au travail.

Mutations économiques plus fréquentes, perte de stabilité à long-terme, aspirations des jeunes générations au travail… L’organisation des entreprises change. Les managers, qui sont au cœur des relations humaines dans l’entreprise, doivent s’y habituer, et changer eux aussi leur mode de fonctionnement.  C’est en tous cas la conviction de certaines écoles, qui tentent désormais d’insuffler à leurs étudiants un état d’esprit nouveau.

Bousculer les représentations

Pionnière dans le domaine, l’école de management de Grenoble (GEM) a décidé, dès la fin des années 1990, de suivre un « nouveau cap ». « Le but est de donner à nos étudiants des moyens pour mieux gérer les aspects humains au travail », résume Dominique Steiler. Ancien pilote de chasse, il a mené des recherches sur le développement personnel et la souffrance au travail. Il est à l’origine du Centre Développement Personnel et Managérial, créé dès 1999 à GEM, puis de la chaire Mindfulness, Bien-être au travail et paix économique, en 2012. « Aujourd’hui, dans les écoles de management, les compétences mises en avant sont principalement techniques, mais les problèmes rencontrés en entreprises par la majorité des managers sont des problèmes humains », relève le chercheur. D’où l’idée d’intégrer cette dimension humaine au cœur de la formation. Pleine conscience, communication non-violente ou gestion du stress et du bien-être des collaborateurs rejoignent donc les programmes des conférences et ateliers pratiques pour bousculer les représentations des futurs managers.

Certains des enseignements font partie du tronc commun, d’autres sont réservés aux élèves volontaires. « Nous avons formé à ces questions le personnel administratif dès 2004, et le corps professoral à partir de 2006 : tous, quelle que soit leur matière, sont sensibilisés à ce prisme pour que les étudiants voient une utilisation concrète, avant de rejoindre les entreprise où là, le décalage peut-être grand », assure Dominique Steiler, convaincu que l’objectif d’une entreprise ne doit pas être de produire de la richesse pour la richesse, mais pour le bien commun.

Les faire travailler ensemble

Qualité de vie au travail, sens et bien-être enseignés comme le marketing ou la finance ? Les managers de demain devront s’adapter aux changements de conjectures plus fréquents… et aux comportements de leurs collaborateurs ! C’est en tous cas l’objectif de Laure Bertrand au Pôle universitaire Léonard-de-Vinci, à la Défense (Hauts-de-Seine). Directrice du département Soft skills et transversalité, créé l’an dernier, elle a imaginé un programme de formation obligatoire pour tous les étudiants managers, ingénieurs et web-designers. « Plusieurs semaines par an, on leur apprend la coopération, en les faisant travailler ensemble alors qu’ils ont l’habitude de rester entre managers, ou entre ingénieurs. Ils doivent comprendre le comportement de l’autre et utiliser les ressources de chacun, apprendre à s’affirmer, à écouter, à gérer les conflits… comme ils auront à le faire en entreprise », résume-t-elle. « On sème des graines qui germeront, ou pas, chez nos étudiants », admet-elle.

Car si ces nouvelles théories ont le vent en poupe, y compris en entreprise, l’apprentissage ne va pas de soi. Un DU Management du bien-être au travail a même été créé à l’université de Bourgogne à la rentrée dernière pour tenter d’en cerner les enjeux. Laure Bertrand reconnaît que si le programme a été pensé pour répondre aux attentes des entreprises, beaucoup ne savent pas encore de quoi sera fait le métier de manager demain.

Apprendre à être plus agile

« Les entreprises ont besoin de profils qui auront une vision globale et qui sauront trouver de nouvelles approches pour travailler collectivement, attirer et garder les talents », croit José Gramdi, le responsable du mastère (bac +6) Manager de la Performance et de la transformation industrielle qui ouvrira en septembre prochaine à l’Université de technologie de Troyes. Pour lui, les managers ou ingénieurs-managers formés actuellement arrivent en entreprise comme les « sachants », sans savoir toujours faire passer le message. « Le point faible des ingénieurs est l’humain : ils doivent apprendre à être plus agiles, pour s’adapter aux clients et à la conjoncture : c’est une déconstruction par rapport à l’ancien modèle qui avait la productivité pour seul objectif ». Au programme : des retours d’expérience pour comprendre le « matériel humain », des séquences pour utiliser « l’intelligence collective »…  Pour lui, ces nouvelles formations découlent de la crise de 2008. « La crise est le phénomène déclenchant, mais la prise de conscience n’est pas encore généralisée ». Les entreprises libérées en supprimant les modes hiérarchiques traditionnels testent des nouveaux modèles pour redonner du sens au travail. Les écoles, elles, commencent à former des managers adaptés à ces enjeux. Qu’on les nomme « organisation responsabilisante » à Troyes, ou « Paix économique » à Grenoble.

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Crédit photo : pexels.

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Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

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