L’intelligence artificielle fascine autant qu’elle effraie. Professeur des universités au Cnam et conférencière reconnue, Cécile Dejoux est l’auteure du livre Ce sera l’IA ou/et moi (Vuibert). Elle a également conçu les MOOCs “L’IA pour tous” et “Du manager au leader : devenir agile et collaboratif”. Interview.

Qu’est-ce que l’intelligence artificielle exactement ?
Cécile Dejoux. C’est un domaine transversal entre l’informatique, les mathématiques et les sciences cognitives qui est né aux Etats-Unis dans les années 50. Il s’agit concrètement d’un ensemble de techniques permettant de réaliser partiellement des actions ou des gestes que l’homme mène au quotidien : l’automatisation de certaines tâches, la traduction, le tri et l’analyse de données… Quand on assemble ces différentes techniques, cela donne des innovations comme le véhicule autonome.

Beaucoup de salariés perçoivent davantage l’IA comme une menace pour leur emploi que comme une opportunité…
C.D.
Oui, et c’est tout à fait normal car ils entendent parler de l’IA dans la presse grand public, qui montre comment elle révolutionne le monde, la ville ou encore l’agriculture, et non dans leur entreprise alors qu’elle l’utilise sûrement déjà. Cela crée une peur légitime d’être remplacé par un robot. L’IA fait d’autant plus peur qu’elle est invisible : vous en trouvez dans les smartphones, en surfant sur Internet, qu’il s’agisse des réseaux sociaux ou des moteurs de recherches… J’estime que les entreprises ont une responsabilité sociétale à parler de l’IA en interne. Il doit y avoir une acculturation pour montrer l’impact sur les métiers et éveiller l’esprit critique de chacun, même en tant que “non scientifique”. Cela permettra aux collaborateurs de dédramatiser, mais aussi de s’en emparer et de participer à des projets d’IA afin d’être au cœur de la transformation de leur métier au lieu de la subir et donc de monter en compétences pour rester employables.

Quelles compétences sont indispensables selon vous pour faire face à cette montée de l’IA ?
C.D. Ce que l’IA veut nous voler, c’est notre attention ! Il faut donc développer des compétences de centrage et garder la maîtrise de son temps pour réfléchir. C’est notre valeur ajoutée, ce qui fait notre humanité. Si on se laisse déconcentrer, on sera inefficace et on se fera également manipuler par l’IA. Pour développer son attention, une des clés est de travailler de façon séquentielle. Arrêtons d’être uniquement dans la réaction, gardons en tête nos priorités. Il me semble enfin fondamental de travailler sa mémoire. Mémoriser est une étape clé dans l’art d’élaborer un raisonnement. Tout cela permettra de valoriser notre différence avec la machine et de trouver de nouveaux équilibres.

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Diplômée de Sciences-Po Paris, Fabienne Broucaret a fondé My Happy Job en 2016. Elle en a été la rédactrice en chef jusque fin 2022. Conférencière et journaliste, elle a écrit "Mon Cahier Happy at Work" (Solar) et "Télétravail" (Vuibert). Elle a aussi co-écrit “2h chrono pour déconnecter (et se retrouver)” avec Virginie Boutin (Dunod). Passionnée par les questions de mixité, elle est enfin l’auteure des livres "Le sport, dernier bastion du sexisme ?" et "A vos baskets toutes ! Tour de France du sport au féminin" (Michalon).

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