Le groupe britannique Gardner Aerospace possède un site à Mazères, en Ariège, un centre d’excellence pour la chaudronnerie en métaux durs et l’assemblage complexe, qui fournit notamment des pièces à Airbus. Patrick Lagrange, directeur des opérations, nous raconte sa collaboration avec la start-up toulousaine Makiba pour développer le travail assis-debout dans les bureaux et en usine.

Comment Gardner Aerospace agit en faveur de la qualité de vie au travail de ses collaborateurs à Mazères ?
Patrick Lagrange.
Nous avons engagé un projet QVT depuis un peu plus de trois ans. Il est issu des remontées de nos instances représentantes du personnel. Nous avons mis en place plusieurs groupes de travail et identifié des axes d’amélioration pour notre personnel de production, mais aussi pour notre personnel administratif. Nous avons mis en place de nouveaux rituels de communication, via notamment des supports standardisés et en cours de numérisation. Nous avons aussi proposé une boîte à idées, pour recueillir au travers de consultations périodiques de nos collaborateurs, les irritants de leur quotidien et développer des plans d’actions. Nous avons, par exemple, opté pour des parois vitrées afin de réduire le bruit dans l’open-space. Nous avons valorisé nos collaborateurs de production au travers de photos d’opérations de production, disposées partout dans l’entreprise, pour accroître le sentiment d’appartenance à une industrie qui reconnait ainsi l’expertise manuelle. Une manière d’améliorer le mieux-être tout en valorisant le travail de nos équipes et leurs savoir-faire.

Qu’avez-vous entrepris en matière d’ergonomie ?
P.L.
Dans les bureaux, c’est d’abord les sièges qui ont concentré toute notre attention. Nous avons réalisé de nombreux essais, puis surélevé les ordinateurs pour éviter les reflets sur les écrans. Nous avons aussi testé des bureaux à hauteur variable, mais soit ils n’étaient pas confortables soit ils étaient hors budget. La start-up toulousaine Makiba nous a alors proposé une solution qui nous a permis de garder notre mobilier. Nous avons en effet conservé les plateaux des bureaux, mais installé de nouveaux pieds électriques réglables en hauteur. Une commande, dotée de plusieurs mémoires de positions, permet de monter ou descendre le bureau.

Quelles en sont les vertus ?
P.L. J’ai fait partie des premières personnes à expérimenter cette solution. Personnellement, en alternant le travail debout et assis depuis plusieurs mois, je n’ai quasi plus de lumbago. Les effets physiologiques sont réels, mais les impacts vont bien au-delà. La posture debout dynamise, par exemple, nos réunions qui sont désormais plus courtes et plus efficaces. Nous avons une meilleure attention. Avec notre activité industrielle, cela nous permet aussi d’avoir les pièces sous les yeux, ce qui est beaucoup plus pratique.

Allez-vous généraliser cette solution ?
P.L. Suite à notre enquête de satisfaction très positive, nous allons accroître le nombre de postes ainsi configurés, dans les bureaux et dans l’usine. Nous sommes en effet en train de tester une solution pour moduler en hauteur les postes de perçage et donc alterner les positions de travail pour un même geste. Au final, beaucoup plus de personnes seront concernées que ce que nous imaginions au départ !

 

Le témoignage de Nicolas Fabries, co-fondateur de Makiba : « Nous aimons redonner de la valeur au mobilier existant. Cela permet de conserver l’harmonie des bureaux, et c’est bon pour la planète. Cela permet également de démocratiser les postes de travail assis-debout, notamment dans les PME, car notre technologie s’adapte à tout type et taille de mobilier. Le personnel de bureau est souvent laissé pour compte dans la prévention des TMS. Or, les risques liés à la sédentarité sont importants, tout comme ceux liés au travail sur écran. Ce n’est pas à la personne de s’adapter au mobilier, mais l’inverse ! Avoir un bureau modulable n’est pas un gadget. Pour vous en convaincre, pourquoi ne pas commencer par équiper les espaces partagés comme les salles de réunion ? Cela permettra au plus grand nombre d’expérimenter le travail debout sans avoir à équiper un grand nombre de postes. Au-delà des bénéfices pour la santé, alterner les positions de travail permet vraiment de séquencer les journées, certaines tâches s’effectuant facilement debout. Cela apporte une nouvelle liberté de mouvement et d’état d’esprit. Debout, les échanges se font spontanément, la collaboration est facilitée. »

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Diplômée de Sciences-Po Paris, Fabienne Broucaret a fondé My Happy Job en 2016. Elle en a été la rédactrice en chef jusque fin 2022. Conférencière et journaliste, elle a écrit "Mon Cahier Happy at Work" (Solar) et "Télétravail" (Vuibert). Elle a aussi co-écrit “2h chrono pour déconnecter (et se retrouver)” avec Virginie Boutin (Dunod). Passionnée par les questions de mixité, elle est enfin l’auteure des livres "Le sport, dernier bastion du sexisme ?" et "A vos baskets toutes ! Tour de France du sport au féminin" (Michalon).

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