Vérifier ses mails plusieurs fois par heure, regarder son téléphone dès qu’une notification apparaît, surfer sur les réseaux sociaux machinalement, interrompre systématiquement une tâche en cours pour prendre un appel… Tout cela vous parle ? Il est peut-être temps de réfléchir à votre relation au numérique. Attention, la technologie n’est pas un problème en soi, c’est la façon dont on s’en sert qui peut le devenir. Interview de Coco Brac de la Perrière, créatrice du programme de méditation “Digital Détox” de l’appli Petit BamBou (1) et auteure de Tout est sérieux mais rien n’est grave (2), pour prendre du recul et, surtout, reprendre le contrôle.

Quelles sont les conséquences de l’hyper-connexion ?

Elles sont multiples ! L’hyper-connexion crée, tout d’abord, une impression de saturation et une surcharge qui pèse sur le cerveau. C’est ce que l’on appelle l’infobésité. Elle entraîne aussi une porosité croissante entre vie pro et vie perso, une baisse de la concentration (nous sommes interrompus, en moyenne, toutes les 7 minutes au travail, et mettons une minute à retrouver le fil de nos pensées) et de la qualité de nos relations humaines. Enfin, elle augmente notre niveau de stress. Saviez-vous, exemple, que notre rythme cardiaque augmente de 38% quand on attend le téléchargement d’une page web ?

Quels autres effets sur la santé ?

Il y a des répercussions sur la qualité du sommeil, notamment si vous vous servez d’un écran juste avant de vous endormir, à cause de la lumière bleue. Mais aussi sur les yeux et sur le dos à cause de la mauvaise posture. Regarder votre téléphone en ayant la nuque vers l’avant est très usant. On constate aussi parfois une vraie addiction. Comme les fumeurs, on a conscience de la nécessité d’arrêter, mais on est incapable de le faire.

Quels sont les signes de la dépendance ?

Si vous avez peur de rater des informations en lâchant votre portable (le syndrome de la main vide, aussi appelé “nomophobie”), si vous ne décrochez pas à table ou lors d’un apéro entre amis, si vous consultez vos mails de manière compulsive, si vous regardez une appli pour savoir le temps qu’il fait en sortant de votre lit au lieu de regarder par la fenêtre, si vous êtes encore sur votre smartphone ou votre tablette après minuit, si vous préférez faire demi-tour parce que vous avez oublié votre portable plutôt que de passer une journée (ou quelques heures) sans, si vous abrégez une tâche pour regarder une notification, si vous vous disputez à cause de votre téléphone, si vous le laissez toujours sur la table lors d’une réunion, si vous vous en servez comme d’un doudou ou d’un refuge, si vous entendez des vibrations fantômes…

Comment la méditation peut-elle nous aider à déconnecter ?

La pratique de la pleine conscience aide à prendre du recul et à reprendre le contrôle. L’important est de vous servir de votre smartphone quand vous l’avez décidé, et de ne plus subir un flot continu. La méditation aide à muscler l’attention et à se la réapproprier. L’idée est de sortir du mode “pilotage automatique”, de retrouver du temps, de développer sa mémoire, de se reconnecter à son corps, à ses émotions et à ses sensations, de prêter plus attention à ceux qui nous entourent. En réunion, faites un jeu : après quelques minutes, demandez-vous comment sont habillés vos collègues… Avez-vous prêté attention à leurs tenues, à la couleur de leurs vêtements, à leurs bijoux ?

Quels seraient vos conseils pour s’y mettre ?

Faites la liste de ce que vous n’avez plus envie de vivre, de ce que vous voulez mettre en place pour que les choses changent. Il s’agit d’établir des règles de conduite : interdire le téléphone dans la chambre ou en réunion, déterminer deux moments dans la journée pour consulter et répondre aux mails (au lieu de vous interrompre pour le faire en continu), etc. Réfléchissez à ce qui est vraiment urgent, ou pas. Entraînez-vous en déconnectant une heure de temps en temps, puis une demi-journée par mois. Le but n’est pas de se passer de la technologie, mais de développer une relation plus sereine. Sans culpabiliser ou vous juger.

(1) Au menu : 8 séances de méditation de 18 minutes. Plus d’infos sur le site de Petit BamBou.
(2) Mazarine. Plus d’infos : www.cocobracdelaperriere.com

Pour ne rater aucune actualité en matière de qualité de vie au travail, inscrivez-vous à la newsletter de My Happy Job, parcourez nos hors-séries thématiques  et découvrez notre annuaire du bien-être au travail.

A lire aussi :
“Se réapproprier son temps, c’est passé d’un ressenti de temps subi à un ressenti de temps choisi”
La pleine conscience a-t-elle sa place en entreprise ?

Article précédent“Nous sommes tous des personnes d’influence”
Article suivantLes salariés de Rémy Cointreau, acteurs dans le changement des locaux
Diplômée de Sciences-Po Paris, Fabienne Broucaret a fondé My Happy Job en 2016. Elle en a été la rédactrice en chef jusque fin 2022. Conférencière et journaliste, elle a écrit "Mon Cahier Happy at Work" (Solar) et "Télétravail" (Vuibert). Elle a aussi co-écrit “2h chrono pour déconnecter (et se retrouver)” avec Virginie Boutin (Dunod). Passionnée par les questions de mixité, elle est enfin l’auteure des livres "Le sport, dernier bastion du sexisme ?" et "A vos baskets toutes ! Tour de France du sport au féminin" (Michalon).

2 Commentaires

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici