Le 11 février dernier, le philosophe Fabrice Midal, auteur de “Foutez-vous la paix” (1), et Tal Ben Shahar, célèbre professeur du bonheur à Harvard, auteur de “Choisir sa vie” (2), ont animé, à Paris, une journée mêlant psychologie positive et méditation. L’occasion de croiser leurs regards sur le bien-être au travail.

Votre définition du bonheur au travail.

Fabrice Midal. « Etre au cœur de ce que l’on fait, et ne faire qu’un avec ce que l’on entreprend. Etre dans un tel état de présence permet de se découvrir des ressources insoupçonnées. »

Tal Ben Shahar. « Pour être heureux, il faut trouver du sens dans son travail, s’y sentir bien physiquement et émotionnellement, qu’il soit intéressant intellectuellement et avoir de bonnes relations humaines. »

Le meilleur conseil que vous ayez reçu.

Fabrice Midal. « Fais ce que tu aimes ! C’est le plus puissant des moteurs. Nous sommes tous uniques et différents donc les conseils du type « Fais ci – Fais pas ça » sont inutiles. »

Tal Ben Shahar. « Trouve ce qui a le plus de sens pour toi, et fais-le ! On m’a donné ce conseil quand j’ai eu mon premier diplôme universitaire et que j’hésitais entre le management et la psychologie. »

Votre bureau idéal.

Fabrice Midal. « J’ai mis longtemps à le faire. C’est mon espace de concentration, une sorte de laboratoire qui rassemble les conditions idéales pour se mettre au travail. J’ai autour de moi tous les livres dont j’ai besoin, ils me permettent d’avoir une pensée juste et de la replacer dans une histoire grâce à tout ce qu’ils portent. Mon bureau est situé dans une tour, avec une grande baie vitrée. Il y a ainsi beaucoup de lumière naturelle, et une belle vue sur le ciel. Tout ce que j’aime. »

Tal Ben Shahar. « Depuis quelques années, j’aime beaucoup travailler en marchant quand je n’ai pas besoin de mon ordinateur. Cela permet de prendre l’air, de faire un peu d’exercice. J’aime aussi travailler dans un café. L’important, pour moi, ce n’est pas tant le lieu où je travaille mais plutôt les personnes qui m’entourent. J’aime avoir des gens que j’apprécie autour de moi. »

Votre mantra.

Fabrice Midal. « Fous-toi la paix ! S’enlever la pression que l’on se met permet d’être pertinent, d’avoir les bonnes idées au bon moment, d’être plus disponible et créatif. »

Tal Ben Shahar. « Apprends à échouer ou échoue à apprendre. J’insiste beaucoup là-dessus auprès de mes étudiants : il faut accepter ses erreurs, mais aussi apprendre de ses erreurs. Je n’hésite pas à leur parler de mes propres échecs pour incarner ce que je dis. »

Une journée de travail réussie c’est…

Fabrice Midal. « Une journée qui se passe comme je l’avais prévu, mais qui laisse aussi place à l’imprévu, à l’inconnu. J’aime quand quelque chose de neuf s’est passée. Il peut s’agir d’une rencontre, d’une pensée nouvelle, d’une parole spontanée lors d’une conférence… Tout cela contribue à me donner le sentiment d’une journée réussie. »

Tal Ben Shahar. « Une journée où je me suis complètement plongé dans une activité, et trouvé dans un état maximal de concentration, de plein engagement et de satisfaction. C’est ce que l’on appelle le flow, cet état où l’on est totalement absorbé par ce que l’on fait. Une journée réussie, c’est aussi quand j’ai contribué au bien-être de quelqu’un, parfois même un simple sourire fait la différence ! »

Votre arme antistress.

Fabrice Midal. « Faire une pause, m’arrêter. Pour moi, cela passe par la méditation. C’est indispensable, surtout quand on est très occupé et que l’on n’a pas vraiment envie de s’arrêter. Cela demande de la discipline, mais après, on a toujours un nouveau regard sur ce que l’on était en train de faire. »

Tal Ben Shahar. « Bouger ! Ne serait-ce que faire 20 pas autour de mon bureau, c’est beaucoup mieux que de rester assis. »

Votre plus grande fierté.

Fabrice Midal. « Je suis fier, qu’au quotidien, les gens avec qui je travaille soient heureux, que notre collaboration donne du sens à leur vie et les aide à s’accomplir. »

Tal Ben Shahar. « Je suis fier d’avoir essayé plein de choses, certaines ont marché, d’autres pas, mais je continue encore et toujours à essayer ! »

L’échec qui vous a le plus appris.

Fabrice Midal. « Je n’ai jamais l’impression d’avoir vraiment échoué, tout est relatif ! Et une chose est sûre, il y a des choses à apprendre de toutes les situations de la vie. »

Tal Ben Shahar. « Quand j’ai commencé ma carrière d’auteur, j’ai présenté mon premier livre à plus de 30 éditeurs ! J’ai ensuite pris des cours d’écriture pour m’améliorer. »

La personne qui vous inspire.

Fabrice Midal. « L’hypnothérapeute et penseur François Roustang. J’ai passé du temps avec lui à la fin de sa vie, c’était quelqu’un d’exemplaire, d’une infinie bienveillance et en même temps impitoyable. C’est l’être le plus impressionnant que j’ai rencontré dans ma vie. Il m’a vraiment permis de comprendre que ce geste de se foutre la paix était essentiel pour devenir vivant, que c’était un geste libérateur. »

Tal Ben Shahar. « Anita Roddick, la fondatrice de Body Shop. C’était une businesswoman avec une éthique forte. Nous nous sommes rencontrés à plusieurs reprises, j’ai beaucoup regardé ses interviews et apprécié son livre Business as unsual. »

Le livre qui vous a le plus fait avancer.

Fabrice Midal. « Sans hésiter, Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke. Ce livre est un véritable guide spirituel dont je ne cesse de me nourrir. Rilke, dont la spiritualité est enracinée dans le quotidien, nous invite à chercher et à cultiver ce qui nous importe vraiment dans la vie et que l’on a souvent perdu. Il nous offre aussi une magnifique méditation sur la splendeur de l’amour, y compris érotique, et sur l’art d’aimer. Un art qui, insiste-t-il, s’apprend. Ses lettres, très accessibles, en proposent la quintessence. Je les vois comme un appel à retrouver l’inspiration amoureuse. »

Tal Ben Shahar. « The how of happiness de Sonia Lyubomirsky. Elle y donne de très bons conseils, tous basés sur la science, pour être plus heureux. »

(1) Flammarion.
(2) Pocket.

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Diplômée de Sciences-Po Paris, Fabienne Broucaret a fondé My Happy Job en 2016. Elle en a été la rédactrice en chef jusque fin 2022. Conférencière et journaliste, elle a écrit "Mon Cahier Happy at Work" (Solar) et "Télétravail" (Vuibert). Elle a aussi co-écrit “2h chrono pour déconnecter (et se retrouver)” avec Virginie Boutin (Dunod). Passionnée par les questions de mixité, elle est enfin l’auteure des livres "Le sport, dernier bastion du sexisme ?" et "A vos baskets toutes ! Tour de France du sport au féminin" (Michalon).

13 Commentaires

  1. Inspirant ! Merci pour cet article qui fait du bien et qui montre qu’il y a plusieurs façons d’être bien dans son job. On sent en effet quelques différences fondamentales dans les réponses des deux interviewés et c’est ça qui fait la richesse. Trouver notre propre chemin grâce aussi à quelques défrichages qui ont été faits avant nous !
    Merci pour cet article

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