Le vendredi 6 octobre 2023, se tient la journée nationale des aidants. L’occasion de rapppeler que de plus en plus de salariés sont concernés, sur fond de rallongement des carrières et de vieillissement de la population. Pourtant, ces salariés ne parviennent pas toujours à mettre un mot sur leur situation. Aux entreprises de fixer des règles valables pour tous et comprises de tous.

Il y aurait aujourd’hui entre 8 et 11 millions d’aidants en France et, plus précisément, 20 % des salariés français impactés par la perte d’autonomie d’un proche et contraints de l’assister au quotidien. Selon les études Agirc-Arrco, ce chiffre atteindra 25 %, soit un collaborateur sur quatre d’ici 2030. Autre donnée qui va dans le même sens, plus de 7 actifs non-aidants sur 10 considèrent qu’ils seront concernés par une telle situation dans les 5 ans à venir, d’après le Baromètre Aider et Travailler 2023 Interfacia, Groupe Vyv, ANPP, LabRH et Tilia, dévoilé en septembre. « En tant qu’actifs, nous savons que nous serons amenés à être aidants plusieurs fois au cours de notre vie et même plusieurs fois au cours de notre carrière », renchérit Lydie Recorbet, chargée de mission RH et RSE au sein de l’Orse (Observatoire de la RSE). Sans oublier la possibilité d’être aidant de plusieurs personnes en même temps… Pourquoi ? Bien sûr, le rallongement des carrières et le vieillissement de la population entrent en jeu. Pour l’experte de l’Orse, c’est aussi parce que la cellule familiale a changé et s’est étendue : « On peut être amené à être aidant d’un parent, d’un beau-parent voire d’un ex beau-parent. Certains vont même s’occuper d’un ami ou d’un voisin. »

Choisir parmi un panel d’outils

Pour les entreprises, l’enjeu est donc fort, que ce soit tant pour des raisons démographiques que de carrière. « Il y a aussi un sujet d’usure professionnelle et de prévention santé », glisse Lydie Recorbet. En effet, toujours selon le Baromètre Aider et Travailler 2023, 66 % des salariés aidants considèrent que leur situation a un impact négatif sur leur travail. Heureusement, la mise en place de dispositifs adaptés, et notamment du télétravail, a permis d’alléger leur quotidien même si des solutions restent encore à trouver pour deux tiers d’entre eux. « En premier lieu, il faut de l’aménagement du temps de travail et de l’organisation du travail. Les aidants cherchent de la flexibilité, pas de l’absence qui est souvent synonyme de perte de salaire. Surtout que l’aidance suppose souvent un coût, un reste à charge pour l’aidé comme pour l’aidant, intervient Lydie Recorbet. On observe beaucoup de modalités autour du télétravail, bien sûr, mais il faut qu’il soit bien employé. Il nécessite une bonne communication avec les managers et le reste de l’équipe pour indiquer quand est-ce qu’on est disponible, par exemple. » L’écueil ? Que le télétravail soit perçu comme une absence déguisée. De même, la semaine de 4 jours peut être une solution pour les salariés aidants, même si elle suppose souvent que le travail soit alors compressé en un temps réduit. « C’est pourquoi certains aidants sont à l’aise avec ce dispositif, d’autres moins, mentionne Lydie Recorbet. En somme, il faut que les entreprises puissent composer un panel d’outils. Souvent, elles ne partent pas de rien car, quand elles travaillent sur les questions de parité femme/homme ou sur la petite enfance, elles ont déjà abordé ces questions-là. L’enjeu, c’est de les étendre aux aidants et de savoir comment le faire. Il s’agit d’appliquer des dispositifs collectifs à des situations très individualisées. »

Une méconnaissance qui persiste

Le Baromètre Aider et Travailler précise, de son côté, que plus de 6 responsables des ressources humaines sur 10 (64 %) indiquent avoir mis en place des actions pour adresser la problématique de l’aidance. Des actions reconnues par les collaborateurs puisque 66 % d’entre eux disent que leur entreprise prend en compte leur situation, soit 10 points de plus qu’en 2020. Toutefois, paradoxalement, le mot « aidance » n’est pas toujours appliqué à sa juste mesure. « Même si le sujet a pris de l’ampleur ces dernières années, il arrive que les aidants ne se reconnaissent pas en tant que tels. Aussi, le non-recours aux droits dont ils pourraient bénéficier reste fréquent (que ce soit des droits légaux ou extra-légaux) », souligne Lydie Recorbet. Une méconnaissance avérée du phénomène jusqu’auprès des responsables RH : 40 % des responsables RH rencontrent des difficultés à s’en saisir, le sujet ne faisant d’ailleurs même pas partie du dialogue social au sein de leur organisation selon 59 % d’entre eux.

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Diplômée en lettres modernes, Céline Tridon a suivi une formation en journalisme à l’IPJ. Elle y a confirmé son envie de travailler pour la presse écrite et web, souhait exaucé à travers la collaboration avec différents supports sur les thématiques « entreprise », « monde du travail », « management » et « RSE ». En 2023, elle reprend la rédaction en chef de My Happy Job.

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