92% des salariés français considèrent que l’équilibre des temps consacrés à la vie professionnelle et à la vie personnelle est un sujet important, voire très important, et 72 % disent « manquer de temps » au quotidien (1). Parmi eux, beaucoup de parents ! Charge mentale élevée, course permanente, épuisement… Comment les entreprises peuvent-elles accompagner les parents pour les aider à tout concilier ? Loin d’être un sujet anecdotique, la parentalité en entreprise est aujourd’hui un enjeu majeur pour attirer et fidéliser les talents, mais aussi pour favoriser l’égalité homme-femme. Voici des conseils, des témoignages et des bonnes pratiques RH pour vous en emparer (2).

On assiste depuis quelques années à une libération de la parole sur le sujet de la parentalité au travail. “Les évolutions sociétales ont des répercussions sur les entreprises, estime Mélanie Nabucet, responsable RH chez Morning. Qu’il s’agisse de la PMA ou encore du silence des trois premiers mois de grossesse, les tabous tombent”.

1° Le soutien à la parentalité en entreprise est une attente forte des salariés (et pas seulement des femmes !)

Comme pour le télétravail ou la quête de sens, la crise du Covid-19 a exacerbé une tendance déjà présente. Lors des confinements notamment, sphère privée et sphère professionnelle se sont trouvées imbriquées. Une porosité qui dure avec la généralisation du télétravail et du modèle hybride. Mais la crise a aussi placé la conciliation des temps de vie sur le podium des aspirations des collaborateurs, et pas seulement des jeunes. On constate un vrai changement du rapport au travail et des priorités.

“Ce sont les personnes qui font une entreprise, aux entreprises de s’adapter aux besoins et aux aspirations de leurs salariés, encourage Pascal Van Hoorne, expert en parentalité et équilibre de vie, fondateur d’histoiresdepapas.com. Beaucoup de pères souhaitent désormais prendre pleinement leur place. Cela ne peut pas se faire sans un changement de culture dans certaines entreprises et d’habitudes. La crise a fait gagner beaucoup d’entreprises en maturité sur ce sujet. Il m’arrive d’intervenir dans des groupes industriels ou du secteur du BTP, ce qui était encore impensable il y a peu !”.

2° La parentalité est un sujet transgénérationnel

“La parentalité en entreprise n’est plus un sujet qui concerne seulement les femmes enceintes et la gestion du congé maternité, il faut accompagner les salariés dans tout le cycle de la parentalité, explique Pamela Corbin-Audoux, People Engagement Director chez Doctolib. Cela veut dire soutenir les jeunes parents, avec par exemple des places en crèche, mais pas seulement : les parents d’ados sont confrontés à d’autres problématiques. Nous organisons chaque année un Kids Day très appréciés des petits comme des grands.”

Label family friendly company doctolib

La semaine de la parentalité, le soutien aux familles monoparentales, des conférences thématiques… Les idées ne manquent pas. Voici trois initiatives intéressantes :

– La Banque de France prend en charge les frais de garde supplémentaires occasionnés par des réunions ou des déplacements professionnels pour les enfants de moins de 14 ans.

– Casino organise des ateliers pour les aidants et les parents. Programmés à l’heure du déjeuner, animés par des experts externes, ils permettent des échanges libres et ciblés sur des thématiques telles que «  Au secours mon enfant est devenu ado  », « L’arrivée d’un enfant, gardez l’équilibre » ou « Papa, maman écoutez ce que je ne dis pas ».

– La Poste donne la priorité en matière de congé aux parents divorcés ayant la garde de leur enfant en âge de scolarité obligatoire, pendant les vacances scolaires.

3° Il existe des labels, des guides et des chartes pour aider les entreprises

Connaissez-vous le Parental Challenge ? Il s’agit d’un guide pratique contenant 100 actions à lancer, dont deux tiers à coût zéro, des exemples concrets de mesures mises en places par d’autres entreprises, des rappels du cadre légal… A cela s’ajoute une charte rassemblant 12 mesures issues du guide et très accessibles pour que toutes les organisations (entreprises, administrations, associations…) puissent commencer à agir dès demain ! De nombreuses entreprises ont déjà rejoint le mouvement : Payfit, ManoMano, Veja, Ulule, Morning, So Press, Chance…

Parental challenge guide et charte

4° La prise du congé paternité est un enjeu clé

L’allongement du congé pour le deuxième parent, adopté en France en juillet 2021 grâce, notamment, au mouvement du Parental Act, est une avancée majeure pour favoriser l’égalité homme-femme. Mais la prise du congé paternité par les jeunes pères demeure étonnamment stable depuis 20 ans : près d’un jeune père sur trois n’y recourt toujours pas. Alix Sponton, chercheuse à l’OSC – Sciences Po et à l’INED, vient de publier une analyse fort intéressante des freins limitant encore le recours au congé paternité chez les jeunes pères :

  • Alors que près de 90 % des jeunes pères salariés en CDI recourent au moins partiellement au congé de paternité, seuls 65 % des CDD et 33 % des indépendants l’utilisent.
  • Les pères ayant moins d’un an d’ancienneté dans l’entreprise ont 3 fois moins de chances de recourir au congé de paternité que ceux étant présents depuis 2 ans ou plus.
  • Des écarts s’observent selon la taille des entreprises avec un taux de recours de 88 % dans les entreprises de plus de 200 salariés contre 79 % pour celles de moins de 50 salariés.
  • Ils s’observent aussi modérément entre catégories socioprofessionnelles : un recours au dispositif moindre pour les ouvriers (77 %) et professions intermédiaires (79 %) que pour les cadres (83 %) et les employés (87 %).
  • C’est le facteur revenu qui engendre les écarts les plus importants dans le recours ou non au congé paternité et cela aux deux extrémités de l’échelle : ainsi le recours est au plus bas (67 %) pour les 20 % des pères les plus modestes, il atteint un pic (98 %) pour ceux dont le revenu est compris entre 2 500 € et 2 900 € et chute à 73 % pour les 10 % les mieux rémunérés.

5° S’emparer du sujet de la parentalité a des retombées positives pour tous les salariés

Flexibilité dans les horaires et l’organisation du travail, fort développement du télétravail, arrêt des réunions tardives ou trop matinales, alternance entre des afterworks, des déjeuners ou des petits-déjeuners d’équipe, le droit à la déconnexion… Les initiatives aidant les parents à mieux concilier vie pro et vie perso sont bénéfiques pour tous les salariés, qu’ils aient des enfants ou non. Elles contribuent à la baisse du turn-over ou de l’absentéisme, et sont sources d’engagement.

Bonus. Les conseils de nos intervenants pour les RH ? La mise en place d’une bonne communication sur les droits de chacun et le cadre légal (en termes de congés, etc.), la formation et l’accompagnement des managers, notamment dans la manière d’accueillir l’annonce d’une grossesse ou d’une adoption (oui c’est une bonne nouvelle avant de penser à l’organisation du congé parental !), l’exemplarité des dirigeants et top managers (par exemple dans la prise du congé paternité), la valorisation de rôle modèles…

(1) Le Baromètre OPE de la Conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle, 2019.

(2) Envie d’aller plus loin ? Regardez le replay de notre webinaire qui a inspiré cet article : https://app.moodwork.com/fr/webinars/a1257200

webinaire parentalité en entreprise

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Diplômée de Sciences-Po Paris, Fabienne Broucaret a fondé My Happy Job en 2016. Elle en a été la rédactrice en chef jusque fin 2022. Conférencière et journaliste, elle a écrit "Mon Cahier Happy at Work" (Solar) et "Télétravail" (Vuibert). Elle a aussi co-écrit “2h chrono pour déconnecter (et se retrouver)” avec Virginie Boutin (Dunod). Passionnée par les questions de mixité, elle est enfin l’auteure des livres "Le sport, dernier bastion du sexisme ?" et "A vos baskets toutes ! Tour de France du sport au féminin" (Michalon).

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