Le travail hybride, en s’imposant comme le nouveau modèle organisationnel, s’accompagne de responsabilités étendues pour les entreprises autour de la santé mentale et physique des salariés.

JLL a mené une étude intitulée “Le bureau régénérant, pour des salariés épanouis et engagés durablement” auprès de 3 000 salariés dans le monde, en collaboration avec un anthropologue, pour comprendre les interdépendances entre santé, bien-être et performance. Voici l’éclairage de Flore Pradère, Directrice Recherche de JLL.

Comment définissez-vous le bureau régénérant ?
Flore Pradère. C’est un bureau qui restaure le niveau d’énergie des salariés. L’idée est de créer un cercle vertueux pour éviter que les salariés finissent leurs journées de travail lessivés et épuisés. Cela semble primordial quand on sait que 42% des salariés ne se sentent pas « énergisés » au travail aujourd’hui.

Qu’est-ce que la crise a changé selon vous ?
F.P. La pandémie a révélé au grand jour la nécessité d’une approche holistique en matière de santé et de bien-être. La crise a aussi mis en avant la responsabilité de l’employeur. Les sujets d’équilibre vie pro – vie perso et de bien-être ne sont plus réservés à la sphère privée. C’est une vraie rupture. Les salariés attendent désormais de leur entreprise qu’elle agisse pour garantir leur santé physique et mentale qu’ils soient au bureau ou en télétravail. Les deux sont sources d’opportunités et de risques. Or, 40% des salariés ne se sont pas sentis soutenus par leur employeur pendant la crise sanitaire et 64% souhaitent pouvoir partager leurs vulnérabilités plus librement. Ils veulent bénéficier d’une meilleure sécurité psychologique lorsqu’ils expriment leurs difficultés et inquiétudes.

Quels sont les autres chiffres marquants de votre étude ?
F.P. Le premier sujet clé est celui de la reconnaissance : 50% des salariés affirment que le temps et les efforts consacrés à leur entreprise durant cette période n’ont pas été suffisamment reconnus ou récompensés. Ensuite, l’attractivité des entreprises est remise en question : 43% ne sont plus considérées comme des entreprises où il fait bon travailler. 26% des salariés pensent désormais à aller voir ailleurs. Ce changement de regard doit susciter de vraies prises de conscience de la part des employeurs pour éviter un fort turn-over.

En quoi les bureaux peuvent être source d’épanouissement et de bien-être au travail ?
F.P. Il existe trois piliers qui sont très liés entre eux pour favoriser la qualité de vie au travail : la santé mentale, la santé physique et la dimension sociale. Concrètement, cela passe par des espaces confortables et inclusifs permettant de (re)synchroniser les salariés et de cultiver le sentiment d’appartenance. On parle désormais de bureau totem. Cela veut aussi dire de proposer des salles de repos pour permettre aux salariés de prendre du temps pour eux pendant leur journée de travail. Ainsi, 48% des sondés souhaitent avoir accès à des espaces de relaxation lorsqu’ils vont au bureau. Autre dimension importante : avoir des lieux conviviaux pour susciter des rencontres, des échanges informels et de la sérendipité. Les bureaux deviennent de vrais hubs sociaux.

Quels seraient vos premiers conseils pour les entreprises qui sont aujourd’hui en pleine réflexion par rapport à leurs locaux ?
F.P. Il faut s’interroger sur les usages liés à chaque espace et sur les nouveaux usages post crise, mais aussi sur le trafic et la fréquentation : certains jours sont désormais désertés au bureau, alors que d’autres sont saturés. Quels sont les lieux sous ou mal utilisés ? Sonder les salariés est une bonne idée, mais elle ne suffit pas. Il y a toute une dimension collective à prendre en compte. Réaliser un pilote avec des multiples scénarios permet de tester de nouvelles fonctionnalités ou encore d’expérimenter le flex office.

Quel serait l’écueil à éviter ?
F.P. Réduire trop vite le nombre de m2, il ne faudrait pas revenir à des bureaux repoussoirs !

Envie d’aller plus loin ? Téléchargez l’étude de JLL : www.jll.fr/fr/etudes-recherche/recherche/Le-bureau-regenerant

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Diplômée de Sciences-Po Paris, Fabienne Broucaret a fondé My Happy Job en 2016. Elle en a été la rédactrice en chef jusque fin 2022. Conférencière et journaliste, elle a écrit "Mon Cahier Happy at Work" (Solar) et "Télétravail" (Vuibert). Elle a aussi co-écrit “2h chrono pour déconnecter (et se retrouver)” avec Virginie Boutin (Dunod). Passionnée par les questions de mixité, elle est enfin l’auteure des livres "Le sport, dernier bastion du sexisme ?" et "A vos baskets toutes ! Tour de France du sport au féminin" (Michalon).

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