Comme porter le masque en période de Covid, mettre en place des mesures de prévention (formations ou aménagements des conditions de travail notamment) peut permettre de se sentir mieux au travail. La prévention aide aussi à prévenir le stress et à éviter que des situations conflictuelles ne dégénèrent.

Porter le masque pour se prémunir du Covid est entré progressivement dans les habitudes des Français ces trois dernières années… Certains comportements peuvent, de la même manière, permettre d’éviter des problèmes de santé. Ce qui est vrai pour la prévention d’une maladie respiratoire l’est tout autant sur bien des sujets de santé, et notamment de santé au travail.

L’employeur est responsable de la sécurité et doit assurer la sécurité physique et mentale de ses salariés, « mais la question n’est pas binaire », souligne d’emblée Noémie Le Menn, psychologue du travail et coach. « La santé n’est pas seulement le fait de ne pas être malade, c’est aussi le fait d’être en joie, d’avoir de l’appétit pour son travail, du désir, de l’enthousiasme et de s’y épanouir », analyse la psychologue, qui a participé en 2022 à une étude de CapTerra sur l’état des lieux de leur santé mentale en entreprise. « Il y a trente ans, dire qu’un salarié heureux au travail était plus performant paraissait dingue, on me demandait ce que j’avais fumé (!). Aujourd’hui, plus de 339 études l’ont prouvé : il y a un consensus », se réjouit Noémie Le Menn.

Les entreprises ont intérêt à s’occuper de la santé et de l’état d’esprit de leurs collaborateurs pour éviter l’absentéisme, encourager la créativité et l’engagement de tous. Les études le montrent : la mise en place d’une politique de bien-être contribue à la réduction des risques professionnels notamment psycho-sociaux et permet d’agir sur l’ambiance et la motivation dans le travail.

Comment faire ? La réponse dépend de chaque entreprise, de chaque équipe et de chaque individu. Il n’existe pas de recette miracle. « Les entreprises ont ramé pour préserver la santé physique et mentale de leurs salariés pendant ces années de Covid, tout le monde sort essoré : c’est le moment de se poser la question ! », encourage la psychologue qui a réfléchit à quelques pistes de réponses.

Que peut-on améliorer ?

« Le mieux est de demander aux gens ce qui leur faudrait pour que ça aille encore mieux, sans attendre que ça aille mal, résume-t-elle. Il faut réfléchir, collectivement – par exemple en mettant en place des groupes de travail – sur les conditions de travail, les sujets de travail, les budgets, les méthodes, l’organisation, le style de communication… sur tout ce qui est améliorable. » Le but ? Que les travailleurs se sentent « en sécurité » d’un point de vue physique autant qu’émotionnel. « Il faut laisser la place aux émotions dans le monde du travail afin que les gens puissent exprimer ce qu’ils ressentent au moment où ils le ressentent, encourage la coach. Quand les conditions matérielles sont là, le bien-être passe en effet par les conditions émotionnelles et psychologiques. » L’employeur devra mettre en place de l’information et des formations pour installer cette culture de prévention.

La hiérarchie des besoins n’existe pas : la qualité de vie au travail passe par des conditions adaptées et créées pour la majorité des gens, mais qui permettent aussi à chacun de s’épanouir selon ses besoins propres, grâce à une autonomie suffisante. Développer ses soft skills peut, ainsi, faire partie d’une sorte de prévention. A titre d’exemple : s’exercer à prendre la parole en public évite de se mettre en difficulté lors d’une réunion importante et aide, donc, à se prémunir d’un stress et d’un malaise inutiles. Accompagner les femmes à s’affranchir de rôles pour lesquels elles ont été éduquées peut aussi leur permettre de franchir un pas et donc de prévenir les inégalités.

« Le coaching de prise de poste est aussi un coaching préventif qui permet à la personne de progresser, tout en étant accompagnée, ce qui est plus facile », encourage la psychologue qui conseille également de travailler sur les représentations de chacun vis-à-vis de son travail, pour créer ou rétablir « l’appétit de travail ».

La prévention comme outil de fidélisation

Autant de pistes de réflexion qui permettent d’installer une qualité de vie au travail et non de la réparer. « Quand un salarié évoque un problème de communication à son manager, celui-ci ne doit pas attendre que la situation dégénère mais agir au plus vite, afin de prévenir l’installation d’un conflit », illustre Noémie Le Menn. Travailler sur une politique de prévention permet aussi de fidéliser ses salariés, autre avantage côté employeur.

Le Plan « Santé au travail 2016-2020 », lancé par l’État et les partenaires sociaux, milite d’ailleurs pour le renforcement des politiques de prévention dans les entreprises afin d’anticiper les risques professionnels et garantir la bonne santé des salariés, plutôt que de s’en tenir à une vision exclusivement réparatrice. Au lieu d’enlever les cailloux dans la chaussure, l’entreprise, ou le manager, (ou soi-même) peut faire en sorte que les cailloux ne puissent pas entrer dans cette même chaussure. Pour prévenir, plutôt que guérir !

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Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

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