La pandémie du Covid-19 a remis sur le devant de la scène la question de la qualité de vie au travail des personnels soignants. Si de plus en plus de civils, d’entreprises et de fondations s’engagent désormais pour leur apporter de meilleures conditions de travail, des initiatives sont également prises en interne pour que les choses changent durablement.

Depuis mars 2020 et le premier confinement, des cagnottes de crowdfunding (financement participatif, ndlr) ou des pages facebook ont réuni des dons de milliers d’anonymes pour améliorer les conditions de travail des soignants. En quelques semaines, la cagnotte d’un collectif d’entrepreneurs et d’artistes avaient ainsi réuni plus de 1 400 participants et 140 000 euros pour Santé publique France sur Leetchi. Une seconde dépassait les 130 000 euros « en soutien aux soignants et au personnel du CHU de Bordeaux »… Aujourd’hui, des dizaines d’appels à des participations financières sont encore ouvertes sur le web.

Ils sont pour la plupart le fait d’anonymes. Apparaissent aussi des personnalités, qui utilisent leur notoriété pour la cause. C’est le cas de l’humoriste Anne Roumanoff. A travers l’association qu’elle a créée, « Solidarité soignants », elle a d’abord lancé plusieurs appels pour des équipements de sécurité, principalement des gants ou masques en début d’année dernière. Désormais, elle cherche en permanence des équipements pour les salles de repos des soignants, pour œuvrer non plus à leur sécurité (qui relève selon le Code du travail de l’employeur), mais à leur confort et bien-être quotidien. Une cinquantaine de bénévoles se sont rassemblés autour d’elle et participent aujourd’hui au chargement et à la logistique d’envoi des dons reçus, pour les acheminer vers les hôpitaux. L’artiste a ainsi mobilisé des entreprises, comme La Redoute qui a offert des matelas, des oreillers et un canapé au personnel soignant de l’hôpital Beaujon, et des cafetières, climatiseurs et ventilateurs au CH de Valenciennes. La Fondation de Paris-Hôpitaux de France a également participé à l’aménagement de 40 salles de repos et soignants et 35 salles de garde dans différents établissements de santé. Dans le Nord de la France, le Groupe Hospitalier Seclin Carvin est en train de déployer 14 cocons de micro-sieste de Nap&Up au sein des différents services. L’objectif ? Permettre aux personnels soignants de s’octroyer une pause bien méritée au cours de leurs journées bien remplies.

Un élan durable

« En prenant soin des médecins, je suis intimement convaincue qu’on prend également soin des patients ». Ce message, Nora Viviani, ex-infirmière de l’hôpital de Bourges, le répète inlassablement. Embauchée par la fondation de la marque de consommateurs C’est qui le patron, notamment suite à ses échanges avec l’acteur Guillaume Canet, elle contribue à la création de vraies salles de repos, avec fauteuils de détente et cocons pour la sieste. « On pourra se restaurer pour réchauffer sa gamelle, détaille-t-elle dans une revue médicale. Il y aura un endroit pour jouer avec un babyfoot. Un autre endroit plus cocooning où il sera possible de lire des livres ou d’écouter de la musique. Et encore un autre où des prestataires locaux extérieurs, comme des ergothérapeutes, des professeurs de yoga ou encore des coiffeurs, pourront intervenir ». Ces salles, dont la première est ouverte à Bourges, devrait se multiplier, toutes sur le même concept, partout en France.

Plusieurs études ont déjà montré les conséquences négatives de la pandémie de Covid 19 sur les personnels de santé : syndromes dépressifs, insomnie, anxiété, voire stress post-traumatique. L’ordre des infirmiers vient de lancer une étude qualitative et quantitative (entre février 2021 et janvier 2022) sur le bien-être pendant la crise du Covid-19 d’infirmiers français, belges et suisses après avoir mis en place au printemps des permanences psychologiques et boîtes aux lettres dédiées. La nouvelle enquête, dont les résultats ne seront connus qu’en 2022 vise à montrer non pas les conséquences de la crise, mais ce qui a permis aux soignants de tenir le coup pendant l’année écoulée.

Des bienveilleurs à l’hôpital

Parmi ces ressources et ces aides, figureront certainement des initiatives prises en interne dans les hôpitaux. A l’Institut Curie, qui s’étend sur trois sites (Saint-Cloud, Orsay et Paris), Louise A.Massing, responsable Médiation et Qualité de vie au travail, a lancé l’an dernier un Comité de Bienveilleurs : “Nous avons lancé un appel à candidatures pour sélectionner 30 personnes qui seront nos relais au sein des collectifs de travail. Elles vont nous aider à décliner les actions décidées lors du Comité de pilotage QVT (Copil pluridisciplinaire composé des directeurs de site, de la DRH adjointe, de médecins et psychologues du travail…) sur le terrain. Nous sommes en train d’élaborer une charte de fonctionnement.”

Trois matinales ont également été organisées à destination des managers pour les aider à manager en période d’incertitudes, à faire face à l’agressivité et à la violence au travail et pour leur faire découvrir la méthode Ikigai. Une cellule d’écoute a également été mise en place, ainsi que des séances hebdomadaires pour le personnel en télétravail lors du premier confinement. “L’idée était de garder le lien, de savoir comment les uns et les autres allaient et de préparer ensemble le retour sur site.”, explique-t-elle. Ces ateliers continuent en 2021 pour aborder des thèmes comme la cohésion d’équipe, l’écoute ou encore la prévention des risques d’hyperconnexion. Nouveauté de l’année : l’installation de lampes de luminothérapie dans les postes de soin, notamment pour les soignants travaillant de nuit.

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Photo by Hush Naidoo on Unsplash

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