A 35 ans, Léa Toulet a repris ses études après une profonde remise en question, accélérée par le Covid. Son ancien métier, dans le marketing de produit, n’avait plus de sens à ses yeux. Elle se forme désormais à devenir manager de la transition, afin de faire correspondre sa vie professionnelle et ses valeurs écologiques. Retrouvez son témoignage, nouvel épisode de notre série d’articles sur le sens au travail.

« La question du sens du travail est une question que je ne me posais pas au début de ma vie professionnelle. J’ai toujours eu de bonnes notes à l’école, alors après le bac mention Bien, j’ai suivi le parcours classique, “prépa” et école de commerce, à Nantes, sur concours. Puis, j’ai fait mes stages dans de grands groupes en marketing de produits, sans trop me poser de questions. En fait, je n’ai jamais vraiment eu de vocation. J’ai ensuite commencé à travailler dans une agence de communication. En cinq ans et demi je suis passée de junior à chef de produits senior. J’avais un beau portefeuille clients, grâce auquel j’ai monté de beaux projets et développé beaucoup de compétences. J’ai grandi en entreprise. En parallèle, dans ma vie personnelle, je développais une sensibilité écologique sur ce que j’achetais, comment je consommais… Au boulot, je laissais ça de côté, or le packaging, ce sont des déchets. Donc, c’est devenu de plus en plus sensible.

Revenir à soi

Est arrivé le Covid. Je me suis retrouvée confinée, sans projets personnels, avec plus que mon boulot. Pendant que ma sœur, infirmière à l’hôpital, avait une raison de se lever le matin, je me suis dit : “Moi, j’envoie des mails et je fais des powerpoint“. C’était violent et ça a accéléré ma remise en question. J’ai décidé de faire un bilan de compétences, et très vite la valeur “écologie” est apparue fondamentale. J’ai alors décidé de reprendre mes études, en alternance car à mon âge (35 ans) j’avais besoin de payer mon loyer ! Je suis en master de manager de la transition à la Green management school et dans l’entreprise EcoTree (propriétaire et gestionnaire de forêts pour le compte d’entreprises et de particuliers, ndlr) depuis un an et demi. C’est hyper riche. J’ai retrouvé une motivation, même si je suis repassée au Smic. C’est un luxe de pouvoir se le permettre, et j’admire les femmes de ma promotion qui sont mères de famille, avec leur charge mentale, qui se sont lancées dans cette reconversion.

J’ai ouvert les yeux un peu tard, mais je crois qu’on est nombreux dans ce cas dans ma génération. Parmi les anciens de mon école de commerce, on est plusieurs à avoir déjà changé de voie : un est devenu astrologue, une autre a créé une marque de vêtements pour footballeuses. Je crois que la recherche de sens est plus importante aujourd’hui qu’il y a quinze ans. Mes critères ont changé. Le salaire, le poste, la renommée de l’entreprise ne sont plus fondamentaux. On ne fait pas un travail pour paraître ou pour alimenter son compte LinkedIn, mais pour revenir à soi, à ce qui nous correspond. Le sens donne une raison de se lever le matin. »

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Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

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