Anne* est assistance sociale au sein de l’Education nationale depuis 12 ans. A 35 ans, elle s’interroge « énormément » sur le sens de son travail ; une « quête » de chaque jour, dit-elle. Si elle se sent à sa place en tant que « travailleuse sociale », elle regrette parfois que les conditions d’exercice ne soient pas plus en phase avec ses attentes et les besoins de terrain. Retrouvez son témoignage, nouvel épisode de notre série d’articles sur le sens au travail.

« La valeur travail est très importante pour moi. Ma mère nous a élevées en nous disant : “Les filles trouvez un travail avant un mari !“. Mes parents m’ont toujours, aussi, encouragé à aller vers un métier que j’aimais, et c’est ce que j’ai fait.

Je suis assistante sociale dans quatre établissements scolaires. Ma mission est d’œuvrer à la réussite scolaire des élèves, avec un objectif de bien-être. J’ai aussi un volet protection de l’enfance, lutte contre l’absentéisme, accès aux droits et lutte contre la précarité. C’est passionnant. Mon métier me plait vraiment. Ce qui est essentiel pour moi alors que l’on passe 40 ans de nos vies au travail… et une bonne partie de nos semaines !

Je trouve vraiment du sens car ce métier répond à mes valeurs : être dans la relation d’aide, d’écoute, de soutien et d’accompagnement me correspond.

Ce sens me permet de m’épanouir : la quête de sens est importante dans ma vie professionnelle comme personnelle, c’est mon caractère. Sans voir le sens de ce que je fais, je n’aurais pas envie d’aller au travail. Le sens est un repère sécurisant. Assistante sociale est un métier de convictions : on met son temps et son énergie aux service des gens donc il faut être convaincu.

Même si j’ai rarement des retours de la part des gens et que les effets de mon action sont difficilement mesurables, j’ai le sentiment d’apporter quelque chose. Dans le social, on attend peu de reconnaissance de la part de ceux que l’on accompagne.

Une charge de travail accrue

En revanche, le manque de reconnaissance de la part de mon employeur et de certains collègues dans les établissements où je suis en poste me met en difficulté. Cela peut amener à une perte de sens. Dans un monde idéal, il faudrait pouvoir travailler avec tous les collègues et que tous respectent ma place. Alors que l’on place souvent les gens que l’on accompagne devant soi-même, ce métier peut “nous bouffer”.

Je vis des périodes où je perds le sens de mon métier, car l’organisation est moins cadrée, les procédures également, et j’ai de plus en plus d’établissements et donc de personnes à accompagner… La charge de travail est importante et je me retrouve à devoir gérer des urgences, avec l’impression de saupoudrer.

Cette impression de faire moins bien le travail contribue aussi à la perte de sens. Beaucoup de mes collègues sont dans la même situation. On en parle entre nous, heureusement… Mais on manque d’instances pour débriefer. Je suis allé voir un psychologue, et ça m’a fait du bien pour relativiser.

Car ce métier est vraiment intéressant, même si l’on perd beaucoup de temps et que l’on est envahi de mails en tous genre. C’est difficile de se détacher de la culpabilité, de se dire que l’on fait au mieux, avec les moyens qui nous sont donnés… ».

*Anne a requis l’anonymat.

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Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

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