La semaine de quatre jours fait rêver les salariés. Entre crise sanitaire et hausse du chômage, l’idée reprend aussi des couleurs auprès des entreprises. Certaines ont déjà décidé de tenter l’expérience, sans modification de salaire. Avec deux objectifs principaux : une meilleure conciliation vie privée/vie professionnelle et une efficacité plus grande les jours de présence.

Yprema a longtemps fait figure de pionnier. Avec une semaine de 35h sur quatre jours pour tous ses salariés depuis 1997, la société francilienne de recyclage de matériaux a été innovante. Depuis plus de vingt ans, son dirigeant, Claude Prigent en vante partout les effets : « Un mois de productivité gagné par an », « Des salariés plus en forme et plus efficaces », « Plus de partage de compétences et des salariés qui développent leurs compétences en se relayant les uns les autres »…

Des retours inspirants. Et pourtant. Il aura fallu du temps pour que d’autres suivent son exemple. L’envie devient plus réelle depuis deux ou trois ans seulement. Avec, entre autres, une génération en recherche de davantage de qualité de vie au travail et des salariés préférant les entreprises qui leur permettent d’avoir aussi une vie personnelle épanouissante. Les tests de Microsoft Japon (depuis août 2019, la productivité des 2300 salariés aurait augmenté de 40 %) ou de l’entreprise néo-zélandaise Perpetual Guardian ont relancé le sujet et donné envie à d’autres de tenter l’expérience.

Un jour off apprécié des jeunes parents… mais pas que !

Chez Welcome to the Jungle, c’est le CEO Jérémy Clédat qui a annoncé sa décision de revoir le rythme de travail à la mi-2019 avec l’idée de passer à quatre jours. Les équipes sont tombées des nues et certains ont même eu un peu peur que l’entreprise n’y résiste pas. « On a décidé de faire cinq mois de test, suivi par le cabinet de conseil Fabernovel pour évaluer les performances et par un groupement de psychologues et neuroscientifiques pour mesurer l’impact sur le bien-être et le mental des collaborateurs », décrit Camille Fauran, la directrice générale. Les résultats ont été positifs, et les 160 salariés sont donc aujourd’hui à la semaine de quatre jours. « Il y a eu des fluctuations au niveau économique, mais on ne peut pas les attribuer aux quatre jours. Le principal ajustement que nous avons dû imposer a été de choisir un jour off fixe, soit le mercredi soit le vendredi (décidé pour un trimestre) afin de maintenir le travail collectif », raconte-elle.

Tout le monde s’y retrouve. « On a découvert que certains travaillaient 2h le weekend pour terminer un dossier, maintenant ils utilisent leur jour off comme soupape et ont un vrai week-end », se réjouit Camille Fauran qui a décidé de garder le regard extérieur du cabinet de conseil afin de voir si les quatre jours sont respectés dans la durée. « Si on s’aperçoit que tout le monde finit par travailler sur son jour off, il faudra revoir les choses », reconnait-elle. Pour l’heure, ce n’est pas le cas, et les salariés se projetteraient même davantage dans la durée dans l’entreprise grâce à la mesure. Avec une moyenne d’âge de 30 ans, de plus en plus de collaborateurs deviennent parents et apprécient ce jour off en plus. Pour recruter des talents, l’argument peut aussi peser dans la balance.

« L’efficacité n’est pas corrélé au temps passé ! »

Chez LDLC, vendeur d’équipement numérique et informatique en ligne, la semaine de 32 heures sera mise en place en 2021, sans renoncer aux augmentations de salaire prévues. De son côté, l’agence .YZ a décidé de lancer le Four-Day week challenge ce mois de novembre. « Nous sommes très impliqués dans les transformations du milieu du travail et nous voulions tester un changement de rythme, sans le faire seul, alors nous invitons nos clients à nous suivre », expose Julien Le Corre, fondateur de l’agence qui compte 20 collaborateurs. « J’ai été free-lance pendant quinze ans et le travail quotidien de bureau me pèse », reconnaît-il. D’où son idée de ne travailler que quatre jours, payés 5, sans faire plus d’heures, avec un jour chômé commun à tout le monde pour ne pas créer d’isolement. Pour lui, l’important est de changer le rapport au temps : « L’efficacité ne doit pas être corrélée au temps passé ! » Si le mois est concluant, l’expérience pourrait durer. Pour Julien le Corre, « il faut se préparer à vivre dans une société où le travail prendra moins de place ».

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Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

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