Changer de carrière, partiellement ou totalement, est toujours difficile. Quelque soit le contexte économique ou social, envisager de quitter son poste ou son secteur peut faire peur. C’est tout à fait normal et légitime. Je vous en parlais dans ma dernière chronique pour My Happy Job. Cette difficulté est accrue en cette fin d’année 2020.

Alors que les candidats à la reconversion professionnelle sont de plus en plus nombreux, la situation sanitaire et économique de la France et, plus largement du monde, empêche bien des projections. Imaginer l’avenir lorsque l’on veut changer de voie et que l’on n’a pas d’idée précise pour la suite prend du temps. Beaucoup de personnes se font accompagner pour détricoter la pelote de laine, avancer de façon structurée, y voir clair pour identifier le job de leur rêve. Durant ce processus, le facteur temps est important : se découvrir, comprendre quels sont ses besoins, ses valeurs, ses talents connus ou enfouis, et ses envies demande une introspection profonde et une véritable maturation de ses idées. Digérer l’information et laisser infuser les choses fait partie du process’ interne de l’aspirant au changement de voie.

Bien souvent apparaît dans ce cheminement ce que l’on appelle une difficulté « de projection », et cela pour plusieurs raisons :

– brouillard/flou artistique total quant à ce que l’on souhaiterait faire ;

– méconnaissance des métiers existants ;

– inconcevabilité d’inventer un nouveau métier ;

– héritage familial prégnant et empêchant de faire le tour de soi à 180° ;

– blocage de visualisation lié à la peur de l’inconnu, à la peur de gagner moins, à la crainte du jugement des autres, etc.

Ces difficultés de projection sont tout à fait légitimes lorsque l’on entame un processus de reconversion professionnelle. Elles font partie du chemin. Mais s’y ajoute actuellement le contexte sanitaire, social et économique atypique. Comment, dès lors, parvenir à se projeter dans ce contexte difficile dont on ne connaît absolument pas l’issue ? L’imprévisible est entré dans nos vies. L’incertitude est une nouvelle carte avec laquelle il faut apprendre à jouer. Rien de surprenant, donc, à ce que les futurs reconvertis aient encore plus de mal que d’habitude à se projeter. Ils sont pour ainsi dire confronter à « l’imprévisible dans l’imprévisible » : la projection naturellement difficile et inhérente à la reconversion + l’imprévisibilité de l’évolution économique du pays.

A l’échelle « macro » (celle de la société), comme à l’échelle « micro » (celle de l’individu), l’imprévisibilité domine. Des secteurs souvent convoités par les futurs reconvertis sont atrophiés : culture, tourisme, art, restauration, etc. Les embauches gelées. Est-ce donc le bon moment pour se reconvertir ? Tout dépend du secteur envisagé.

Ce n’est en tous les cas jamais le mauvais moment pour entamer un processus de réflexion. Au contraire, le fait d’être en télétravail, au chômage technique ou partiel permet de dégager plus de temps pour son propre développement (personnel comme professionnel). La période est donc propice pour démarrer un bilan de compétences ou un bilan de carrière par exemple. Elle l’est en revanche moins candidater ou entreprendre dans les secteurs précédemment évoqués.

Il faut que les candidats à la reconversion aient en tête un cheminement en deux temps :

  1. Une réflexion structurée d’abord ;
  2. Un passage à l’action ensuite.

Rien de nouveau dans cette approche. La nouveauté tient en revanche au délai entre ces deux temps qui, du fait du contexte, tend à s’allonger considérablement.

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Ex-chasseuse de tête, enseignante-chercheur en droit des affaires, Marina Bourgeois est la dirigeante d’Oser Rêver Sa Carrière, cabinet spécialisé en transition de carrière et épuisement professionnel. Elle est aussi l’auteure de Burn-out. Le (me) comprendre & en sortir, 2018.

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