Quitter un CDI pour la scĆØne ? Il fallait oser. Elles l’ont fait. Pour vivre de leur passion et se sentir enfin Ć leur place. Rencontre avec les talentueuses Perrine Perez, StĆ©phanie Jarroux et Olivia Moore. Trois drĆ“les de dames inspirantes.
“A chaque fois que je monte sur scĆØne, mon enfant intĆ©rieur danse la samba !”
De l’Ć©nergie Ć revendre, un positivisme Ć toute Ć©preuve, une bonne humeur contagieuse. VoilĆ comment on pourrait rĆ©sumer la personnalitĆ© de Perrine Perez. Cette joyeuse trentenaire a quittĆ© son job de responsable commerciale il y a quelques mois pour faire de sa passion pour le jeu et l’humour son mĆ©tier. Dans son spectacle “Celle qui a dit non”, co-Ć©crit avec Csaba Zombori, on suit leĀ parcours tumultueux et drĆ“le d’une jeune femme qui prend enfin sa vie en main, non sans autodĆ©rision et mauvais choix (1) ! DĆ©capant.
“Je voulais devenir orthophoniste. Mais en passant l’oral du concours, j’ai rĆ©alisĆ© que ce n’Ć©tait pas fait pour moi ! J’ai alors optĆ© pour la filiĆØre “info-com” de Sciences-Po Aix, sans avoir en tĆŖte de mĆ©tier prĆ©cis. J’ai dĆ©marrĆ© ma carriĆØre chez M6 au service acquisition, avant de travailler chez Warner Bross Ć la production et chez Walt Dinsey Ć la rĆ©gie publicitaire. Entre ces deux derniers postes, j’ai quittĆ© Paris pendant deux ans. Je suis revenue aprĆØs avoir dit “non” le jour de mon mariage ! Ce qui sera source d’inspiration quelques annĆ©es plus tard pour mon spectacle. Plus jeune, j’adorais jouer, faire du théâtre. J’ai toujours eu avec moi un carnet pour noter des anecdotes, des histoires ou des blagues en me disant que cela me servirait pour un scĆ©nario. Jusqu’au jour où une copine m’a lancĆ© un dĆ©fi : et si tu montais sur scĆØne ? J’ai Ć©crit un sketch, puis j’ai passĆ© l’audition de l’Ć©cole du one man show. Et Ƨa a marchĆ© !
J’ai suivi la formation continue, en parallĆØle de mon travail. Je me souviens encore du premier cours : je parlais en restant dans un coin tout au fond de la scĆØne ! J’ai ensuite jouĆ© mes sketchs au théâtre pendant 30 minutes, puis une heure… Au fil des mois, j’ai pris de plus en plus confiance, j’ai osĆ© davantage. Ce qui est gĆ©nial, c’est que tu apprends en permanence. Tu testes, tu peaufines, tu ajustes. Mes collĆØgues et mes proches m’ont toujours soutenue et encouragĆ©e Ć persĆ©vĆ©rer. MĆŖme le CE de Walt Disney avait mis en place une offre pour venir me voir jouer !Ā J’ai quittĆ© mon poste fin dĆ©cembre pour m’adonner Ć 100% Ć ma passion. Mon cadeauĀ de dĆ©part ? L’affiche de mon spectacle.
“Je suis sortie de ma zone de confort”
Tout ce que j’ai appris pendant lors de mes prĆ©cĆ©dents jobs me sert aujourd’hui pour mener mon projet. Et j’ai des amis formidables qui m’aident selon leur domaine d’expertise : stylisme, communication, organisation… J’ai l’impression d’ĆŖtre dans une start-up ! Au dĆ©but, j’avais assez peur de ne plus ĆŖtre encadrĆ©e comme en entreprise, mais finalement j’adore gĆ©rer moi-mĆŖme mon emploi du temps. A chaque fois que je monte sur scĆØne, mon enfant intĆ©rieur danse la samba ! Je n’ai tout simplement pas l’impression de travailler, mĆŖme si c’est beaucoup de boulot au quotidien. Avant de monter sur scĆØne, je me prĆ©pare mentalement comme un sportif avant sa compĆ©tition. Je mets un casque avec de la musique, je fais des exercices de visualisation et de sophrologie, notamment pour faire taire les pensĆ©es nĆ©gatives et la petite voix intĆ©rieure qui me dit parfois que je suis nulle ou pas drĆ“le ! J’adopte une posture de winneuse, les bras en l’air, pour faire le plein d’Ć©nergie et de positif.
J’ai aujourd’hui l’impression de mieux me connaĆ®tre, et d’ĆŖtre plus en accord avec moi-mĆŖme. Je suis sortie de ma zone de confort. Verdict ? Je me montre plus persĆ©vĆ©rante que ce que j’imaginais. Si je ne suis pas contente d’une prestation, je ne le vois pas comme un Ć©chec. J’en tire des leƧons, et, c’est sĆ»r, je ferai mieux la prochaine fois. Alors que j’allais quitter Walt Disney, j’ai rencontrĆ© Anthony Kavanagh dans le cadre de mon travail. Quand je lui ai fait part de mon projet, il m’a de suite encouragĆ©e. Il m’a demandĆ© mon objectif. Je lui ai rĆ©pondu toute timide : faire l’Olympia ! Il ne m’a pas dit que je rĆŖvais, non, il m’a dit de ne jamais oublier cet objectif, de le visualiser pour que cela me donne une impulsion et de l’audace. Alors, oui, je m’accroche Ć mon objectif, et surtout je me laisse le droit d’y croire !”
(1) Aux feux de la rampe, Ć Paris, jusqu’Ć fin juin. Plus d’infos sur sa page Facebook. CrĆ©dit photo :Ā FranƧois Roelants.
“Ce mĆ©tier apprend l’humilitĆ© et la persĆ©vĆ©rance”
LĆ© credoĀ de StĆ©phanie Jarroux ? L’Ć©cologie. Rien d’Ć©tonnant quand on sait qu’elle a travaillĆ© pendant plusieurs annĆ©es pour le magazine FĆ©mininBio. Dans “On t’aime comme tu es”, elle ouvre les placards de sa vie où sont posĆ©s en vrac des souvenirs dāenfance, les joies de la « parentalitudeĀ Ā», ses expĆ©riences avec un tire-lait et une coupe menstruelle ou encore son ras-le-bol des gens qui mangent des graines germĆ©es en faisant des salutations au soleil. Un joyeux moment de partage qui fait du bien (2).
“Quand ma troisiĆØme fille a eu dix mois, j’Ć©tais trĆØs contente de retrouver mon job. Cela faisait sept ans que je travaillais pour le magazine FemininBio, comme rĆ©dactrice en chef, puis au dĆ©veloppement de hors-sĆ©ries numĆ©riques. Mais je ne me suis rapidement plus sentie Ć ma place. Les rĆ©ussites Ć©taient au rendez-vous, l’Ć©quipe Ć©tait toujours aussi agrĆ©able, mais je ne ressentais plus la mĆŖme envie, la mĆŖme satisfaction. J’ai alors dĆ©cidĆ© de voir une coach pour rĆ©enchanter mon job. J’ai eu un dĆ©clic en rĆ©pondant Ć une question : “A quoi avez-vous renoncĆ© ?”. La scĆØne est apparue comme une Ć©vidence. Pendant huit mois, j’ai prĆ©parĆ© ma sortie de FĆ©mininBio. J’ai recontactĆ© Cyrille de Lasteyrie que je connaissais depuis 15 ans. Je lui ai racontĆ© lors d’un dĆ©jeuner mon changement de vie. Lui Ć©tait alors en train d’Ć©crire son Ted “Transformer le risque en chance” ce qui forcĆ©ment a fait Ć©cho en moi. Il m’a demandĆ© si j’avais des souvenirs de scĆØne. Et oui, j’en avais plein ! A 10 ans, j’ai jouĆ© le Malade imaginaire. Je me suis souvenue de l’excitation, du trac, de ma joie. Je me suis reconnectĆ©e Ć toutes ces Ć©motions. Je garde aussi en mĆ©moire les spectacles de fin d’Ć©tĆ© organisĆ©s avec mes frĆØres, mes sÅurs et mes cousins. Nous grandissions alors dans un climat compliquĆ©, ces moments-lĆ Ć©tait une maniĆØre d’oublier, de nous rassembler et de faire rire les adultes. Ce sont des souvenirs trĆØs forts.
J’ai ensuite rencontrĆ© mon metteur en scĆØne, Ć©crit mes premiers sketchs, jouĆ© mon premier spectacle… AprĆØs m’avoir vue sur scĆØne, Cyrille de Lasteyrie m’a proposĆ© de jouer dans “Et il est où le bonheur ?”. Ce fut une aventure gĆ©niale. En parallĆØle, je me suis formĆ©e Ć l’arthĆ©rapie. Aujourd’hui, j’accompagne des personnes traversant des pĆ©riodes difficiles, notamment des jeunes qui dĆ©crochent scolairement. Je me sens, lĆ aussi, Ć ma place. Le mercredi est rĆ©servĆ© Ć mes filles. Il faut le dire, c’est souvent chouette, mais c’est parfois aussi trĆØs chiant ! J’en ai fait une chronique hebdomadaire en ligne “Mercredi, t’es punie !”. Comme dans mon spectacle “On t’aime comme tu es”, j’aime libĆ©rer des tabous, dĆ©complexer les femmes. Je parle de coupe menstruelle, de sexualitĆ© fĆ©minine, de l’allaitement… Pour tenir le rythme, je fais du running. Cela fait maintenant 25 ans que je suis une coureuse de fond, c’est ancrĆ© en moi, je ne pourrai plus m’en passer. C’est le seul moment où je suis seule, j’en profite pour mĆ©diter. Avant de monter sur scĆØne, j’utilise des huiles essentielles pour rĆ©duire mon angoisse, et je souris beaucoup ! Ce mĆ©tier apprend l’humilitĆ© et la persĆ©vĆ©rance, c’est un apprentissage permanent. Aujourd’hui, je ne me verrai plus faire autre chose. J’ai la tĆŖte dans les Ć©toiles, mais les pieds bien sur terre.”
(2) Actuellement Ć lāaffiche des Trois Bornes, Ć Paris. Plus d’infos sur sonĀ http://stephaniejarroux.fr/Ā CrĆ©dit photo :Ā Thomas Graindorge.
“Mon burn-out fut Ć la fois dĆ©sespĆ©rant et libĆ©rateur”
Quand elle arrive sur scĆØne, Olivia Moore a des alluresĀ dāexecutive woman.Ā Un costume quiĀ ne l’empĆŖche pas, au contraire, d’Ć©noncer des horreurs que beaucoup pensent tout bas sur leurs enfants, lāex de leur mari, leurs beaux-enfants⦠Son spectacle “MĆØre indigne”, actuellement Ć la Nouvelle Seine, Ć Paris, se prolonge dans un livre tout aussi drĆ“le : “Sois mĆØre et tais-toi !” (3).
“Petite, j’adorais me mettre en scĆØne, chanter, danser. Je faisais des spectacles avec mes cousins pour mes grands-parents. Je prenais nos chorĆ©graphies trĆØs au sĆ©rieux. Au collĆØge et au lycĆ©e, jouer Ć©tait toujours une passion. Je faisais partie de la troupe de théâtre, mais je ne pensais pas que l’on pouvait en faire une carriĆØreĀ et en vivre. Pour moi, c’Ć©tait une activitĆ© annexe. En fait, je rĆŖvais de ce mĆ©tier sans me l’autoriser. Alors, j’ai fait des Ć©tudes de droit, travaillĆ© dans les ressources humaines, puis dans la communication et le marketing. Ć 35 ans, brave mĆØre de famille de 2 enfants en bas Ć¢ge, de 2 beaux enfants, enceinte, j’Ć©tais cadre dans lāindustrie cosmĆ©tique. Et puis, j’ai fait un burn out. J’Ć©tais dans une impasse professionnelle. Ce fut Ć la fois dĆ©sespĆ©rant et libĆ©rateur. J’ai passĆ© trois mois Ć dormir et Ć pleurer ! J’Ć©tais Ć©puisĆ©e. Mais j’ai aussi rĆ©alisĆ© pendant cette pĆ©riode que je n’Ć©tais pas Ć ma place, qu’il fallait que je me lance dans autre chose.
Quand j’ai retrouvĆ© mon Ć©nergie, j’ai listĆ© tous les projets dont j’avais vraiment envie. J’ai alors choisi de devenir humoriste. J’ai fait lāĆ©cole du one man show, des stages dāĆ©criture. Je me suis lancĆ©e dans mon premier spectacle, je suis devenue chroniqueuse pour Europe 1 où j’ai Ā fait de belles rencontres. Anne Roumanoff m’a ainsi donnĆ© Ā« le sens du rythme Ā» de lāhumour. Avant de monter sur scĆØne, j’ai un rituel de concentration. Je fais quelques assouplissements et je me rĆ©cite mon texte Ć toute vitesse pour me rassurer et laisser place Ć l’Ć©nergie. Le sport m’est indispensable au quotidien, c’est un mĆ©tier trĆØs physique ! J’ai mis plusieurs annĆ©es Ć me qualifier d’humoriste, Ć me dĆ©finir comme telle. Je me suis dĆ©couverte beaucoup plus courageuse et costaud que je ne le pensais. DĆ©sormais, je suis mon instinct, je prends mes dĆ©cisions selon le plaisir que je prends (ou pas) Ć me lancer dans un nouveau projet. Je n’ai vraiment aucun regret, je suis en phase avec moi-mĆŖme.”
(3) Jusqu’Ć fin juillet. Editions Tut-Tut. Plus d’infos surĀ www.oliviamoore.fr
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