Il existe des injonctions toutes faites qui, à force d’être assénées de générations en générations, ont été intégrées à notre inconscient collectif. Nous continuons donc à agir de la sorte juste car « c’est comme ça ». Ces mythes vous les avez sûrement déjà entendus lors de vos études ou de votre carrière. Auteure du livre Libres : vers un travail qui a du sens (Déclic Factory), la coach Hélène Picot en décrypte trois pour vous inviter à travailler autrement.

Mythe 1 : « Il faut travailler dur pour gagner sa vie »

“Qui n’est jamais tombé sur un groupe de personnes se retrouvant un soir à la terrasse d’un café en vantant à tour de rôle le fait qu’ils soient tous plus overbookés les uns que les
autres ? « Désolé, j’ai 1h30 de retard, je suis complètement sous l’eau au boulot »,
« M’en parle pas, moi il me reste 125 mails à traiter ! », « Tu ne comprends pas, je ne peux pas couper mon téléphone car je suis sollicitée non stop, week-end compris ! ». Lorsqu’une personne s’affaire et est très stressée à chaque fois que je la vois, je ne me dis
pas que c’est quelqu’un d’important, mais que quelque chose cloche. Être stressé non stop n’est pas normal. C’est un appel pour que vous changiez quelque chose dans votre vie.

Dans une société où le CDI, avec des horaires classiques, est la norme, il est difficile de s’extraire du groupe et de s’aventurer dans des contrées plus plaisantes. Pourtant, je vous assure que ces contrées sont bien plus enthousiasmantes et que vous pouvez très bien y arriver. Il y en effet mille et une manières de « gagner sa vie » en faisant quelque chose qui vous plait vraiment, a du sens pour vous et contribue à l’évolution de la société. Je suis persuadée que nous avons, nous tous, les moyens en notre possession pour faire bouger les lignes.

Changer de métier, créer sa boîte, rester dans son entreprise mais négocier du télétravail
ou un temps partiel pour pouvoir allouer une partie de son temps libre à un projet
qui nous tient à cœur. Reprendre une usine en coopérative ouvrière. Aussi effrayant soit le chômage, il est possible d’en faire une opportunité, un vrai incubateur à rêves. Nous avons tous la capacité de remettre en cause cette croyance de faire un travail qui annihile nos valeurs et brise notre potentiel juste car c’est ainsi depuis la révolution industrielle. Il faut travailler dur pour gagner sa vie ? Non ! Maintenant, qu’allez-vous faire du reste de temps qui vous est imparti ? Vous êtes le seul maître à bord.”

Mythe 2 : « Il faut avoir fait de grandes études pour réussir »

“Bien évidemment, faire des études, des formations initiales ou continues, se nourrir intellectuellement est primordial. Avoir la chance d’étudier, d’apprendre, c’est avoir la possibilité de s’élever et d’être plus conscient. Rien n’est plus important que l’éducation et la culture. Mais il nous faut surtout apprendre aux jeunes à réfléchir et non à bachoter. Je donne parfois des conférences dans des écoles et universités et ce que je souhaite
que les étudiants retiennent, au-delà du fait qu’ils doivent courir après leurs rêves
jusqu’à les atteindre, c’est que leurs études ne servent que de sésame pour se lancer.
Ce qui fera toute la différence, ce n’est pas le nom de leur école, c’est qui ils sont ! Quels
sont leurs savoir-être, leurs talents propres, leurs spécificités ? C’est leur capacité
d’adaptation, leur culture, leur relationnel, leur esprit de synthèse, leur vivacité d’esprit
qui feront leur touche. Le reste, ça s’apprend.

Beaucoup ont été happés par les injonctions de leurs parents ou de leur environnement, oubliant tout simplement qui ils étaient profondément. Ils sont rentrés dans de jolis moules pour leurs études et leur orientation professionnelle. Quand les personnes que j’accompagne viennent me voir, elles me disent toutes « je veux changer mais je ne sais pas dans quoi ». Et ce, tout simplement car elles se sont oubliées au fil des années. À y regarder de plus près, dans la majorité des cas, les études ne seront pas suffisantes et ce sera encore plus vrai demain. Nous ferons 2, 3 ou 10 métiers différents, par choix mais aussi, car les progrès techniques continueront à rendre les connaissances obsolètes, et pour chacun de ces métiers et innovations, vous devrez apprendre de nouveau. Vous reprendrez parfois des études mais vous apprendrez aussi sur le tas, dans des livres, via des MOOC. Le plus important sera ensuite de l’expérimenter, c’est pour cela que les stages sont infiniment importants ! La meilleure façon d’apprendre c’est d’expérimenter, de réussir, parfois d’échouer, puis, de rebondir.”

Mythe 3 : « Se reconvertir, c’est juste changer de métier ! »

“J’accompagne chaque jour des candidats à la reconversion, que ce soit en coaching individuel ou dans mes ateliers, et pour la majorité d’entre eux, la première phrase est « je ne suis plus en phase avec ma vie actuelle, je veux me reconvertir… mais je ne sais pas dans quoi ! ». Car la difficulté ne réside pas forcément dans le « comment faire », mais bien dans le « quoi faire ? ». Se demander dans quoi on veut se reconvertir équivaut à se demander qui l’on souhaite être. Comment faire pour que son travail s’adapte harmonieusement à sa vie (et non l’inverse) ? Si l’on ne pose pas cette question cruciale, le risque est que se produise ce que j’appelle la reconversion réactionnaire, à savoir « je change car je n’en peux plus de mon environnement, de la pression, de mon manager, de mon équipe, etc… ».

Malheureusement, cela ne fonctionne pas de cette manière, et une reconversion réussie doit avoir un sens profond pour la personne qui l’entreprend. Ce n’est pas changer pour fuir, c’est se reconvertir pour renouer avec soi, être aligné, utiliser son plein potentiel, contribuer au monde qui nous entoure et être en parfaite adéquation avec ses valeurs. Certaines personnes sont totalement coupées de leurs rêves et de leur intuition. Nous sommes dans une société du faire et de l’avoir alors que tout commence par l’être. C’est pourquoi je pense qu’il est important d’aider les gens à se réapproprier leur capacité à rêver. Il est important de se reconnecter à soi, car c’est du plus profond de notre être que tout émerge.

La seule question à se poser n’est pas combien voulez-vous gagner avec tel boulot mais
plutôt : Quelle Vie voulez-vous mener ? Mais quelle Vie avec un grand V ! Aussi, il est
primordial de vous demander quelle vie vous voulez mener dans son ensemble.
C’est-à-dire personnellement, intellectuellement, géographiquement… Quel serait le mode de vie rêvé si vous ne vous censuriez pas ? Habiteriez-vous comme moi dans plusieurs endroits ? Diviseriez-vous votre temps entre la ville et la campagne ? Travailleriez-vous juste 3 ou 4 jours par semaine ? Feriez-vous plusieurs métiers ? Quelle serait votre contribution au monde ? Pour quoi aimeriez-vous être reconnu ?”

 

Le livre d’Hélène Picot s’adresse aux personnes en quête de sens, à ceux et celles qui se questionnent sur le travail et ont envie de vivre, d’œuvrer et de consommer différemment. Il vous apportera aussi un regard engagé et concret sur les nouvelles manières de travailler.

Pour acheter le livre : https://helene-picot-coaching.com/

Plus d’infos : www.versuntravailquiadusens.com

 

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Diplômée de Sciences-Po Paris, Fabienne Broucaret a fondé My Happy Job en 2016. Elle en a été la rédactrice en chef jusque fin 2022. Conférencière et journaliste, elle a écrit "Mon Cahier Happy at Work" (Solar) et "Télétravail" (Vuibert). Elle a aussi co-écrit “2h chrono pour déconnecter (et se retrouver)” avec Virginie Boutin (Dunod). Passionnée par les questions de mixité, elle est enfin l’auteure des livres "Le sport, dernier bastion du sexisme ?" et "A vos baskets toutes ! Tour de France du sport au féminin" (Michalon).

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