Alors que la notion de travail hybride est de plus en plus rĂ©pandue et que collaborateurs comme managers s’adaptent Ă de nouveaux rythmes professionnels, dĂ©couvrez les rĂ©sultats de l’enquĂŞte rĂ©alisĂ©e par Welcome to the Jungle et Ipsos sur la perception des rythmes de travail en France (1). Après une première Ă©dition rĂ©alisĂ©e en janvier 2020, soit quelques mois avant le dĂ©but de la crise, l’édition 2021 permet de comprendre la nouvelle vision des salariĂ©s vis-Ă -vis des diffĂ©rents dispositifs d’amĂ©nagement du temps du travail.
“Dans le climat d’incertitude actuel, il est difficile d’anticiper précisément les évolutions futures des rythmes de travail, prévient  Jérémy Clédat, co-fondateur et CEO de Welcome to the Jungle. Ce qui est certain, c’est que les changements engagés avec la crise sanitaire et le basculement en télétravail, sont là pour durer ; il n’y aura pas de retour en arrière. La flexibilisation n’est plus un mythe, au contraire, elle est plus que jamais une réalité concrète. Reste aux entreprises et aux salariés de tirer les leçons de l’année 2020 et de travailler main dans la main, pour définir ensemble les contours et les limites de la flexibilité désormais inhérente aux rythmes de travail.”
TĂ©lĂ©travail : plus d’autonomie mais aussi plus d’isolement
La plus grande transformation cette année a, sans conteste, été la généralisation du télétravail. Alors qu’en 2017, en France, seulement 7% des salariés étaient des télétravailleurs, la crise et les restrictions sanitaires ont marqué un virage pour cette pratique jusqu’alors peu répandue : en novembre 2020, 45% des salariés du privé étaient en télétravail, dont 23% à temps complet.
En 2021 :
– 56% (+9 points) des salariĂ©s sont favorables au tĂ©lĂ©travail partiel
–  52% (+9 points) sont favorables au travail Ă distance occasionnel illimitĂ©
– 31% (+6 points) sont favorables au tĂ©lĂ©travail complet
Bien-ĂŞtre au travail, les salariĂ©s revoient leurs prioritĂ©s…
InterrogĂ©s en septembre 2020, les salariĂ©s ont Ă©tĂ© plus nombreux qu’en mars 2020, (55%, +13 points) Ă dĂ©clarer que la vie sociale avec leurs collègues Ă©tait la première raison d’aller au bureau. Un constat fort qui en appelle d’autres puisque dĂ©sormais :
- Les salariés privilégient leur sécurité financière en premier lieu : le salaire (90%) est le critère de bien-être numéro 1, devant même l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle qui, en 2020, était sur le haut du podium.
- Ils accordent une plus grande importance en 2021 aux critères qui donnent du sens à leur travail : les missions et l’intérêt du poste ont plus d’incidence sur le bien-être des collaborateurs (88%, +2 points) qu’en 2020. Ces facteurs sont aussi vus comme plus essentiels en 2021 (35%, +3 points) qu’en début d’année.
La flexibilisation des horaires ne séduit pas autant qu’il y a un an
Pendant longtemps, la flexibilitĂ© a Ă©tĂ© vue comme un levier de la qualitĂ© de vie au travail. Mais aujourd’hui les salariĂ©s sont moins nombreux (56%, – 4 points) qu’en 2020, Ă vouloir travailler dans une entreprise dans laquelle les rythmes de travail sont flexibles. Ils sont d’ailleurs moins nombreux Ă trouver que ces dispositifs ont un impact positif sur la productivitĂ© (66%, -5 points) et sur l’investissement dans le travail (65%, -8 points). En cause : le fait d’avoir expĂ©rimentĂ© certains dispositifs dans l’urgence, de manière subie et dans des conditions parfois contraignantes.
Cette tendance qui semble concerner en premier lieu les parents-salariés, et plus particulièrement les femmes :
- Les femmes (57%, -6 points) sont nettement moins favorables aux rythmes de travail flexibles qu’en 2020. Le télétravail imposé lors du premier confinement a impacté plus durement les salariés avec enfants, qui ont eu du mal à concilier vie professionnelle et familiale. Indubitablement, l’expérience du premier confinement a été un révélateur de profondes inégalités au sein des foyers.
« Le temps que les salariés en télétravail gagnent en transport ils/elles le réinvestissent souvent en temps de travail ; ils/elles travaillent donc en fait plus et font des heures supplémentaires, estime Michel Barabel, directeur de l’Executive Master RH de Sciences Po Paris. Si on ajoute à cela l’usure des outils collaboratifs qui poussent à la micro-tâche, les réunions qui s’enchaînent, la disparition des moments de pause… On peut comprendre qu’ils/elles aspirent à retrouver un cadre plus structuré, quitte à revenir aux horaires fixes de bureau »
InterviewĂ© dans l’enquĂŞte menĂ©e par Welcome to the Jungle, il prĂ©cise : “Lors du passage en tĂ©lĂ©travail, je pense que beaucoup d’entreprises ont sous-estimĂ© les dĂ©rives liĂ©es Ă ce mode de travail, comme l’hyper-connexion. Mais il ne faut pas oublier que nous ne sommes qu’aux balbutiements du tĂ©lĂ©travail et, comme dans toute nouvelle pratique, l’individu peut au dĂ©but tomber dans des excès, avant d’arriver Ă se rĂ©guler. Il est clair que les collaborateurs ont encore besoin de temps et d’accompagnement pour apprivoiser le tĂ©lĂ©travail. Pour les aider au mieux, les RH peuvent dĂ©ployer divers dispositifs, comme des groupes de pairs entre managers pour partager des enseignements, du mentorat pour les jeunes diplĂ´mĂ©s, des formations aux outils collaboratifs, des bonnes pratiques (bon usage de l’email, etc.) ou des conseils bien-ĂŞtre. Grâce Ă ce large Ă©ventail de solutions et Ă la collecte de la data, il est possible d’offrir plusieurs niveaux d’accompagnement en tĂ©lĂ©travail, en fonction des profils de chacun. Cela implique notamment de laisser de la libertĂ© aux salariĂ©s assez matures (qui savent dĂ©connecter, se ressourcer, compenser l’isolement…), d’encadrer la majoritĂ© qui est souvent plus ou moins Ă l’aise (sans ĂŞtre dans des dĂ©rives dramatiques) et de suivre de près une minoritĂ© qui risque d’y laisser sa santĂ©.”
Les salariés plus optimistes par rapport à l’évolution future des rythmes de travail
Pour la deuxième année consécutive, les dispositifs d’aménagement du temps de travail les plus plébiscités par les salariés concernent les horaires flexibles (68%) et la semaine de 4 jours (66%). Des enseignements qui soulignent notamment :
- Que les salariés sont séduits par la flexibilité horaire, mais n’adhèrent pas forcément à la manière dont elle est mise en place actuellement dans les entreprises.
- Que la semaine de 4 jours (66%) continue de plaire aux salariés, bien que seuls 20% d’entre eux disent y avoir accès.
“Chez Welcome to the Jungle, on pense qu’il est possible de combiner tĂ©lĂ©travail et semaine de 4 jours, explique JĂ©rĂ©my ClĂ©dat. En rĂ©alitĂ©, ces dispositifs ont beaucoup de points communs, dans la mesure oĂą ils requièrent d’adopter un management par objectifs, et donc de faire confiance au salariĂ© en ce qui concerne la gestion de son temps. L’idĂ©e est de dĂ©corrĂ©ler la valeur du travail avec le temps que le salariĂ© a passĂ© Ă le faire. En fait, la semaine de 4 jours est un terreau pour le tĂ©lĂ©travail et vice versa.”
Quid de l’avenir ? Pour Michel Barabel : “On se dirige de plus en plus vers un mode d’organisation hybride prĂ©sentiel-distanciel, car on sait dĂ©sormais que certaines tâches, solitaires, rĂ©pĂ©titives ou dĂ©jĂ engagĂ©es, sont mieux rĂ©alisĂ©es Ă distance et que d’autres, crĂ©atives, innovantes et collaboratives, gagnent Ă ĂŞtre exĂ©cutĂ©es en prĂ©sentiel. Dans cette optique, les bureaux devront ĂŞtre des lieux de vie, oĂą l’on se retrouve pour Ă©changer, partager des idĂ©es et innover. […] L’expĂ©rience en prĂ©sentiel devra valoir le coup d’être vĂ©cue, car il est peu probable que les salariĂ©s acceptent de se dĂ©placer (et passer une heure, deux heures ou plus dans les transports) comme avant, pour une journĂ©e de travail classique. Ils ne voudront se dĂ©placer que pour vivre un moment fort avec leur Ă©quipe, dont ils se souviendront pendant longtemps et qui donnera du sens au travail Ă distance. Ce que les entreprises feront vivre demain en prĂ©sentiel Ă leurs collaborateurs, n’aura plus rien Ă voir avec ce qu’elles leur faisaient vivre dans les bureaux traditionnels d’hier. Il est peu probable que les open space, oĂą les salariĂ©s avaient pour habitude de travailler avec un casque sur les oreilles, survivent Ă la gĂ©nĂ©ralisation du tĂ©lĂ©travail.”
Pour lire l’intĂ©gralitĂ© de l’enquĂŞte : https://pros.welcometothejungle.com/fr/resources/observatoire-rythmes-de-travail-2021/
(1) Enquête réalisée en ligne du 15 au 24 décembre 2020, auprès de 1 000 Français.es constituant un échantillon national représentatif de la population salariée âgée de 18 ans et plus.
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