Pour de nombreux entrepreneurs, le confinement a été une véritable épreuve. Economique, mais pas seulement. Quelles leçons en tirer ? Comment envisager le déconfinement et la reprise progressive ? Découvrez notre interview de la passionnante et dynamique Pauline Laigneau, fondatrice de la marque de joaillerie Gemmyo et du podcast Le Gratin, une émission hebdomadaire qui met en avant chaque semaine des personnalités pour parler de leur réussite et essayer de décrypter avec elles les clés de leur succès. 

Le confinement vient de se terminer, comment ces deux mois se sont-ils passés pour vous ?
Pauline Laigneau.
Il y a eu plusieurs phases. Pour être honnête, les premières semaines ont été dures. J’ai d’abord été sous le choc comme beaucoup de personnes. Au niveau de l’entreprise, il a fallu rapidement s’organiser et prendre des décisions avec des informations forcément limitées sur la suite des événements. Mon mari, qui est mon associé, et moi avons continué à travailler de chez nous. Les boutiques étant fermées, nous avons mis nos salariés en chômage partiel et communiqué auprès de nos clients en toute transparence. Nous avons reçu beaucoup de messages de solidarité. Nous avons ensuite élaboré plusieurs scénarios financiers, du plus catastrophique au plus optimiste. Cela nous a permis de visualiser la réalité en face : les pertes, les frais fixes, la trésorerie, etc. Nous avons ainsi pu nous rendre compte du temps que nous pouvions tenir sans réaliser de chiffre d’affaire (CA) et de faire des ajustements. Les semaines suivantes ont permis une reprise progressive. Nous avons réalisé des ventes à distance, ce qui nous a permis de limiter la baisse du CA à -40%. Nous avons donc réajusté notre plan d’action, une partie de l’équipe a repris le travail, et nous continuons à nous adapter avec le déconfinement.

Quel(s) enseignement(s) en tirez-vous ?
P.L. Cela m’a confirmé que, face à une crise d’une telle violence, il ne faut pas céder à la panique malgré les incertitudes. Rien ne sert de se précipiter que ce soit vis-à-vis de ses salariés, de ses clients ou de ses fournisseurs, mieux vaut d’abord mener un état des lieux et élaborer différents plans. Je pense également que la communication, notamment en interne, est clé, pour rassurer et maintenir le collectif. Nous ne l’avons peut-être pas suffisamment fait, surtout au début quand j’étais la seule avec mon mari à travailler, il y avait un vrai décalage avec le reste de l’équipe qui était à l’arrêt. Communiquer est plus que jamais indispensable pour garder le lien et le contact.

Comment avez-vous organisé votre quotidien pendant ce confinement ?
P.L. J’ai voulu garder au maximum mes routines habituelles. Réveil à la même heure, méditation, séances de sport à distance… N’ayant pas d’enfants, j’ai pu travailler au même rythme que d’habitude. Cela m’a permis de tenir, même si la nature m’a manqué.

Quels sont vos conseils pour la reprise ?
P.L. Là encore, ne pas se précipiter et faire preuve de prudence ! La sécurité reste la priorité même après le confinement. Il faut y aller étape par étape et vivre cette période comme une transition. Ce n’est pas le moment idéal pour lancer, par exemple, un nouveau produit (dans la plupart des secteurs en tout cas). Nous avons ainsi décidé de décaler la sortie de notre nouvelle collection. Ensuite, essayez de faire de cette période une opportunité d’accroître votre visibilité et votre audience en ligne. Pourquoi ne pas conclure des partenariats ? Plus votre communauté sur les réseaux sociaux sera grande, plus cela vous aidera demain. Si votre activité est encore au ralenti ou à l’arrêt, vous pouvez aussi réfléchir à un repositionnement : des plats à emporter, des visites virtuelles, des conférences via Zoom… Nous avons lancé des rendez-vous sur Whats’ App pour visualiser nos bijoux en vidéo, et cela marche très bien ! Il y a vraiment des choses à imaginer pour continuer à entreprendre malgré les contraintes.

Pensez-vous que la crise du coronavirus va bouleverser nos manières de travailler durablement ?
P.L. Je pense que ce nous venons de vivre va ouvrir les chakras de beaucoup d’entreprises sur le télétravail (et c’est très bien !). Cela demande un climat de confiance, et non du flicage. Dans notre équipe, pendant le confinement, les managers ont appelé, chaque jour, un collaborateur différent pour prendre des nouvelles, en plus de la réunion collective hebdomadaire. Nous nous servions aussi déjà d’outils de suivi de tâches et de gestion de projets. Mais je trouve que la visio ne remplace pas tout ! A terme, je ne suis pas pour que tout le monde reste chez soi à temps plein, on raterait beaucoup de choses. Nous avons besoin de nous voir et d’interagir autrement qu’à distance.

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Diplômée de Sciences-Po Paris, Fabienne Broucaret a fondé My Happy Job en 2016. Elle en a été la rédactrice en chef jusque fin 2022. Conférencière et journaliste, elle a écrit "Mon Cahier Happy at Work" (Solar) et "Télétravail" (Vuibert). Elle a aussi co-écrit “2h chrono pour déconnecter (et se retrouver)” avec Virginie Boutin (Dunod). Passionnée par les questions de mixité, elle est enfin l’auteure des livres "Le sport, dernier bastion du sexisme ?" et "A vos baskets toutes ! Tour de France du sport au féminin" (Michalon).

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