Dépassés les team buildings ? Aux yeux des jeunes diplômés, la réponse est « oui ». Deux professeurs-chercheurs ont mené une enquête sur le sujet : il en ressort que les jeunes diplômés considèrent les animations team building comme contraignantes. Leur souhait ? Que les salariés reprennent la main sur ce genre d’événement qui doit gagner en authenticité.

Ils ponctuent les moments forts de l’année, sont présentés comme un prétexte à réunir les équipes autour d’instants plus informels et donc plus conviviaux : les team buildings permettent de resserrer les liens du collectif. Du moins en théorie, selon les jeunes diplômés. Xavier Philippe, enseignant-chercheur en sociologie du travail à l’EM Normandie, et Thomas Simon, professeur assistant à Montpellier Business School (MBS) ont mené une étude auprès de jeunes diplômés de grandes écoles de commerce et d’ingénieurs françaises sur le team building et ses effets escomptés sur la cohésion des équipes. Leurs observations ? Cette population d’actifs porte un regard critique sur ces rendez-vous. « Ils se sentent mal à l’aise dans ce type de dispositif, qu’ils trouvent généralement absurde voire ridicule, indique Xavier Philippe. Ils ne comprennent pas vraiment le sens que cela peut avoir. »

Des animations aux rires forcés

Par conséquent ? Un décalage se crée entre l’intention de départ, de la part de l’entreprise, et le résultat auprès des jeunes talents. « Ils estiment que plus c’est organisé, plus le malaise est grand, poursuit Xavier Philippe. Ils ont l’impression d’être infantilisés et l’aspect institutionnalisé leur semble louche. Après tout, plus on nous demande de rire, moins on a envie de le faire… » Ainsi, l’amusement forcé est loin d’être un atout à la cohésion d’équipe : cette injonction permanente au « fun » sur lesquelles ces sessions reposent, a un effet contre-productif sur les participants. En brouillant les cartes entre amusement et travail, le team building peut faire surgir des sentiments de dissonance chez les collaborateurs.  « A chaque fois qu’on vous demande de vous amuser au travail, vous avez l’impression que vous n’avez plus la possibilité de ne pas le faire. Si vous dites que cela ne vous amuse pas, vous prenez le risque de passer pour un sinistre personnage. Non seulement la mise en retrait psychologique finit par créer du désengagement, mais surtout, vous avez l’impression que vous n’avez pas la possibilité de dire que ce n’est pas drôle », développe l’enseignant-chercheur.

Même les team building qui consacrent une journée ou deux auprès d’une association ne trouvent pas faveur aux yeux des jeunes diplômés. « Nous restons dans l’ordre de l’injonction, souligne Xavier Philippe. Ce n’est pas à l’entreprise de définir quel est le bon côté de la morale des salariés. » Pour les jeunes diplômés, les entreprises utilisent ces activités comme diversion au lieu de s’attaquer à leurs problèmes structurels.

Ateliers et team building autrement

Pour autant, les jeunes diplômés ne remettent pas en cause l’existence même du team building : ce sont ses modalités d’exécution qui sont pointées du doigt.  Mieux vaut un événement venant des collaborateurs eux-mêmes, plutôt qu’un séminaire monté de toutes pièces par la direction et le top management. « Les team buildings doivent gagner en spontanéité. Et ils doivent être organisés sur la base du volontariat, complète Xavier Philippe. Cela doit être quelque chose qui n’a pas d’autre objectif que de passer un bon moment ensemble. Cela ne doit pas être utilisé pour servir les intérêts stratégiques de l’entreprise. » Les jeunes diplômés attendent ainsi des événements plus simples et plus authentiques. Avec davantage d’échanges informels que d’activités imposées. Un souhait que les entreprises vont probablement devoir prendre en compte si elles veulent attirer ces jeunes diplômés et fidéliser leurs futurs talents.

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Diplômée en lettres modernes, Céline Tridon a suivi une formation en journalisme à l’IPJ. Elle y a confirmé son envie de travailler pour la presse écrite et web, souhait exaucé à travers la collaboration avec différents supports sur les thématiques « entreprise », « monde du travail », « management » et « RSE ». En 2023, elle reprend la rédaction en chef de My Happy Job.

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