A chacun sa tolérance au désordre. Dans son livre “Je suis bordélique, c’est grave ?” (éditions Gereso), la sophrologue et spécialiste en management Christine Benoit affirme qu’un tel trait de caractère n’est pas une fatalité : tant que la personne le vit bien – ainsi que son entourage ! Dans le cadre du travail, il faut toutefois veiller à respecter le bien-être de tous et accompagner les plus désordonnés, sans jugement.  

A quel moment considère-t-on qu’une personne est “bordélique” ?

Christine Benoit : Le seuil dépend de chacun. On se sentira bordélique à partir du moment où on en souffre. Il y a des bordéliques qui ne veulent pas entrer dans la norme, pour telle ou telle raison. Certaines personnes se retrouvent dans leur désordre. En revanche, pour d’autres, cela peut devenir une souffrance (pour elles-mêmes, mais aussi pour leurs proches ou leurs collègues) et enclencher un sentiment de honte, de culpabilité ou celui de ne pas être de la hauteur. Autrement dit, devient grave tout ce qui impacte l’estime de soi ou sa relation aux autres.

Dans votre livre “Je suis bordélique, c’est grave ?“, vous mentionnez différents types de désordre…

En effet il n’y a pas qu’un seul désordre. Par exemple, des personnes peuvent être organisées dans leur travail mais bordéliques dans la vie. De même, on peut parler du désordre extérieur, mais il y a aussi celui qu’on ne voit pas : dans les mails, dans la manière de gérer son ordinateur… Là, c’est une affaire de personnalité.

Le désordre n’est-il donc pas toujours visible ?

Il peut l’être comme il peut ne pas l’être. Souvent, l’ordre, c’est la clarté. Vous entrez chez une personne, tout y est parfaitement clair : c’est ainsi que la personne raisonne. A l’inverse, on peut rencontrer des personnes désordonnées extérieurement, mais très claires dans leur raisonnement. D’autres encore peuvent être désordonnées à l’extérieur et être dans la plus grande confusion à l’intérieur. Attention, il ne faut pas croire que le désordre extérieur soit systématiquement le reflet d’un désordre intérieur ! Mais il est évident qu’il n’y a pas un profil type du bordélique.

D’ailleurs, si on prend le cas du perfectionniste, dans les idées préconçues, on pense qu’il s’agit quelqu’un de rangé. Or, pas du tout. Certaines personnalités seront tellement perfectionnistes, qu’elles estimeront que rien ne sera jamais assez bien et préféreront ne rien faire…

En quoi la chasse au désordre contribue-t-elle au bien-être au travail ?

Dans un atelier, par exemple, beaucoup subissent le désordre de leurs collègues : ne pas ranger les outils au même endroit, ne pas refermer les pots de peinture avec soin… Le désordre a des conséquences sur la qualité de vie au travail, mais aussi sur la sécurité. Si un collaborateur laisse trainer un bidon d’huile, que quelqu’un glisse et se casse une jambe, cela aura de tristes conséquences.

Quant au travail en open space, il pose problème aux personnes ordonnées qui travaillent avec des bordéliques qui s’étalent et envahissent progressivement leur territoire. Lorsque l’encombrement matériel ou mental s’accumule, le stress gagne du terrain. C’est pourquoi les Japonais l’ont anticipé depuis plusieurs décennies et y ont répondu avec la méthode 5S, qui est encore souvent employée dans les entreprises.

In fine, plutôt que de porter un regard négatif sur le bordélique, il faut donner des outils.

La méthode 5S 

Dans le système qualité japonais des 5S, l’objectif est d’assurer l’organisation, la propreté et la sécurité. Cette méthode tire son nom de la première lettre des étapes successives qui la caractérisent :

  • Seiri ou sélectionner : trier, jeter, recycler, archiver, placer les outils de travail selon leur fréquence d’utilisation
  • Seiton ou situer : ranger, classer de manière à limiter les déplacements physiques ou le port d’objets lourds, optimiser l’utilisation de l’espace
  • Seiso ou scintiller : nettoyer, réparer
  • Seiketsu ou standardiser : ordonner les documents ou son poste de travail de manière qu’une autre personne puisse s’y retrouver
  • Shitsuke ou suivre : être rigoureux, appliquer les quatre opérations précédentes et les maintenir dans le temps.

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Diplômée en lettres modernes, Céline Tridon a suivi une formation en journalisme à l’IPJ. Elle y a confirmé son envie de travailler pour la presse écrite et web, souhait exaucé à travers la collaboration avec différents supports sur les thématiques « entreprise », « monde du travail », « management » et « RSE ». En 2023, elle reprend la rédaction en chef de My Happy Job.

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