Trouver sa voie ? Pas toujours évident. Pourtant, il est désormais très probable que nous exercerons plusieurs métiers dans notre vie professionnelle. Comment envisager le changement ? Explications de Sixtine Trocheris, cofondatrice du cabinet Même pas cap et auteure de « Changer de vie pro, je suis cap » (éditions DBS).

Trouver sa place dans le monde professionnel actuel, en quoi cela reste-t-il compliqué ?

Nous vivons dans une culture où nous avons appris à nous identifier à notre travail. Nos parents et nos grands-parents faisaient le même métier toute leur vie. Donc, effectivement, ce métier devenait une part de leur identité. Les choses sont désormais différentes, notamment pour la génération qui arrive sur le marché du travail. Et encore plus dans un contexte de réforme des retraites, où il faudra travailler plus longtemps. Il est maintenant peu probable que nous fassions le même métier toute notre vie : il faut donc distinguer l’identité personnelle de l’identité professionnelle. Nous pouvons exercer un métier par passion ou par nécessité, par contrainte ou par opportunité : cela ne dit rien de qui vous êtes en tant que personne. De plus, en s’identifiant à son travail, le risque est de créer une forme de dépendance. Il faut se laisser de l’espace pour nourrir son identité d’autre chose que son travail.

Comment ?

En apprenant à réellement nous connaître et en sachant reconnaître nos envies, nos besoins et même nos limites : par exemple, quand est-ce que j’atteins ces dernières et quand est-ce que j’ai besoin de l’aide des autres ? Tout cela constitue les fondations qui nous permettront de nous poser les bonnes questions pour évoluer sereinement.

Aujourd’hui, la reconversion, le changement de poste ou de métier sont plutôt reconnus. Mais faut-il encore insister dessus ?

Il y a une vraie nécessité de pédagogie, car cette dernière fait encore défaut. Chez Même pas cap, les actifs que nous recevons manquent souvent d’informations sur leurs droits, leur CPF, sur les projets de transition professionnelle, la VAE, etc. Ils méconnaissent toutes les options qui s’offrent à eux. Et forcément, quand nous ne savons pas que cela existe, nous avons du mal à l’envisager… Prenons le bilan de compétences, par exemple : pour beaucoup, cela ne veut rien dire. Il est donc très important d’expliquer que chacun a des droits. La formation est un droit et l’employeur peut la financer.

Comment ne pas se tromper dans son changement professionnel ?

Le changement de vie professionnelle qui est bon, c’est celui qui s’adapte à notre vie et à la personne que nous sommes à cet instant. Pas celle que nous étions avant, ni celle que nous serons plus tard. Il s’agit d’être honnête avec nous-mêmes. Beaucoup ont des a priori sur ce qui est important pour eux. Ce genre de déclic ne peut arriver que lorsque nous prenons le temps de nous poser les bonnes questions et que nous acceptons d’être authentiques. Cela permet de creuser pour aller au-delà de la surface.

Dans votre livre, vous mentionnez également la « légèreté » : comment est-elle utile ?

Cette notion de légèreté va de pair avec le lâcher-prise, la prise de recul. Ce n’est pas la fin du monde de se poser des questions ! Dans le cadre d’un changement de vie professionnelle, la légèreté permet aussi de regarder davantage le monde avec des lunettes roses plutôt qu’avec des lunettes noires : nous devons être optimistes ! Les candidats à la reconversion expriment souvent les mêmes craintes : je vais moins bien gagner ma vie, je ne vais pas trouver de travail, je n’arriverai pas à réaliser mon projet, etc. Ils ont tendance à imaginer la version catastrophe. Or, la version positive et idéale est possible : elle se prépare, s’anticipe et s’organise. Ce n’est pas juste une histoire de chance.

L’idée est donc de reprendre sa vie professionnelle en main…

A chacun en effet de redevenir acteur de sa carrière. Nous devons en finir avec l’impression de subir les choses : chacun détient les clés pour les adapter à sa personne. Bien sûr, nous n’avons pas toujours ces clés, nous n’avons pas toujours la liberté suffisante de faire ce que nous voulons, nous avons des responsabilités et des contraintes, mais il y a toujours quelque chose que nous pouvons activer… et il est important de le savoir. L’objectif est de façonner quelque chose qui nous ressemble, plutôt que l’inverse.

Pour ne rater aucune actualité en matière de qualité de vie au travail, inscrivez-vous à la newsletter de My Happy Job, parcourez nos hors-séries thématiques  et découvrez notre annuaire du bien-être au travail.

A lire aussi :
– Reconversion : halte au perfectionnisme !
– S’autoriser une pause dans sa carrière ? Ils l’ont fait !

Article précédent“Entre tuteur et tutoré, il y a de l’attachement”
Article suivant“Le conflit est une opportunité pour mieux se rencontrer”
Diplômée en lettres modernes, Céline Tridon a suivi une formation en journalisme à l’IPJ. Elle y a confirmé son envie de travailler pour la presse écrite et web, souhait exaucé à travers la collaboration avec différents supports sur les thématiques « entreprise », « monde du travail », « management » et « RSE ». En 2023, elle reprend la rédaction en chef de My Happy Job.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici