Associer conflit et violence serait une erreur. C’est justement à force d’éviter la confrontation que nous risquons les ressentiments. Loin d’être totalement négatif, le conflit permet en effet d’exprimer ses besoins, d’écouter ceux de l’autre. En somme, il offre la possibilité d’envisager ses relations autrement et de progresser ensemble. C’est ce que détaille le coach Laurent Quivogne dans son livre « Oser le conflit, éviter la violence » (éditions Gereso).

Existe-t-il des idées reçues sur le conflit ?

Laurent Quivogne : La plupart du temps, nous évitons le conflit. Nous ne voulons pas plomber l’ambiance, nous voulons que tout se passe au mieux. Mais une telle attitude a un prix : nous accumulons des tensions, voire de la frustration, qui, un jour ou l’autre, ressortiront. Or, un conflit (soit le fait de se dire les choses), purge le ressentiment.

La principale idée reçue, c’est d’associer conflit et violence. La violence est familière pour chacun d’entre nous, elle puise souvent son origine dans l’enfance, dans les cours de récréation où nous étions soumis à la violence physique, à l’humiliation, au rejet ou à l’injustice. Cela a créé chez nous des aversions : nous ne voulons plus y retourner. Pourtant, le conflit est un moyen d’éviter la violence.

Comment définir le « conflit » ?

« Conflit », c’est un mot-valise : nous y mettons ce que nous voulons. Dans le dictionnaire, il y a aussi une ambivalence car le mot « conflit » désigne aussi bien une guerre, qu’un désaccord. Ma définition, ce que je propose, est la suivante : un conflit est un désaccord qui nécessite un ajustement. Par exemple, dans le cadre du travail : je veux une augmentation, mon employeur refuse de me la donner ? C’est un conflit et il faudra le gérer, trouver un terrain d’entente.

Souvent, nous appelons « conflit » les situations que nous ne parvenons pas à gérer. Notamment parce que nous ne sommes bien outillés.

Quelle approche proposez-vous dans votre ouvrage « Oser le conflit, éviter la violence » ?

Il faut ralentir ! Parce que tout s’accélère dans le conflit : des variables physiologiques, le cœur, la respiration, mais aussi l’imaginaire. Il s’emballe. Le monde devient soudain rempli de pervers narcissiques et de managers toxiques… que nous fabriquons. C’est pourquoi, j’ai formalisé une méthode baptisée « FCD », pour « faits, conséquences, demandes ».

  • Fait : c’est de quoi nous parlons.
  • Conséquence : c’est pourquoi nous en parlons.
  • Demande : c’est comment passer du reproche à la demande.

Cela suppose de s’adresser différemment à l’autre, d’avoir une autre forme de communication. Avec cette méthode, nous donnons davantage de place à l’un et à l’autre. Cela renforcera la confiance. Il ne s’agit pas d’éliminer la négativité, mais il n’y aura pas de vraies rencontres entre les personnes si elles ne savent pas mettre sur la table leur situation conflictuelle.

Le conflit permet donc de mieux connaître son entourage ?

La plupart des gens ne désirent rien moins que d’avoir une résistance en face

d’eux un peu solide : cela crée de l’appui. Comment puis-je faire confiance à l’autre s’il ne me dit jamais non ? De même, si je vis à côté de quelqu’un, que ce soit au travail ou à la maison, avec qui je n’entre jamais en conflit, cela signifie qu’au fond, je ne lui expose jamais mes divergences, mes besoins profonds. D’une certaine manière, nous restons étrangers l’un à l’autre. Le conflit est une opportunité pour mieux se rencontrer. Il est l’occasion de progresser dans une intimité réciproque.

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Diplômée en lettres modernes, Céline Tridon a suivi une formation en journalisme à l’IPJ. Elle y a confirmé son envie de travailler pour la presse écrite et web, souhait exaucé à travers la collaboration avec différents supports sur les thématiques « entreprise », « monde du travail », « management » et « RSE ». En 2023, elle reprend la rédaction en chef de My Happy Job.

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