La liberté d’organisation et de choix permet-elle d’améliorer la qualité de vie au travail ? Sommes-nous tous en recherche d’autonomie ? Comment demander à son employeur, à ses collègues de nous faire confiance pour accéder à cette possibilité de prise d’initiatives ?

Prise de décision, d’initiatives personnelles, liberté d’organisation, hiérarchie réduite, procédures allégées… Ces possibilités, au travail, sont ce que l’on appelle l’autonomie. Ou la liberté de faire son travail et d’atteindre ses objectifs, tout en décidant, soi-même comment y parvenir.

« L’autonomie au travail consiste en la possibilité pour le salarié d’être acteur dans sa participation à la production et dans la conduite de sa vie professionnelle », définit le Collège d’expertise sur le suivi des risques psychosociaux au travail, en incluant à cette présentation, « la marge de manœuvre dont dispose le travailleur dans son travail, sa participation dans la prise des décisions qui le concernent et également l’utilisation et le développement de ses compétences. »

Cette autonomie est de plus en plus recherchée par les salariés et réfléchie dans le cadre de managements plus participatifs. Une condition qui améliore le bien-être au travail ?

« Le critère d’autonomie est  un sujet de bien-être au travail : il est important que chacun ait une marge de manoeuvre », confirme d’emblée Noémie le Menn, psychologue et coach  en entreprise. Selon le contexte, l’autonomie permet de faire quelque chose pour soi, ou pour faire évoluer la situation. Ne pas avoir de marge de manœuvre est au contraire source de stress : ne jamais pouvoir amener sa créativité, ou se sentir surveillé en permanence inhibe la motivation. »

Un facteur « salutogène »

« L’autonomie qui répond à des objectifs clairs et à une organisation, dans laquelle l’individu sait se situer et sait ce que l’on attend de lui, procure du bien-être », précise la psychologue du travail Anita Lemasson, qui intervient dans des entreprises de toutes tailles et de tous secteurs depuis la Normandie jusqu’aux Hauts-de-France.

Pour elle, l’autonomie est un facteur « salutogène », c’est-à-dire qu’il favorise la santé au travail : « De nombreuses études montrent que quelqu’un qui a la liberté de décider comment il va réaliser son travail, dans quelle temporalité et avec une latitude décisionnelle (ou marge de manœuvre) améliore sa qualité de vie au travail. L’autonomie permet de valoriser ses compétences, notamment la créativité car elle libère la capacité d’initiatives et permet donc de mettre en œuvre son talent. »

A l’inverse, une marge de manœuvre réduite est regardée de près dans les études de risques psychosociaux en entreprise. Une faible autonomie décisionnelle constitue en effet un facteur de risque pour la santé – un risque qui augmente si la charge de travail élevée. Dans certaines entreprises, « des collaborateurs se sentent livrés à eux-mêmes : ce n’est pas de l’autonomie », précise Anita Lemasson.

En revanche, l’autonomie n’est pas la même pour tous.

Une « juste autonomie »

Certains travailleurs, notamment les entrepreneurs ou les indépendants, recherchent une grande liberté. D’autres salariés préfèrent répondre à des demandes plus bornées. Pour eux, l’autonomie peut être source d’angoisse, de stress voire d’appréhension. « Dans une organisation, l’autonomie doit être accompagnée par le management », corrige Anita Lemasson. Ce n’est donc pas l’autonomie qui est source de stress, mais « la juste autonomie ». « L’autonomie doit être évaluée personnellement pour chacun des collaborateurs en fonction de ses compétences, de son ancienneté, de ses aspirations : quand une personne arrive sur un poste, on ne peut pas attendre d’elle une totale autonomie, qui la mettrait en insécurité », cite-elle en exemple.

Toutes les personnalités ne réagissent pas de la même manière et les entreprises doivent accepter ces caractères. Le bien-être au travail passe par un cadre définit avec bienveillance et adapté à chaque individu, et non par une feuille blanche. « Tout le monde a besoin d’une juste autonomie pour s’épanouir dans son travail : elle est indispensable pour permettre à un individu d’exprimer son potentiel, de valoriser ses compétences et d’être reconnu dans ce qu’il apporte à l’organisation », conclut Anita Lemasson.

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Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

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