Et si l’intuition se révélait être notre meilleur allié au travail ? Marie-Estelle Couval autrice (avec Alexis Champion) de Développez votre intuition, éditions Leduc.s, nous dévoile les secrets de cette capacité universelle, que chacun a en soi.

Comment définir l’intuition ?
L’intuition est avant tout une information, un accès à une information particulière. Si on regarde la définition dans les dictionnaires, il s’agit d’une connexion spéciale à la vérité, en dehors du raisonnement. L’intuition est un accès à une façon de prévoir, d’anticiper en direct, sans outil analytique et sans outil rationnel. Elle s’implique avant tout à des informations sensorielles. On se trouve dans la sensorialité, dans le ressenti du corps, dans l’immédiateté : ce qui n’a rien à voir avec toute production intellectuelle.

Est-ce quelque chose que chacun a en soi et qui peut se développer ?
Oui, c’est une capacité universelle. Si cette information est en chacun de nous, nous n’en avons pas forcément conscience. L’enjeu est vraiment de comprendre que ces intuitions sont ancrées en nous. Mais nous avons tendance à nous perdre dans un monde où l’on privilégie le rationnel et l’intellectuel, l’intuition n’y a pas sa place et ne peut s’exprimer, elle reste inhibée. Pourtant, c’est une capacité qui ne demande qu’à se développer. Certaines personnes seront peut-être plus douées pour ressentir les choses car elles se connaissent mieux, elles ont mieux compris comment elles fonctionnent, elles sont peut-être plus à l’écoute d’elles-mêmes. C’est un travail d’intériorité que d’aller chercher en soi une réponse sur quelque chose d’extérieur. C’est aussi une affaire d’attention, d’instant présent.

Comment justement différencier une intuition d’une « idée reçue » ?
Les « faux amis » découlent d’une production intellectuelle. A l’opposé, l’intuition est une information immédiate, une connaissance de la vérité qui ne s’appuie pas sur le raisonnement. Il faut apprendre à (re)connaître toutes les informations qui sont issues du raisonnement. Si on interroge notre intuition via nos cinq sens et qu’on a une réponse à côté de la plaque (quelque chose de très conceptuel ou une image toute faite) c’est là où on peut reconnaître que cette information est biaisée, faussée par le raisonnement. En général, le raisonnement adore jouer à la devinette, adore trouver du sens à tout. Bien souvent, quand l’intuition nous envoie des informations, elle le fait sous forme de perceptions sensorielles. Mais le raisonnement va s’approprier ces perceptions pour donner du sens. C’est à ce moment qu’il faut réussir à le mettre de côté.

Selon vous, y-a-t-il des domaines, notamment professionnel, où l’intuition n’a pas sa place ?
La première réponse que je donnerais c’est vraiment que l’intuition peut s’appliquer à tous les domaines. Effectivement il y a des domaines privilégiés, tout ce qui concerne la créativité et l’innovation. Si votre contexte professionnel vous demande des prises de décision, de l’innovation ou de la recherche d’informations, l’intuition sera effectivement un outil très utile. Ensuite, il faut savoir aussi que l’intuition va s’exprimer quand le raisonnement est mis en défaut, par exemple dans une situation où on a une saturation d’informations. Nous ne sommes pas des ordinateurs. Le raisonnement va être mis en difficulté et c’est là que l’intuition est un levier assez intéressant pour palier cela. À l’inverse, il existe des situations où l’on n’a pas du tout d’information ! Quand le raisonnement n’a rien à se mettre sous la dent, l’intuition va pouvoir émerger de manière absolue.

Est-ce qu’il faut de l’intuition pour être un bon dirigeant ?
Je pense que oui. Quand on regarde les grands patrons comme Mark Zuckerberg, Steve Jobs ou Bill Gates, on les qualifie généralement de leaders intuitifs. Parce qu’ils savent écouter leur intuition et ont compris son intérêt. Dans une étude menée par le Pr John Mihalsky et Pr E.  Douglas Dean, de l’Université du New Jersey , auprès de 5 000 dirigeants, 80 % des cadres supérieurs reconnaissent vraiment croire en l’intuition en tant que capacité à ressentir les événements, à les prédire. Eux-mêmes en ont fait l’expérience. C’est-à-dire qu’à un moment de leur carrière, ils ont pressenti des choses et agi en fonction. Ce sont des personnes qui ont bâti leur fortune personnelle en prenant des décisions en dehors de toute logique. Les résultats des tests ont démontré qu’ils avaient des capacités intuitives beaucoup plus hautes que la normale. Un bon dirigeant est un bon intuitif.

Quel conseil donneriez-vous pour développer son intuition ?
Cela ne se fait pas avec une baguette magique, c’est un réel processus de perception. Mais le premier conseil serait avant tout de travailler sa sensorialité. C’est-à-dire d’essayer de voir le monde avec ses cinq sens. De voir le monde sans y coller des concepts. Quand par exemple vous prenez un objet dans votre main, au lieu de le nommer, essayez de le décrire comme si vous ne le connaissiez pas. En bref, être dans une attitude de non savoir, comme un enfant, et se réapproprier le monde tel qu’il nous entoure.

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Diplômée de l’ESJ Paris (presse écrite) et du CFPJ (bi-média), Florine Cauchie est journaliste pigiste, notamment pour Psychologie positive.

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