Dans un article récent publié dans la Harvard Business Review, Richard E. Clark (professeur en psychologie à la Southern California University) et Bror Saxberg (Vice-président des sciences de l’apprentissage à la Chan Zuckerberg Initiative) mettent en avant les 4 principaux « pièges de la motivation » : les émotions négatives, l’erreur d’attribution, le manque de sentiment d’auto-efficacité et les conflits de valeurs. Autant de raisons qui peuvent nous amener vers une diminution persistante de notre motivation. Comment s’en sortir ?

Nolwenn Anier, directrice du Pôle Recherche de la start-up Moodwork, vous propose une série de 4 articles dans lesquels un psychologue ou professionnel spécialiste de la qualité de vie au travail vous donnera des conseils pratiques pour venir de ces freins et ainsi (re)trouver de la motivation au travail.

Cette dernière est généralement définie comme la volonté de faire le travail plutôt que de tergiverser, en persistant devant les distractions et en investissant suffisamment d’effort mental pour réussir. Elle est l’un des principaux objectifs transversaux inhérents au travail, pour les salariés comme pour les managers. Pour les salariés, elle permet d’être plus efficace et plus satisfait de soi, de son travail. Pour les managers, elle garantit le bien-être de ses collaborateurs et la réussite des projets. Cependant, parfois, la motivation peut faire défaut. Cela peut être passager, à causes de circonstances particulières dans la vie personnelle par exemple, ou devenir chronique. Dans ce cas, il est important de s’interroger sur les caractéristiques du travail qui peuvent être à la source de ce changement.

Piège n°2 : Manque d’auto-efficacité – « Je ne me crois pas capable de faire ça »

Au début des années 2000, le chercheur en psychologie Albert Bandura a mis en avant la notion de « sentiment d’efficacité personnelle », qui désigne les croyances des individus quant à leurs capacités à réaliser des performances particulières. Ce sentiment d’être “capable” est l’un des principaux déterminants de notre motivation à entrer en action. Or, parfois, pour diverses raisons, ce sentiment peut manquer. Voici quelques manières de le renforcer :

  • L’expérience active du succès est la meilleure façon de renforcer son sentiment de compétences. Si vous ne vous sentez pas capable de mener une action particulière, commencez par réaliser une activité similaire mais plus accessible. Le fait de réussir cette première activité boostera votre confiance dans vos compétences.
  • L’expérience indirecte (ou vicariante), c’est-à-dire le fait de voir une autre personne accomplir une tâche, permet également de renforcer son sentiment de compétence. En effet, Bandura a montré qu’observer la réussite de ses pairs renforce notre sentiment de maîtrise. Communiquer avec vos collègues concernant leurs réussites !
  • La reconnaissance que manifestent nos pairs et nos supérieurs compte également énormément pour notre sentiment de maîtrise. Bien sûr, il est compliqué d’exprimer de la reconnaissance envers soi-même. Néanmoins, le fait de complimenter les personnes avec qui vous travaillez permet d’instaurer un climat de bienveillance et d’expression mutuelle de reconnaissance qui pourra vous être bénéfique.

Le point de vue de Sarah Farbos, Psychologue du travail et des organisations chez H&F Accompagnement :

“Lorsque j’entends parler de motivation au travail, la première chose que je dis c’est qu’on ne peut pas motiver quelqu’un. Cependant, ce que l’entreprise peut faire c’est proposer des conditions de travail qui vont favoriser cette motivation. Pour cela, j’aime parler du concept de contrat psychologique. Il s’agit d’un contrat implicite que le collaborateur et l’entreprise constituent l’un envers l’autre au regard des promesses et des attentes respectivement échangées. Il se construit tant sur des échanges verbaux directs que sur du non-verbal ou de la communication indirecte. Lorsqu’il y a non satisfaction des attentes d’une des parties il y a bien souvent une baisse de motivation. Pour éviter cela, il est important de garder en tête : « Qu’est-ce que je transmets comme informations (de façon explicite ou non) qui constituent une promesse faite à la personne à qui je m’adresse ? ». Ainsi, régulièrement on clarifie les informations, on leur donne un sens partagé qui soutiendra la motivation dans la réalisation de ses responsabilités.

Concernant le sentiment d’auto-efficacité, j’ai récemment accompagné la dirigeante d’une TPE familiale. L’entreprise vivait à ce moment-là une période difficile financièrement. À cela s’ajoutait une surcharge mentale et émotionnelle importante. Elle perdait confiance en ses capacités ainsi que sa motivation. Pour lui redonner confiance dans ses capacités, nous avons principalement travaillé sur sa posture de chef d’entreprise, notamment sur la communication en période difficile et lors d’entretiens de recadrage. Je l’ai aidée à retrouver confiance en elle et à adopter une posture adaptée lorsqu’elle était amenée à échanger avec ses collaborateurs au sujet de leurs manquements. Je lui ai également proposé d’écouter ses collaborateurs de manière active et sans jugement. Enfin, nous avons travaillé sur l’empathie avec ses collaborateurs, à travers la distinction entre travail prescrit, réel et vécu. Grâce à ces exercices, nous avons pu mettre en avant ses attentes et celles de ses salariés, ce qui nous a permis de réadapter le contrat psychologique.

Après ces différents exercices, je l’ai invitée à mettre en pratique tous ces apprentissages en réalisant un entretien réel. Nous avions fixé ensemble des objectifs pour cet exercice (tels que rester neutre, factuel, ne pas se laisser dépasser par ses émotions), qu’elle a tous remplis. Elle est ressortie de l’entretien soulagée, fière, et satisfaite d’avoir pu le mener à bien en respectant nos objectifs. On est ici dans « l’expérience active ». L’objectif était de lui montrer ses capacités pour lui redonner confiance en ses capacités de chef d’entreprise, ce qui a nécessairement regonflé son sentiment d’auto-efficacité et sa motivation. De manière générale, je trouve que faire l’expérience de ses capacités de manière active est l’une des meilleures manières de retrouver une confiance en soi au niveau professionnel.”

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