Indispensable aux organisations pour surmonter les épreuves, le courage est un moteur de réussite. Il s’exprime tant individuellement que collectivement et permet d’impulser l’action. Comment le favoriser ? Réponse avec Violette Bouveret, docteur en sciences de gestion et co-auteur de l’ouvrage Oser le courage (Gereso).

Comment le courage s’exprime-t-il ?

Violette Bouveret : Il passe par quatre étapes. La première, c’est l’appel au courage, c’est-à-dire ce moment où on sent que le statu quo n’est plus acceptable. Il y a alors un désalignement entre ses valeurs et la réalité, le monde tel qu’on voudrait qu’il soit et tel qu’il est réellement.

La deuxième étape, c’est le prix à payer, c’est-à-dire la conscience que surmonter ou transcender le statu quo aura un coût. S’il n’y a pas de conscience de ce coût, on n’est pas dans le courage. On est éventuellement dans la témérité, dans l’audace.

La troisième étape, c’est le dilemme, c’est-à-dire la situation où, finalement, ne pas faire est davantage valorisé que faire. Soit la valorisation de l’inertie. Agir devient bien plus risqué que ne pas agir. Par ailleurs, il faut savoir que l’acte courageux peut prendre différentes formes : s’opposer, renoncer, prendre une décision controversée, etc.

Tous les acteurs de la société doivent changer de regard sur le courage : ce dernier n’est pas le fait du héros, de la grande gueule ou de celui qui lève des millions d’euros. Le courageux, c’est celui qui aura la force de reconnaître ses erreurs ou, potentiellement, d’accomplir des choses qui ne paraissent pas très logiques à l’instant T.

Doit-on envisager le courage d’un point de vue individuel ou plutôt collectif ?

Les deux. Pourquoi ? Parce qu’il y a l’individu qui prendra sa décision et qui portera, seul, les conséquences de cette décision. Or cet individu est toujours au cœur d’un réseau d’encouragement, que ce soit par des mentors, des alliés, des homologues, etc.

Quant à l’organisation, elle peut aussi, collectivement, être courageuse. Même si des initiatives ont été lancées par des individus, c’est aussi l’organisation qui porte ce courage.

En quoi le courage sera-t-il utile aux organisations ?

Aujourd’hui, nous sommes dans un changement de paradigme. Nous sommes face à plusieurs crises : écologique, économique, psychosociale. Sans oublier les chocs militaires.

Ce contexte suppose alors deux cas de figure. Soit vous restez une organisation qui est dans le cercle de la cupidité (qui peut-être gagnera à court terme et perdra à long terme), soit vous amorcez tout de suite votre transformation. Et pour cela, vous avez besoin de personnes courageuses. Bien sûr, cela contribue aussi à améliorer l’image de marque, à fidéliser les collaborateurs et les clients.

Quels sont les freins à l’action et donc à faire preuve de courage ?

D’abord, c’est la manière dont ont été constituées les organisations, qui est encore le fruit du taylorisme. Elles seront probablement dans un déni de complexité, en se disant « ça va aller ». Elles persistent à raisonner de manière linéaire. Elles continuent à réduire les individus à des comportements rationnels et prévisibles. Cantonnés à des processus, les projets échouent. Enfin, l’injonction à la discipline entrave les approches alternatives.

De plus, il faut pouvoir exprimer la volonté de devenir une ‘organisation souhaitable’, pour déployer sa puissance d’action au service du bien collectif.

Concrètement, comment développer le courage dans les organisations ?

Il faut commencer par sortir du déni de réalité, pour ne plus s’endormir davantage sur le statu quo. S’il n’y a pas de problème, il n’y a pas de courage, puisqu’il n’y a pas d’appel au courage. Il faut donc déployer une pensée systémique pour comprendre la complexité.

Ensuite, il s’agit de réfléchir à ses valeurs. C’est comprendre dans quel monde nous sommes pour en saisir toutes les incidences. C’est, aussi, développer le sens des responsabilités, soit casser certains process, donner plus de pouvoir de décision… et repenser le rapport à l’erreur.

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Diplômée en lettres modernes, Céline Tridon a suivi une formation en journalisme à l’IPJ. Elle y a confirmé son envie de travailler pour la presse écrite et web, souhait exaucé à travers la collaboration avec différents supports sur les thématiques « entreprise », « monde du travail », « management » et « RSE ». En 2023, elle reprend la rédaction en chef de My Happy Job.

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