La santé menstruelle est un sujet qui devient de plus en plus présent au sein des entreprises : pour veiller au bien-être de leurs collaboratrices, les entreprises lèvent les tabous. Ariane Pardé, fondatrice du site d’information www.lamenopause.fr, évoque celui de la ménopause qui touche les femmes concernées jusque dans leur quotidien professionnel.

La ménopause touche les femmes entre 50 et 65 ans. Mais sont-elles nombreuses à en subir les conséquences jusqu’au travail ?

Ariane Pardé : En 2021, la mutuelle Alan a réalisé la première étude française sur l’impact de la ménopause en entreprise. Le premier constat est sans appel : pour une femme sur deux, la ménopause a des répercussions sur leur carrière. Plus en détails, 16 % des femmes ménopausées sont touchées dans leur productivité, 21 % doivent prendre plusieurs jours d’arrêt, 10 % sont freinées dans leurs ambitions professionnelles.

Depuis longtemps abordé dans les pays anglo-saxons, le sujet de la ménopause commence à être soulevé en France. En revanche, en termes d’action, les démarches restent timides.

Pourtant, les entreprises ne sont-elles pas aussi touchées ?

En effet, la ménopause impacte aussi bien les femmes que les entreprises.

En Angleterre, des experts ont comptabilisé 14 millions de jours d’arrêt liés à la ménopause. Aux Etats-Unis, une étude a calculé qu’une entreprise peut avoir une baisse de 770 dollars de productivité par an et par femme ayant des symptômes. Ce chiffre peut monter jusque 6 500 dollars quand les symptômes sont sévères.

Et sans parler des métiers les plus physiques… D’après une étude irlandaise, 82 % des infirmières pénalisées par la ménopause envisageraient de réduire leur activité voire de démissionner.

Comment les entreprises peuvent-elles agir, notamment de manière préventive ?

La première chose, toujours, c’est l’information : la connaissance générale en France sur la ménopause est faible. Bien sûr, ce n’est pas le rôle de l’entreprise de diffuser de l’information santé auprès de tous les collaborateurs, mais elles font de plus en plus d’efforts (elles multiplient les actions sur l’importance du sport ou de l’alimentation par exemple, car on sait que cela a un rôle sur le bien-être physique et mental). Ensuite, il s’agit de mettre fin aux tabous et à la stigmatisation. Enfin, pour pallier la baisser de productivité, l’absentéisme ou le mal-être, l’entreprise peut essayer de mettre en place des mesures temporaires, pour faciliter la vie. Par exemple, il est possible d’adapter le poste : peut-on alléger temporairement le planning ? Favoriser le télétravail ? Au final, il s’agit de reprendre ce qui est déjà proposé pour les collaborateurs en situation de fragilité.

On peut aussi penser à l’adaptation de l’environnement de travail : si le travail requiert le port d’un uniforme, ce dernier peut-il être en matière naturelle car plus respirante ? Ou l’entreprise peut-elle fournir un deuxième uniforme pour pouvoir en changer facilement ?

C’est aussi s’assurer d’avoir des fontaines à eau disponibles, de distribuer des protections hygiéniques, etc.

Or, tous les symptômes de la ménopause restent méconnus…

Avec la ménopause, viennent des douleurs articulaires ou des symptômes dépressifs. Soit des symptômes physiques, méconnus, mais aussi des symptômes psychologiques. Il est parfois difficile de les identifier et de les lier à la ménopause. D’autres sont même difficiles à traiter médicalement, comme la perte de confiance en soi, les crises d’anxiété, les pertes de mémoire ou la concentration. C’est pourquoi, il est important que l’entreprise accompagne les femmes et la mise en place des actions citées ci-dessus avec beaucoup de bienveillance.

Toujours dans les pays anglo-saxons, se sont tenus les premiers procès de salariées contre leur employeur qui n’avait pas pris en compte leurs particularités par rapport à la ménopause…voire qui en avaient fait un sujet de discrimination.

Cela pourrait-il ouvrir le droit à un congé, au même titre que le congé menstruel ?

C’est le même fil rouge : apporter un peu de santé menstruelle dans l’entreprise. Et sensibiliser chacun à cette différence entre l’homme et la femme, qui mérite un traitement adéquat. Prendre des mesures d’ajustement au travail pour les femmes ménopausées peut avoir de nombreux bienfaits positifs, à commencer par améliorer le bien-être général des femmes et favoriser un environnement de travail plus inclusif.

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Diplômée en lettres modernes, Céline Tridon a suivi une formation en journalisme à l’IPJ. Elle y a confirmé son envie de travailler pour la presse écrite et web, souhait exaucé à travers la collaboration avec différents supports sur les thématiques « entreprise », « monde du travail », « management » et « RSE ». En 2023, elle reprend la rédaction en chef de My Happy Job.

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