Tout collaborateur a déjà été confronté à une situation injuste, pour soi ou pour un collègue. Comment lutter contre ce sentiment ? Et avant tout, de quoi parle-t-on ? L’injustice au travail (d’un point de vue perceptif, en dehors de tout cadre juridique) suit un schéma émotionnel qu’il faut prendre en compte pour essayer de résoudre la situation.

Le sentiment de justice est l’un des fondements du bien-être au travail. Mais quand il fait défaut, comment réagir ? Telle est la question posée lors du webinaire Moodwork, « Injustices au travail : comment faire face à ces situations ? ». Ici, il n’est pas question de rapport aux normes ou aux lois, mais d’une perception de la justice. « C’est un sentiment de compréhension qu’auront les salariés sur les décisions, résume Antoine Courcoux, psychologue du travail chez Moodwork. Cette justice prend alors trois formes : organisationnelle, procédurale et interactionnelle. »

Dans le premier cas, il s’agit de comprendre comment telle ou telle décision a été prise. Cela fait intervenir les notions d’équité, d’égalité et prend en compte les besoins des salariés. Dans le deuxième cas, il est question de la manière ou de la méthodologie selon lesquelles la justice a été appliquée : soit une notion de cohérence. Enfin, dans le troisième cas, l’interaction permet de définir comment on communiquera sur la décision, selon une logique de transparence.

Un contrôle de son environnement

Ainsi, il est trop simple de se conformer aux textes de lois pour échapper au sentiment d’injustice. « Quand on parle de justice, on ajoute un élément moral, mentionne Thierry Nadisic, enseignant-chercheur en comportement organisationnel à EM Lyon business school. Le terme de ‘justice’ renvoie toutefois à quelque chose de différent de la simple satisfaction ou insatisfaction au travail. » En effet, le sentiment d’injustice est généralement très profond, et ce que ce soit au travail, ou dans sa famille, bref dans toute interaction sociale. Selon les experts, ce qui est juste va de pair avec un contrôle de son environnement. « Si le système est injuste, l’incertitude devient plus importante et on se met à scanner tout son environnement, poursuit Thierry Nadisic. Le sentiment d’injustice représente alors un danger. On entre alors dans des logiques de ruminations, de régulations émotionnelles. » Le salarié concerné se retrouve dans une situation où il s’estime inefficace, engendrant ainsi perte de motivation et mal-être au travail. « La justice, c’est une théorie de la motivation par le processus : on essaie d’identifier des mécanismes qui expliquent les comportements, détaille Thierry Nadisic. Elle est complémentaire à la théorie de la motivation par le contenu, où on essaie d’identifier des besoins. »

Vers une vision globale de la situation

Le sentiment de justice produit des comportements favorables de coopération, de confiance… mais ce n’est pas quelque chose de vraiment conscient. C’est lorsque cela ne va plus que le salarié se rendra compte de ce manquement. L’injustice est plus forte que la justice, en termes de réactions émotionnelles. Et que l’on soit concerné ou témoin, comment réagir ? « Quand on est comme ici sur une mécanique qui génère des émotions fortes, il faut intervenir sur la résolution de problème, suggère Antoine Courcoux. Il faut sortir de la pure perception du salarié au profit d’une perception plus objective. » En ce sens, la communication devient essentielle pour aller au-delà de l’acte d’accusation en tant que tel et s’orienter vers une visibilité plus large de la situation. Parfois, le simple fait de reconnaître que le sentiment d’injustice existe, représente déjà un grand pas en avant. Cependant, s’agit-il bien d’une injustice ? « Attention aux biais égocentriques, mentionne Thierry Nadisic. On ressent généralement une injustice dès que quelque chose de défavorable nous arrive. » D’où l’importance de décortiquer ce qu’il s’est passé, tout en veillant à ne pas confondre sentiment d’injustice et sentiment d’insatisfaction.

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Diplômée en lettres modernes, Céline Tridon a suivi une formation en journalisme à l’IPJ. Elle y a confirmé son envie de travailler pour la presse écrite et web, souhait exaucé à travers la collaboration avec différents supports sur les thématiques « entreprise », « monde du travail », « management » et « RSE ». En 2023, elle reprend la rédaction en chef de My Happy Job.

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