Dans les études menées par les psychologues sur les ressorts de la réussite, qu’elle soit professionnelle ou personnelle, deux critères ressortent particulièrement : l’intelligence et la volonté. Si vous pensez que la volonté est un trait de caractère relativement fixe, détrompez-vous ! C’est loin d’être le cas comme le montre Roy Baumeister (un des plus brillants chercheurs en psychologie) dans son livre La force de la volonté.

La volonté s’applique à quatre grandes catégories : contrôler ses pensées, ses émotions, ses impulsions et sa performance. Le problème avec la volonté, c’est qu’elle répond à deux lois :

  • Vous avez une quantité limitée de volonté, qui s’épuise quand vous l’utilisez.
  • Vous utilisez le même stock de volonté pour tout ce que vous faites.

Focalisez votre volonté

Cette seconde loi fait que vous n’avez pas intérêt à avoir des ambitions trop élevées en la matière. Pendant les périodes d’examens, les étudiants appliquent leur volonté à leurs révisions. Du coup, ils arrêtent l’exercice physique, boivent plus et doublent leur consommation de cigarettes : ils n’ont plus assez de volonté pour contrôler leurs comportements de santé. Le pire, c’est qu’ils révisent même moins bien qu’en période normale : comme ils sont stressés en période d’examens, le contrôle de leur stress laisse moins de volonté pour les révisions. Autre exemple, mettez deux groupes dans une pièce face à une assiette de cookies fraîchement sortis du four et une botte de radis. Le groupe qui a le droit de manger les radis (mais pas les cookies) passe ensuite 8 minutes sur un problème de maths, tandis que le groupe qui a mangé les cookies persévère 20 minutes. Ceux qui ont dû résister à l’appel des cookies n’avaient plus assez de volonté en stock pour les maths. Moralité : fixez-vous un seul objectif. Si vous voulez arrêter en même temps l’alcool, la cigarette et perdre du poids, vous courez à l’échec.

Pour avoir de la volonté, il faut manger

Comme la volonté demande des efforts, elle consomme de l’énergie et donc du glucose. Une baisse de glucose dans le sang rend donc plus difficile le contrôle de soi. C’est pourquoi 90% des jeunes délinquants qui se retrouvent en garde à vue ont un taux de glucose inférieur à la normale. Une expérience menée dans les prisons finlandaises a montré qu’un simple test de glucose permet de prédire avec une fiabilité de 80% qui, parmi les détenus, commettra des crimes violents par la suite. Autrement dit, pour maintenir un niveau élevé de volonté, mieux vaut avoir le ventre plein. C’est (en partie) pour cela que les régimes échouent. Faire un régime, c’est ne pas manger quand on a faim, mais pour résister à la tentation, il faut manger…

Ne prenez pas trop de décisions à la suite

Prendre des décisions vient également consommer de la volonté, ce qui fait qu’au bout d’un moment, vous allez manquer de persévérance ou prendre de mauvaises décisions. Sur le premier point, une étude a montré que plus les gens ont passé du temps à faire du shopping (et donc prendre des décisions d’achat), moins ils sont persévérants pour résoudre des problèmes arithmétiques ensuite. Mais il y a plus grave. Une étude israélienne a montré que les juges condamnent avec sursis (et non à la prison ferme) dans 70% des cas en début de journée, mais seulement dans 10% des cas en fin de journée. Lorsque nous sommes fatigués, nous optons pour la solution de facilité, en l’occurrence la moins risquée (pour nous).

Fixez-vous des objectifs

Une autre technique pour maximiser sa volonté est de se fixer des objectifs. Une étude hollandaise a montré que les étudiants qui se fixent des objectifs à long terme (en termes de carrière par exemple) réussissent mieux que ceux qui se fixent des objectifs à plus court terme. Ceux qui ne se fixent pas d’objectifs réussissent évidemment le moins bien. Dans la planification de leur activité, ceux qui font un planning mensuel réussissent mieux que ceux qui font un planning à la journée. La planification est importante pour gérer l’effet Zeigarnik : les tâches non terminées et objectifs non atteints ont tendance à revenir en boucle dans notre tête jusqu’à ce qu’ils soient finis. Cet effet est vrai sauf si vous avez établi une to-do-list ou un plan d’action précis. Par conséquent, objectifs et plan d’actions sont clés pour atteindre des résultats et ne pas épuiser sa volonté à contrôler ses pensées.

Utilisez votre environnement

Comme notre volonté est limitée, nous pouvons utiliser notre environnement pour nous aider à tenir le cap. Par exemple, les personnes qui se pèsent tous les jours parviennent davantage à tenir un régime que celles qui ne se pèsent qu’une fois par semaine. Autre astuce : vous avez plus de chance de tenir vos engagements si vous les avez partagés publiquement avec d’autres (par peur de l’humiliation en cas de renoncement). Une étude a été menée auprès de la population allemande, réputée pour sa grande volonté. Verdict ? Les Allemands passent moins de temps que d’autres nationalités à résister aux tentations. L’explication ? Ils utiliseraient leur volonté pour s’aménager un environnement dans lequel les tentations sont moins nombreuses. Moralité : pour avoir de la volonté, le plus simple est de faire en sorte ne pas avoir besoin de l’exercer….

Christophe Deval est directeur du développement des talents chez KPMG, psychologue clinicien, thérapeute spécialisé en thérapies comportementales et cognitives (TCC) et en thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT), co-auteur de Simplifiez vos relations avec les autres (Intereditions).

Pour ne rater aucune actualité en matière de qualité de vie au travail, inscrivez-vous à la newsletter de My Happy Job.

A lire aussi :
– 5 choses à savoir sur la bienveillance
– La pleine conscience a-t-elle sa place en entreprise ?

Article précédentLe bonheur au travail selon la Génération Z
Article suivant“L’Holacratie permet de libérer le potentiel humain et l’intelligence collective”
Diplômé de l’ESSEC, psychologue clinicien et thérapeute praticien en thérapies comportementales et cognitive, Christophe Deval est spécialisé dans le développement de la flexibilité psychologique et comportementale et l’ACT (Acceptance and Commitment Training). Après 5 ans d’expérience en audit financier, puis 15 ans en ressources humaines, il a quitté KPMG où il était Directeur du Développement des Talents jusqu’en 2018 pour créer la société A.Life, dont la vocation est de développer l’agilité individuelle, relationnelle et collective, et plus généralement les soft skills internes. Il est co-auteur de « Vous avez tout pour réussir », « Simplifiez vos relations avec les autres » et auteur de « Découvrir l’ACT ». LinkedIn

3 Commentaires

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici