– première publication : 20 juin 2023 –

Une petite psychanalyse de l’entreprise. C’est en substance ce que propose Audrey Francke, dans son livre Business Therapy (éditions Gereso). L’ancienne DRH imagine des situations cocasses, pas toujours caricaturales. L’objectif ? Replacer les relations humaines au cœur de l’entreprise.

En quoi votre expérience de DRH vous a permis de rédiger Business Therapy ?

Audrey Francke : L’objectif de ce livre est clairement de parler de ce que j’ai vu en tant qu’ancienne DRH. J’ai passé presque 20 ans à écouter les salariés et je me suis rendu compte que, pour mieux outiller les DRH ou autres dirigeants, il y a des approches différentes, moins conventionnelles, à proposer. Il s’agit d’ouvrir l’entreprise aux sciences humaines. Dans cet ouvrage, il est question de psychologie, mais aussi de philosophie, de sociologie. Le message que je souhaite transmettre : il faut s’intéresser aux personnes que l’on a autour de soi et former les managers pour qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes.

Dirigeants, managers, salariés : tout le monde est concerné par le bien-être au travail ?

Les dirigeants ne le sont parfois pas assez, mais ils ne sont peut-être pas forcément bien accompagnés non plus. Quant aux salariés, ils ont eux-mêmes ont une responsabilité : celle d’essayer de comprendre leur environnement de travail, de s’en préserver et de contribuer à le faire évoluer. En parallèle, dans le cadre de mon parcours, j’ai vu que les travailleurs ont soit une vision partielle, soit une vision faussée ou négative de la fonction RH. Nous sommes souvent perçus comme des personnes qui ne font que de l’administration de personnel. C’est pourquoi, au-delà de la question du bien-être au travail, je parle aussi d’empathie : comment parvient-on à comprendre les collaborateurs avec lesquels on travaille ? Comment arrive-t-on à détecter et à anticiper certaines situations ? Mieux communiquer, mieux penser ou mieux se parler permet qu’il y ait plus d’intelligence collective… et donc davantage de bien-être au travail.

D’où l’importance de l’empathie cognitive ?

La réalité de la vie en entreprise est souvent mal connue, mal comprise voire mal vécue. Comment appréhender cette réalité ? Peut-être en apprenant à connaitre ou à reconnaitre les profils de personnes et les typologies de situations que nous rencontrons tous dans notre quotidien professionnel. L’empathie cognitive, cette capacité intuitive à comprendre les pensées ou à anticiper les pensées des autres, est généralement peu abordée. L’empathie affective est, elle, plus connue : c’est celle qui permet de comprendre les sentiments et les émotions de son interlocuteur. Or, si tous ces sujets étaient davantage pris au sérieux, cela favoriserait le bien-être mais aussi la performance. Car l’humain reste la « matière première » du business.

S’agit-il aussi de prendre du recul par rapport à certaines situations ?

Pour prendre du recul, il faut ‘prendre conscience de’. La plupart des situations que j’évoque dans l’ouvrage ne sont pas si caricaturales : ce que l’on vit existe de façon bien plus large que ce qu’on a pu expérimenter. En permettant à chacun de se reconnaître dans telle ou telle histoire, il est plus facile de se dire ‘je ne suis pas seul’. Ou de convenir que l’on a peut-être mal compris certaines situations. Le bien-être ne repose pas uniquement sur la QVT au sens où on l’entend, sur des mesures, sur des conditions de travail, etc. Il se base aussi sur les relations.

Trop souvent, les entreprises mettent en place des formations ou affichent des valeurs. Mais si elles veulent que leur culture d’entreprise soit en cohérence avec ce qu’elles souhaitent transmettre, il faut travailler sur les pratiques. De la même manière qu’il y a un besoin de travailler sur les pratiques managériales : les salariés disent souvent qu’ils se sentent seuls, mais les managers aussi…

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Diplômée en lettres modernes, Céline Tridon a suivi une formation en journalisme à l’IPJ. Elle y a confirmé son envie de travailler pour la presse écrite et web, souhait exaucé à travers la collaboration avec différents supports sur les thématiques « entreprise », « monde du travail », « management » et « RSE ». En 2023, elle reprend la rédaction en chef de My Happy Job.

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