My Happy Job a interrogé des étudiants pour connaître leur vision des conditions de travail et du bien-être. Très peu s’intéressent à la question. Les plus jeunes en ont une perception très floue. Parmi ceux qui rejoindront bientôt les entreprises, certains sont même prêts à sacrifier leur bien-être, pour remplir leur CV…

Interroger des étudiants sur le bien-être au travail provoque des regards dubitatifs, voire ahuris. Leur définition de la notion est floue voire inexistante. « C’est se sentir bien dans son cadre de travail », essaie timidement Jeanne, 18 ans, en première année de fac de droit. « Avoir de bonnes conditions », complète sa copine de promo, Sarah, 18 ans également. Elle évoque « la restauration, le cadre, l’écologie, les pauses et le salaire » pour préciser ce qu’elle entend par conditions. « Le lieu aussi est important, appuie Jeanne. Et les horaires payés. Cet été, j’ai travaillé comme animatrice, avec le Bafa, auprès d’enfants. Je faisais 9h30 par jour mais n’étais payée que 7h, c’est comme ça dans le secteur. J’ai accetée parce que l’animation me plait, mais plus tard je pense qu’il est important d’être payé pour les heures que l’on fait. » Si Jeanne est en fac de droit, elle pense éviter le métier d’avocat « trop masculin » à son goût, tout comme juriste, où une cousine lui a relaté une mauvaise expérience dans une entreprise où les hommes ne respectaient pas leurs collègues femmes. Elle penche pour le notariat. « La sœur d’une amie est dans une étude avec que des femmes, et ça se passe très bien », assure-t-elle.

« Choisis un métier qui te plaît »

Sarah et Jeanne n’ont jamais entendu parler de conditions de travail à l’université et elles en parlent rarement avec leur parents. « Mon père est CPE et ma mère…je ne sais pas vraiment », avoue Sarah, qui insiste sur la recommandation émise et répétée par ses parents : « Choisir un métier que j’aime

Pour Mathis, 20 ans et Enzo, 19 ans, tous les deux en L2 de Tourisme, le bien-être au travail paraît bien lointain. « Ca me préoccupera quand je travaillerai , j’imaginePeut-être que je regarderai l’état des bureaux », résume Mathis dans un demi-sourire. « Le bien-être c’est surtout l’entente avec ses collègues, coupe son copain. Je ne sais pas encore ce que je veux faire donc c’est difficile de me projeter et d’imaginer les conditions…Mais c’est vrai que c’est important de ne pas penser qu’au travail, et d’avoir une vie en dehors. »

Bien-être… et performance des entreprises

Pour Emma, une étudiante en licence de tourisme de 19 ans, le bien-être est associé à la RSE. « J’en ai déjà entendu parler en cours et je crois que ça se développe, commence-t-elle. C’est une notion importante car quand on se sent bien dans son travail, on a plus envie de faire des efforts et donc on contribue davantage a la performance de l’entreprise. » Pour la jeune femme, ce sont aussi les moments entre collègues, hors travail, qui sont intéressants. Quant à la semaine de 4 jours ? Elle en a « déjà entendu parler. ».

Plusieurs étudiants résument le bien-être au travail à des salles de sieste ou à des baby-foot installés dans les entreprises. Des exemples qu’ils ont vu passer sur les réseaux, Instagram ou TikTok principalement, sans qu’ils n’aient jamais cherché de contenu en rapport.

L’importance du collectif

Pour Lamyae, une étudiante marocaine, inscrite en faculté d’éco-gestion et qui espère travailler dans les ressources humaines, le bien-être passe par le fait de se sentir intégré dans une équipe et d’avoir des bureaux dans lequels on se sent à l’aise. « Le télétravail est un plus », croit savoir Alexandre, étudiant en master 1 en Informatique. Pour lui, le monde du travail est proche. Pourtant, s’il définit le bien-être au travail comme « le fait d’être content d’y aller le matin », il n’est pas sûr de le voir comme un impératif pour son premier poste. « Je regarderai avant tout le salaire, expose l’étudiant qui a envie de rejoindre une grande structure. Dans ce genre d’entreprises il y a des CE, donc je pense que c’est un plus pour le bien-être. Mais je crois surtout qu’une grande entreprise est un plus sur un CV, donc même si je ne m’y sens pas très bien, je suis prêt à sacrifier le bien-être quelques années pour avoir cette ligne, pour faire avancer ma carrière. »

Alors que le nombre de burn-out chez les moins de trente ans est en augmentation, y compris lors d’un premier poste, ne serait-il pas temps d’intégrer dans les cursus des étudiants des notions de bien-être au travail et des explications sur les conditions de travail acceptables, ou non ? Les études préparent les jeunes à un métier, mais pour préserver la santé mentale de ces futurs travailleurs, un apprentissage de l’organisation du monde professionnel et de l’intégration en entreprise peut certainement leur être utile, voire salutaire.

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Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

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