Comment prendre la parole en public ? L’éloquence n’est pas réservée à une poignée de personnes, elle est accessible à tous ! Pour le formateur Stéphane André, auteur de « Une éloquence naturelle », il s’agit de prendre en considération son corps pour mieux élever sa pensée et donc délivrer son message.

En quoi l’éloquence est-elle indispensable dans le monde du travail ?

Stéphane André : Lorsque nous nous exprimons dans le monde du travail, nous le faisons au titre d’un rôle que nous avons dans une organisation. Nous ne parlons plus au titre de notre vie privée, mais au nom d’une fonction qui, en général, nous grandit. D’où la notion, essentielle, d’incarnation. C’est-à-dire que c’est par l’incarnation que nous passons de la personne au personnage. Nous pouvons employer ce terme au sens théâtral, car incarner une fonction, c’est produire quelque chose que l’autre attend, qu’il soit notre manager, notre client ou notre collaborateur. Cela suppose de tenir un rôle, d’incarner aussi la « logique de pensée » associée à la fonction. L’éloquence devient la performance technique d’un orateur dans une organisation.

Comment rendre compte de cette éloquence ? Par le message en lui-même ? Par le corps ?

Dans le mot incarné, il y a la racine « carna ». Soit, vulgairement dit, la chair : c’est l’importance du corps, qui est le grand oublié de la vie publique en général et de la vie dans l’entreprise en particulier. Le physique non seulement aidera à transmettre le propos, mais il contribuera aussi à son incarnation. Quand le corps est en place, nous accédons à l’idée de notre fonction. Agir sur le corps, c’est élever la pensée, pas seulement la transmettre mécaniquement.

Que signifie « agir sur le corps » ?

Cela passe par le fait que la nature nous a équipés pour parler en public. Elle nous demande

de ne pas nous avachir sur une table, d’avoir un regard qui soit centré sur l’interlocuteur ou le public en général et d’avoir une voix qui soit correcte. A partir de ce moment-là, le corps change d’état. « Mens sana in corpore sano » : quand le corps devient sain, c’est-à-dire qu’il y a un regard, un dos et une voix qui se placent correctement, alors la pensée devient saine.

C’est d’ailleurs la technique « RDV » (regard, dos, voix) que vous proposez dans votre ouvrage « Une éloquence naturelle, vers des organisations sans conflit » (éditions Gereso)…

L’être humain est l’être naturellement vertical. Et avec la verticalité, s’est développée la cérébralité. Quand l’homme se redresse, au fil de l’évolution, on arrive au cerveau moderne d’aujourd’hui. C’est pourquoi la verticalité précède la pensée. Et nous ne pouvons l’obtenir qu’à partir du moment où nous regardons le public. Avant d’entrer dans une salle devant ses collaborateurs, tout d’un coup, nous sentons le dos qui se redresse et le regard qui se fixe. La voix est alors prête.

Le corps est ainsi en équilibre par rapport à l’environnement physique. Il est même intégré harmonieusement dans l’environnement intellectuel. C’est un raccourci saisissant peut-être, mais nous ne pouvons pas être adaptés aux situations intellectuellement si nous ne le sommes pas physiquement.

Cela signifie que chacun peut être un orateur. En fait, c’est quelque chose de très accessible ?

Ces outils, n’importe quel d’entre nous en dispose. N’importe quel d’entre nous a un œil, a un dos d’être humain, et n’importe quel d’entre nous est capable de travailler sa voix.

Malheureusement, beaucoup n’osent pas prendre la parole parce qu’ils considèrent qu’ils n’ont pas les épaules pour ça. Or, en réapprenant, en travaillant l’exercice du corps, nous obtenons la liberté et la créativité de penser pour convaincre. Il n’est pas plus difficile d’être un bon orateur que d’être un bon joueur de tennis, un bon boxeur ou un bon footballeur. Ça se travaille.

Prenons le regard, par exemple : il faut techniciser le regard. Dans quelle intention vais-je regarder le public ? Au lieu d’avoir peur du regard de l’autre sur moi et de me sentir toujours victime, je dois décider de la manière dont moi, je regarderai l’autre. Et c’est ça qui redressera ma posture.

Cette démarche permet de progresser, mais pas uniquement quand il s’agit de prendre la parole. On peut aussi l’adopter à tout moment de la vie professionnelle et dans d’autres cas de figure.

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Diplômée en lettres modernes, Céline Tridon a suivi une formation en journalisme à l’IPJ. Elle y a confirmé son envie de travailler pour la presse écrite et web, souhait exaucé à travers la collaboration avec différents supports sur les thématiques « entreprise », « monde du travail », « management » et « RSE ». En 2023, elle reprend la rédaction en chef de My Happy Job.

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