Stress, peurs, moral en berne, manque d’envie et d’entrain (A quoi bon ?!)… Depuis le 24 février et l’invasion de l’Ukraine par la Russie, il est difficile pour bon nombre d’entre nous de ne pas céder à l’actualité en continu et de faire le vide dans sa tête pour se concentrer et travailler efficacement. Voici 7 conseils pour y parvenir.

Invasion, bombardements, guerre… Ces mots, omniprésents dans les conversations depuis deux semaines suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février, résonnent en boucle dans les journaux, sur les réseaux sociaux, à la radio, à la télévision, et dans nos têtes. Des mots et des images peu compatibles avec un état de concentration propice à un travail serein, et qui s’ajoutent à ceux de la crise sanitaire qui laissait entrevoir, pourtant, un répit avec la fin de quelques restrictions.

“Cette irruption brutale de la guerre, dans la vie des Français, est d’autant plus terrible qu’elle vient rouvrir leurs blessures pas encore cicatrisées, du Covid, analyse la psychanalyste Claude Halmos dans “C’est dans ma tête” sur France Info. Parce qu’elle les confronte aux mêmes difficultés psychologiques : à la sidération (la guerre, jusque-là, c’était du passé, ou très loin de l’Europe), au risque de mort (la menace nucléaire, terrifiante), et à un sentiment de totale incertitude, et de totale impuissance.”

Un sentiment d’absurdité

“Ce n’est pas la première fois que nous sommes nombreux·ses à éprouver ce sentiment étrange d’un décalage croissant entre la banalité du travail de la « vie normale » et l’ampleur inédite des menaces qui pèsent sur elle, confirme Laetitia Vitaud dans un article paru sur Welcome to the Jungle. Les débuts de la pandémie ont représenté un grand moment de décalage… jusqu’à l’arrêt brutal de cette vie normale avec le premier confinement, dont on n’a d’abord su parler qu’en des termes militaires (vous entendez encore résonner le « Nous sommes en guerre »). Aujourd’hui, c’est bien dans le registre militaire que cela se passe. Quand Poutine a attaqué l’Ukraine, il a replongé le monde dans un moment d’angoisse collective tel que l’ont connu nos parents et grand-parents à certains moments de la guerre froide.”

Comment faire alors pour limiter l’anxiété ou la dispersion créées par l’actualité ? Plusieurs spécialistes délivrent leurs conseils.

1° Accepter ses émotions

Peur de vivre la guerre soi-même, envie d’aider sans savoir comment, rumeurs, difficultés à réaliser… Les sentiments et émotions crées par la situation sont multiples, personnels… et différents chaque jour. Première idée rassurante : « il est normal d’avoir peur » rappelle la psychiatre Christine Barois, invitée de l’émission Grand bien vous fasse sur France Inter. Il est donc inutile de rajouter de la culpabilité à la peur.

Selon un sondage mené fin février par l’institut Ipsos pour Le Monde, La Fondation Jean-Jaurès et Sciences Po, l’invasion de l’Ukraine par la Russie inquiète ainsi 90 % des Français. Parmi eux, 43 % se disent même « très inquiets ». Il ne s’agit ni de laisser nos peurs nous empêcher de vivre ni d’essayer des les chasser comme un mauvais rêve.

2° S’informer avec modération

Suivre les chaines en continu, les éditions spéciales ou les live des journaux est très anxiogène. On espère se rassurer, mais les mauvaises nouvelles se succèdent, avec peu d’espoir d’une amélioration rapide de la situation des victimes et réfugiés de la guerre en Ukraine. S’il est important de s’informer, pour le docteur Christophe Bagot, psychiatre à Paris interrogé par La Dépêche, mieux vaut « chercher à s’informer par des sources sûres afin d’obtenir une mise en perspective sur la situation » et éviter « l’addiction » créée par les sources d’informations en continu. Essayez également de vous préserver par des moments de déconnexion.

3° S’apaiser par des temps de pause

Pour garder un peu de calme, on peut alterner les moments de travail, d’information, de respiration, et plus largement de détente. Les pauses, comme dans toutes situations de stress, aident à se régénérer et à réduire le niveau de stress. La bonne idée : bougez ! L’activité physique est aussi efficace contre la dépression que les antidépresseurs. Prenez 15 minutes minimum par jour pour faire des exercices, des étirements ou encore du yoga.

Des pauses et de temps de ressourcement en solo… ou pas ! “Les relations sont un excellent moyen de garder le moral (enfin ça dépend quand même avec qui), explique Christophe Deval, psychologue clinicien et thérapeute praticien en thérapies comportementales et cognitive. Nous sommes le singe social, donc faites feu de tout bois pour garder le contact avec les personnes qui vous sont chères.”

4° Garder un cap

Pour parvenir à travailler, malgré tout (et à jouer avec ses enfants, à parler d’autre chose au déjeuner…), il est important de faire le tri dans ce que l’on ressent. Rien de pire que les anticipations anxiogènes. Le psychiatre Serge Tisseron, interrogée dans l’émission Grand bien vous fasse de France Inter suggère « de fixer un cap », une limite. Et d’imaginer que cette guerre peut aussi être l’occasion de transformer en profondeur la société.

« Devant la détresse, on va organiser des chaînes d’entraide. Comme nous voudrons être indépendants de la Russie, on va certainement devoir développer la pratique vertueuse comme le covoiturage… », croit-il. Des idées qui peuvent permettre de positiver et de penser à un futur plutôt qu’au seul stress.

5° S’occuper l’esprit

Dossier en cours, appels de clients, factures à éditer… Tout ne peut pas être mis sur pause à cause de l’actualité géopolitique mondiale. Il faut évidemment reprendre ses activités quotidienne. Cela peut être salutaire de choisir justement des dossiers un peu complexes, qui demandent de se concentrer et de couper court à toutes sollicitations extérieures.

“Lorsque nous ne sommes pas occupés, notre cerveau passe en mode par défaut, précise Christophe Deval. L’inconvénient de ce mode, c’est qu’il est tourné sur soi et le plus souvent sur la rumination du passé ou l’anticipation anxieuse de l’avenir. Donc vous avez tout intérêt à occuper votre cerveau. Pas juste pour le distraire mais avec des activités dont on sait qu’elles augmentent la vitalité : des activités fun ou qui ont du sens, qui sont en lien avec vos valeurs. A défaut, vous occuper sera de toute façon toujours mieux que de laisser votre tête vous plomber le moral.”

6° Se faire aider

Pour les personnes déjà fragiles psychologiquement, très anxieuses ou insomniaques, si les informations liées à la guerre en Ukraine deviennent ingérables seulES, il ne faut pas hésiter à en parler à son médecin traitant ou à consulter un psychologue ou un psychiatre.

7° Etre dans l’action

Comme le dit si bien Claude Halmos : “Aider les autres, il faut le répéter, c’est aussi s’aider soi-même, en luttant contre le sentiment d’impuissance.” L’outil du cercle d’influence peut alors vous être utile : sur quoi pouvez-vous agir à votre niveau ? A l’inverse, qu’est-ce qui ne dépend pas de vous ? Renseignez-vous à l’échelle de votre ville, de votre département ou encore de votre région sur les initiatives déjà mises en place. Elles sont de plus en plus nombreuses.

Camille Cocaud WeUkraine

À 33 ans, Camille Cocaud, professionnelle du digital, a par exemple décidé de mettre ses compétences au service du peuple ukrainien. Elle a créé WeUkraine, une plateforme qui liste toutes les initiatives citoyennes et humanitaires à destination du pays en guerre. Elle a depuis été rejointe par des centaines de volontaires, notamment via LinkedIn. D’autres initiatives ont été prises par des entreprises comme Microdon et Swile pour permettre à chacun de faire des dons à des associations.

Pour ne rater aucune actualité en matière de qualité de vie au travail, inscrivez-vous à la newsletter de My Happy Job, parcourez nos hors-séries thématiques  et découvrez notre annuaire du bien-être au travail.

A lire aussi :
Les 7 clés d’une motivation forte et pérenne
“Ne mettez plus vos émotions sous le tapis, essayez plutôt de comprendre ce qu’elles veulent vous dire”
Leurs astuces anti-blues du dimanche soir

 

Article précédent5 bonnes raisons de voir le documentaire “Why do we even work ?”
Article suivantLa Communication Non Violente (CNV), votre alliée pour des journées de travail apaisées
Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici