Cette semaine a lieu la 25e édition Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes Handicapées (SEEPH). Saviez-vous qu’il existe un Manifeste dédié à l’inclusion ? Il comporte 10 axes de réflexion et d’action. De quoi changer les regards sur le handicap dans le monde du travail.

Rendez-vous désormais incontournable, la SEEPH a pour mission de faire se rencontrer employeurs privés et publics, politiques, société civile et travailleurs en situation de handicap pour faciliter leur insertion professionnelle. C’est également l’occasion de changer de regard sur le handicap car des clichés demeurent encore : contrairement aux idées reçues, seuls 3% des handicaps sont à mobilité réduite et 80% sont invisibles. 85% sont acquis au cours de la vie et 1 personne sur 2 sera confrontée au handicap dans sa vie.

Dans le monde professionnel, les chiffres liés au sujet interpellent toujours avec un taux de chômage 2 fois supérieur à la moyenne nationale (14% vs 8% en 2020). La campagne de l’édition 2021 nous interroge : « Talentueuses, investies, motivées, appliquées, dynamiques, capables… les personnes en situation de handicap NE le sont PAS 2 FOIS MOINS que le reste de la population. Alors, pourquoi sont-elles 2 FOIS PLUS au chômage que la moyenne des Français ? »

A l’occasion de ce temps-fort consacré au handicap, nous avons échangé avec Julie Feniger, déléguée générale du Manifeste Inclusion, association partenaire de l’événement.

Cela fait maintenant plusieurs années que vous êtes engagée dans le domaine du handicap. Quelle évolution avez-vous pu constater sur le terrain ?
Julie Feniger.
La loi de 2005 avec l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés a mis le sujet du handicap sur le devant de la scène. D’abord contraintes d’agir pour des questions financières, les entreprises se sont progressivement emparées du sujet. Depuis une dizaine d’années, on sent que les choses bougent, les entreprises ont pris conscience de l’importance de la diversité et de son impact, en termes de productivité, d’innovation et de cohésion notamment. Sans parler du sens au travail, que de plus en plus de personnes recherchent !

Comment est né le Manifeste Inclusion ?
J.F.
Tout est parti d’une initiative de Sophie Cluzel, Secrétaire d’Etat auprès du Premier ministre, en charge des personnes handicapées, qui souhaitait mobiliser davantage les dirigeants d’entreprises en faveur de l’emploi des personnes en situation de handicap. Elle a alors demandé à Christian Sanchez, conseiller social de LVMH, et Jean-Pierre Letartre, président de Entreprises et Cité et ancien président d’EY, de réfléchir au sujet avec son cabinet.

Ensemble, ils ont rédigé le Manifeste Inclusion et identifié 10 axes pour favoriser l’emploi des personnes en situation de handicap tout au long de leur vie : formation, intégration et maintien dans l’emploi en milieu ordinaire, sans oublier le secteur adapté et protégé avec lequel il est important de développer des partenariats. Ce sont autant d’axes de réflexion et d’actions pour aider les entreprises à structurer et mettre en place une politique handicap.

L’équipe est ensuite allée à la rencontre des chefs d’entreprises pour leur présenter ce Manifeste Inclusion ?
J.F.
Exactement ! Christian Sanchez et Jean-Pierre Letartre ont alors sorti leurs agendas et contacté tous les présidents d’entreprises qu’ils connaissaient, pour leur présenter le Manifeste et les engager personnellement à agir au sein de leurs organisations. Une fois le dirigeant d’entreprise sensibilisé, de nombreux freins se débloquent, des actions peuvent être mises en place au sein des entreprises. Cette prise de conscience facilite grandement le travail des missions handicap qui se sentent parfois un peu isolées, et au final, cela contribue à l’emploi des personnes en situation de handicap.

Comment les chefs d’entreprises ont réagi à cet appel et reçu le Manifeste ?
J.F. Les retours ont été très positifs : de nombreux dirigeants ont répondu favorablement à l’appel, certains ont parlé du Manifeste autour d’eux et cela a fait boule de neige : d’autres nous ont contacté spontanément pour en apprendre plus à son sujet. En novembre 2019, 130 dirigeants se sont retrouvés pour signer le Manifeste Inclusion et s’engager personnellement à agir. La photo de cette rencontre a officiellement lancé le Manifeste Inclusion dans la vie économique.

A la suite de cette photo, le Manifeste Inclusion s’est structuré en association…
J.F. Oui, ça a été une nouvelle étape de la vie du Manifeste. Cela nous a permis de poursuivre sur cette dynamique inclusive et de répondre aux demandes des signataires, qui souhaitaient être accompagnés dans leur démarche et pouvoir partager entre pairs des expériences, bonnes pratiques et des outils concrets et pragmatiques. Le Manifeste Inclusion se veut être la passerelle entre tous les acteurs mobilisés sur le sujet. Ensemble, nous voulons contribuer au changement de notre société par l’emploi, en incluant les différences de chacun pour faire de cette diversité une véritable force. C’est un défi quotidien passionnant !

Pouvez-vous nous partager quelques bonnes pratiques en matière d’inclusion ? Des initiatives portées par vos adhérents vous ont-elles plus particulièrement marquée ?
J.F. L’année dernière, nous avons lancé les Trophées de l’Entreprise Inclusive à l’occasion de l’Inclusiv’Day. Pour la 1e édition, nous avons reçu près de 70 dossiers et constaté avec plaisir que les entreprises sont de plus en plus nombreuses à s’impliquer en faveur de l’emploi des personnes en situation de handicap, à travers des initiatives très innovantes.

Le choix n’a pas été facile, mais je pourrai vous citer les 5 lauréats :

  • Pour favoriser l’inclusion des jeunes, MICROSOFT a créé l’Ecole Intelligence Atypique, qui propose aux personnes atteintes de troubles du spectre autistique une formation en alternance suivie d’une année d’apprentissages au sein de grandes entreprises.
  • En matière de recrutement, RECYCLEA expérimente depuis 2018 les CDD Tremplin pour développer une nouvelle activité « help desk » destinée au procurement.
  • VINCI a mis en place un dispositif appelé Trajeo’h qui mobilise toute l’entreprise au service de l’emploi et de l’employabilité durable des personnes en situation de handicap.
  • Pour répondre à la demande de clients, STEF a créé une nouvelle unité de conditionnement et confié sa gestion à une entreprise adaptée, rachetée et intégrée au sein du groupe.
  • CAPGEMINI a quant à lui développé un cycle de formation en alternance Heducap qui a permis la formation diplômante et l’intégration dans l’emploi de 10 promotions d’alternants avec un taux de 85% de recrutements pérennisés.

Vous pourrez découvrir leurs initiatives plus en détails sur notre nouveau site internet, au côté de celles des autres candidats. Nous avons créé une bibliothèque de bonnes pratiques inclusives, que nous enrichirons au fil du temps. Nous espérons par ce biais inspirer de nouvelles entreprises, qui pourront à leur tour expérimenter certaines actions au sein de leurs équipes. Car il est temps d’inclure les différences de chacun dans le monde économique et d’oser l’inclusion !

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Après avoir travaillé 5 ans pour une association œuvrant pour la QVT, Aurélie Viet s’est lancée dans l’aventure de l’entrepreneuriat, en tant que conseil en communication. Engagée, elle s’intéresse tout particulièrement aux projets porteurs de sens et d’humain : bien-être, QVT, handicap, social, environnement…

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