Trier le papier et ramener son mug pour le thé, c’est le B.A.BA de la conscience écolo au boulot. Aujourd’hui, de plus en plus d’entreprises vont plus loin. Pour la planète et pour répondre à la demande de leurs salariés.

Les gobelets en plastique, éteindre la lumière en sortant d’une pièce, ne pas laisser d’ordinateur en veille… A la maison, jamais ! Au boulot…  Ce sont des gestes simples, connus de tous, mais qui ne sont pas toujours appliqués en entreprise. La dichotomie aurait désormais tendance à s’annuler : les salariés veulent travailler dans des entreprises vertueuses. Pour Marc Jacouton, expert RSE en PME et ETI, « la phase des pionniers convaincus est terminée, les entreprises ont aujourd’hui majoritairement conscience de l’enjeu qui est avant tout un sujet de performance économique et de sens pour les collaborateurs ».

Elles sont ainsi de plus en plus nombreuses à prendre des initiatives, comme l’a montré l’« Exposition Universelle des solutions pour la Planète » au Grand Palais début 2020. Le ChangeNOW summit est une initiative créée en 2017 par Santiago Lefebvre, Rose-May Lucotte et Kevin Tayebaly. Convaincus que les entreprises peuvent être de « formidables leviers d’innovation pour répondre aux urgences environnementales et sociales », ils rassemblent chaque année le meilleur des solutions positives venues du monde entier.

Au niveau un, on retrouve bien sûr, les entreprises qui ont mis en place des bacs de recyclage pour les papiers, gobelets, voire les déchets verts de la cantine… Beaucoup offrent aujourd’hui un mug ou  une gourde comme goodies d’entreprise histoire d’encourager les collaborateurs à limiter leur utilisation de plastique à la machine à café. C’est désormais du déjà vu.

Au niveau deux, et cela devient plus intéressant, des sociétés réfléchissent  à leurs pratiques tout au long de l’année. Ainsi, pendant les fêtes elles ont été nombreuses à opter pour un cadeau « durable ». Panier gourmand de produits locaux, bon cadeau chez un partenaire culturel de la ville, ou made in France, le tout offert autours des décorations de l’année précédente réutilisées. Les bouteilles d’eau distribuées lors des congrès ou réunions commencent à disparaître. Certaines entreprises encouragent aussi leurs collaborateurs à adopter une police d’impression moins gourmande en encre, mais tout aussi lisible, comme EcoFont ou Century Gothic qui permettraient de réduire l’utilisation d’encre de 30% par rapport à une Arial classique. Efficace et facile !

Au niveau trois, et pour aller plus loin que les éco-gestes quotidiens, des entreprises choisissent de mettre en place des actions pour compenser leur bilan carbone. La loi ENE (Engagement National pour l’Environnement) de 2010, dite « loi Grenelle 2 », oblige en effet les organisations à réaliser un bilan d’émissions de gaz à effet de serre ou BEGES. Elle concerne les entreprises de plus de 500 salariés en métropole et de plus de 250 salariés en outre-mer. Pour alléger ce bilan, certaines achètent des crédits carbone, d’autres plantent des arbres, ou financent des chèques énergie pour des familles vulnérables. Depuis 2016, le groupe Adeo (Leroy Merlin, Weldom, Bricocenter) plante par exemple un arbre par collaborateur. Soit près de 10 000 arbres, rien que pour 2016, plantés aux Asturies !

Au niveau quatre, certaines sociétés changent leurs modes de déplacement. Encourager la pratique du vélo comme le fait par exemple Ze truc à Troyes en offrant une indemnité à ses collaborateurs cyclistes, ou passer sa flotte à l’électrique… mais surtout, limiter l’avion.

Alors que, selon l’Insee, 40% des vols intérieurs en France concernent des déplacements professionnels, les entreprises seraient touchées par le Flight shaming, ou la honte de prendre l’avion venue de Suède. Car, l’avion ressort en tête des classements des modes de transport les plus polluants. Sur un Paris-Marseille par exemple, les émissions carbone seraient 45 fois plus importantes en avion qu’en TGV ! Pour une différence de temps de trajet minime ! Alors, Accenture, la Banque de France, ou encore La Caisse des dépôts ont changé leur pratique. Pour des trajets inférieurs à 3h ou 3h30 les collaborateurs sont priés de prendre le train.

Au niveau cinq, les changements concernent l’activité de l’entreprise en elle-même et touchent tous les services. Cela nourrit la raison d’être de l’entreprise, mais aussi la quête de sens des collaborateurs. « Au-delà de la réglementation qui oblige les plus grosses sociétés à une politique RSE, les PME et ETI ont une conscience écologique nouvelle : en plus des éco-gestes, elles réfléchissent à leur consommation d’énergie, au recyclage de leurs déchets et je crois que le sujet des dix prochaines années sera l’économie circulaire ou comment des déchets peuvent devenir des ressources nouvelles », analyse Marc Jacouton. « Dans la filière textile je vois des entreprises qui travaillent à proposer des vêtements issus d’ancien polyester, dans l’agroalimentaire d’autres trouvent des alternatives françaises au soja brésilien : l’éco-conception des produits est un vrai sujet avec un enjeu : que le consommateur, qui est aussi le collaborateur des entreprises, accepte de payer le prix, car les industriels ne compenseront pas seul la différence. »

Le saviez-vous ? Selon la Transition Pathway Initiative, 107 des 308 grandes entreprises des secteurs les plus intensifs en carbone lient désormais les rémunérations de leurs dirigeants à la performance climatique, parfois sous la pression des actionnaires, rapporte Novethic.

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Titulaire d’un master de journaliste au Celsa (Paris), Lucie Tanneau est journaliste indépendante, sillonnant la France, et plus particulièrement l’Est de la France au gré des thèmes de ses articles. Elle collabore à de nombreux titres, de Liaisons sociales magazine, La Vie, et Okapi, en passant par Grand Est, l’Est éclair, Village, et Foot d’Elles.

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