Ma dernière chronique sur l’empathie a entraîné des réactions que j’ai régulièrement sur ce sujet, à savoir que l’empathie n’est pas toujours une bonne chose et qu’on peut y laisser des plumes. Autrement dit, certaines personnes me disent : « Je n’ai pas besoin de développer mon empathie. Au contraire, j’en ai trop ! ». Alors est-ce qu’un excès d’empathie peut devenir un problème ? La réponse est non. Ce n’est pas l’excès d’empathie qui est le problème, c’est le manque d’autres choses…

Prenons le cas des manipulateurs. Il utilisent votre empathie pour la détourner à leur profit, ce qui fait qu’elle peut se retourner contre vous. Dans ce cas, vous avez besoin de vos capacités d’observation pour voir le manège qui est en train de se jouer. Une fois que vous avez repéré que vous avez affaire à un manipulateur, vous avez néanmoins toujours intérêt à utiliser votre empathie mentale (une des trois composantes de l’empathie) pour comprendre ce que l’autre est en train d’essayer de faire et ce qui se cache derrière ses actions. Sans cette forme d’empathie, vous n’allez pas pouvoir repérer son intention réelle et vous allez continuer à vous faire avoir.

Il est également possible de s’épuiser à ressentir la peine des autres. C’est la composante émotionnelle de l’empathie. Les études auprès de personnels soignants montrent qu’une empathie émotionnelle élevée entraîne un risque de burn-out plus important. A une exception près : lorsque le niveau de compassion est également élevé, auquel cas le risque n’est pas plus élevé que la moyenne. L’empathie émotionnelle est passive (on est contaminé par les émotions de l’autre) tandis que la compassion est active (on se redonne une part de contrôle en cherchant à soulager la souffrance de l’autre).

Mais alors, est-ce qu’on ne risque pas de s’épuiser à aider tout le temps tout le monde ? La réponse est oui. Mais là encore, ce n’est pas l’excès d’empathie est qui est le problème, c’est le manque de souci de soi. Sur la polarité entre tourné vers soi et tourné vers les autres, nous allons naturellement d’un côté ou de l’autre. Si c’est vers soi, nous avons intérêt à développer les trois composantes de l’empathie tandis que si c’est vers les autres, c’est le souci de soi que nous avons besoin de développer. Pour cela, essayez de clarifier vos limites et définissez votre intention : jusqu’où êtes-vous prêt à aller, de quoi avez-vous besoin pour préserver votre bien-être ? Vos capacités d’observation vous permettront également de repérer que parfois venir en aide ressemble à un puits sans fond et que plus vous donnez, plus on vous en demande.

Au final, l’empathie est une compétence et elle n’est donc jamais un problème en soi. Elle le devient quand elle n’est pas équilibrée par d’autres compétences, comme les capacités d’observation et le souci de soi. Il ne s’agit donc pas d’enlever mais d’ajouter.

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Diplômé de l’ESSEC, psychologue clinicien et thérapeute praticien en thérapies comportementales et cognitive, Christophe Deval est spécialisé dans le développement de la flexibilité psychologique et comportementale et l’ACT (Acceptance and Commitment Training). Après 5 ans d’expérience en audit financier, puis 15 ans en ressources humaines, il a quitté KPMG où il était Directeur du Développement des Talents jusqu’en 2018 pour créer la société A.Life, dont la vocation est de développer l’agilité individuelle, relationnelle et collective, et plus généralement les soft skills internes. Il est co-auteur de « Vous avez tout pour réussir », « Simplifiez vos relations avec les autres » et auteur de « Découvrir l’ACT ». LinkedIn

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