Encore trop valorisé en France, le présentéisme revêt de multiples facettes. Quels en sont les impacts individuels et collectifs ? Comment en finir avec ce fléau silencieux ? Découvrez l’éclairage et les conseils de Pascale Breton, directrice du pôle santé et qualité de vie au travail de Prévia.

Quelle définition peut-on donner du présentéisme ?

Le présentéisme revêt de nombreuses facettes. On peut s’accorder sur le fait que quelqu’un qui fait du présentéisme est présent au travail sans en avoir toutes les capacités physiques, psychologiques ou d’engagement et de motivation. Tout dépend du contexte. Il existe de multiples profils de personnes faisant du présentéisme au travail : celles qui vont au bureau même si elles sont malades ; les gens qui restent tard parce que cela ne fait pas de partir avant 18h dans l’entreprise, voire que cela fait bien de partir tard même si on a fini son travail ; certains ne s’arrêtent jamais de travailler ; d’autres sont là mais font autre chose que de travailler… Le présentéisme existe dans d’autres pays mais c’est une pratique valorisée en France. A l’inverse, ce phénomène est très mal vu dans les pays scandinaves, notamment en Suède.

Quelles sont les conséquences du présentéisme ?

Elles sont plus floues par rapport aux impacts de l’absentéisme. Les coûts sont plus difficiles à évaluer objectivement (on ne peut pas compter les jours d’absence). La baisse de la productivité est une conséquence importante pour les présentéistes désengagés : attention, cet état d’esprit est souvent contagieux.

Le télétravail n’a pas enrayé le présentéisme…

Pas du tout ! Une entreprise qui valorise la présence va se retrouver avec des personnes en télétravail qui sont connectées jusqu’à 22h, qui répondent aux messages sur Slack à n’importe quelle heure. Le télétravail n’a pas du tout enrayé le phénomène, au contraire !

Quelles solutions pour réduire le présentéisme ?

Il faut d’abord repérer les signaux pour agir efficacement : cela peut être la baisse de la productivité, l’envoi de mails ou de messages en dehors des heures de travail, le travail pendant les congés, des salariés malades qui viennent au bureau quand même, des retards fréquents dans les deadlines, des salariés qui laissent leurs affaires en permanence sur leur poste même s’ils ne sont pas là, des personnes connectées en permanence… Il faut ensuite s’interroger sur l’organisation du travail qui pourrait inciter certains à agir ainsi, mais aussi sur la qualité de l’expérience collaborateur proposée, sur l’engagement, sur la glorification de la quantité (heures, travail, mails), sur le management par la confiance et par les objectifs (plutôt que par le contrôle), sur les vertus de la semaine de 4 jours

Quels rôles pour les managers ?

Les managers ont un rôle clé auprès des équipes, mais eux aussi peuvent faire du présentéisme, et peuvent être influencés par la culture de l’entreprise, par la direction. L’idéal est de vraiment dévaloriser le présentéisme à tous les étages de l’entreprise, de favoriser le travail en binôme et la transversalité pour aider ceux qui se pensent indispensables à lâcher prise. Autre dimension clé : éviter le bore out en remettant du sens au travail, savoir à qui et à quoi on est utile. Beaucoup de salariés ont perdu le sens de leurs missions et les managers peuvent les aider à redynamiser le quotidien, à les faire sortir de leurs routines.

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Diplômée de Sciences-Po Paris, Fabienne Broucaret a fondé My Happy Job en 2016. Elle en a été la rédactrice en chef jusque fin 2022. Conférencière et journaliste, elle a écrit "Mon Cahier Happy at Work" (Solar) et "Télétravail" (Vuibert). Elle a aussi co-écrit “2h chrono pour déconnecter (et se retrouver)” avec Virginie Boutin (Dunod). Passionnée par les questions de mixité, elle est enfin l’auteure des livres "Le sport, dernier bastion du sexisme ?" et "A vos baskets toutes ! Tour de France du sport au féminin" (Michalon).

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